Hyponatrémie

Chapitre 9 Hyponatrémie





Définies par une concentration du sodium plasmatique inférieure à 136 mmol/L, les hyponatrémies figurent parmi les anomalies hydroélectrolytiques les plus fréquentes, tant en milieu hospitalier qu’en pratique de ville. Elles sont en règle le témoin d’une hypotonicité plasmatique, expression biologique d’une hyperhydratation intracellulaire et conséquence d’un bilan hydrique positif. Il convient d’opposer les hyponatrémies aiguës, constituées en moins de quarante-huit heures, aux hyponatrémies chroniques, d’installation progressive. Les premières sont rares mais redoutables car parfois responsables d’un œdème cérébral et d’une hypertension intracrânienne ; nombre d’entre elle sont iatrogènes et résultent d’apports hydriques ou de perfusions prescrits en méconnaissance d’un trouble de dilution de l’urine sous-jacent ; leur correction est urgente car il existe un risque vital ou de séquelles neurologiques graves. Les secondes sont beaucoup plus fréquentes ; elles compliquent ou révèlent des situations pathologiques très variées dont l’identification précise conditionne la nature du traitement symptomatique ; ici, l’urgence n’est pas de mise, bien au contraire, car leur correction rapide ou excessive expose à une complication neurologique retardée sévère : le syndrome de myélinolyse osmotique centropontine.



PHYSIOPATHOLOGIE



inline Natrémie et tonicité plasmatique


La tonicité plasmatique, ou osmolalité plasmatique efficace est déterminée par les seules particules vis-à-vis desquelles la membrane cellulaire est imperméable : sels de sodium majoritairement, et glucose. Contrairement à l’osmolalité plasmatique totale, elle n’est pas directement mesurable, mais on peut en approcher sa valeur : Posm (en mosm/kgH2O) = 2Na + glycémie (en mmol/L) ou Posm (en mosm/kgH2O) = osmolalité plasmatique totale mesurée – urée (en mmol/L), soit normalement 285 ± 5 mosm/kgH2O. Toute variation de la tonicité plasmatique détermine instantanément un transfert d’eau transmembranaire qui rétablit l’équilibre osmotique entre secteurs extracellulaire et intracellulaire.


Ainsi, une hyponatrémie est presque toujours le témoin d’une hypotonicité plasmatique et l’expression biologique d’une hyperhydratation intracellulaire. Deux exceptions :






inline Physiopathologie des hyponatrémies hypotoniques


C’est « une histoire d’eau qui ne manque pas toujours de sel ».


La natrémie est une concentration, soit le rapport d’une quantité de sodium sur un volume liquidien dans un échantillon de plasma. Les valeurs respectives du numérateur ou du dénominateur ne peuvent en être déduites. Il faut donc se garder de confondre « hyponatrémie » et « manque de sel » au risque de contresens thérapeutique. En réalité, une hyponatrémie est compatible avec un capital sodé normal, diminué ou augmenté, et peut donc survenir respectivement dans un contexte de volume extracellulaire normal, de déshydratation ou d’hyperhydratation extracellulaire.


Quel que soit le capital sodé, une hyponatrémie avec hypotonicité plasmatique est par contre toujours la conséquence d’un bilan hydrique positif.


La capacité rénale normale d’élimination de l’eau est très grande : en l’absence d’hormone antidiurétique, le rein élabore une urine diluée dont l’osmolalité peut s’abaisser jusqu’à 50 mosm/kgH2O. Dans les conditions alimentaires habituelles (apport de 600 à 800 milliosmoles par jour), 12 à 15 litres peuvent ainsi être éliminés. Il est donc exceptionnel qu’une hyponatrémie soit la conséquence d’une augmentation isolée des apports hydriques. En règle générale, l’hyponatrémie s’installe chez un patient dont les apports hydriques ne sont pas restreints alors que la capacité rénale d’élimination de l’eau est compromise. Ce peut être le fait d’une réduction majeure du débit de filtration glomérulaire. Beaucoup plus souvent, c’est en raison d’un trouble de dilution de l’urine lui-même déterminé par la présence anormale d’hormone antidiurétique dans la circulation. La persistance d’une sécrétion d’hormone antidiurétique en dépit d’une hypotonicité plasmatique se rencontre en pratique dans trois situations (Encadré 2) :





May 26, 2020 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on Hyponatrémie

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