38. Hypertension artérielle
Hypertension artérielleUne alimentation adaptée en cas d’hypertension artérielle améliore les chiffres tensionnels de manière significative, comme de nombreuses études l’ont démontré.
Les conseils nutritionnels vont au-delà d’un simple régime hyposodé qui n’a d’impact que sur environ 30 % des hypertendus. L’alimentation à préconiser doit être normocalorique, bien choisie et riche en potassium, en calcium, également en magnésium comme proposé dans le régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension). Ces recommandations définies pour les HTA isolées peuvent être étendues aux patients porteurs d’un syndrome métabolique. Dans ce chapitre, nous reprenons les recommandations du régime DASH en les adaptant pour les rendre utilisable par le public européen. Il s’apparente in fine au régime méditerranéen.
Ordonnance alimentaire
Professionnel de santé…Le…
M., Mme…
Quelques orientations nutritionnelles permettront de mieux contrôler votre hypertension artérielle.
Avoir une alimentation réduite en sel :
• Éviter l’ajout de sel : pas de salière sur la table, et peu de sel en cuisinant.
• Éviter les produits les plus riches en sel : viandes et poissons fumés, charcuteries, chips, conserves, biscuits apéritifs, pain, …
• Choisir les aliments les moins salés et notamment fruits et légumes.
• Bien lire les étiquettes alimentaires en regardant le taux de «sel» ou de «sodium».
Avoir une alimentation riche en calcium, potassium et magnésium :
• Sources de calcium :
– produits laitiers : ils sont une excellente source de calcium. Prendre au moins un produit laitier à chaque repas à choisir parmi les yaourts nature, fromages blancs, faisselles, lait (selon tolérance digestive). Ne pas consommer, ou très occasionnellement, les fromages secs car gras et salés;
– eaux embouteillées concentrées en calcium assimilable et limitées en sel (Courmayeur®, Contrex®, Hépar®) également riche en magnésium.
• Sources de potassium et magnésium :
– légumes secs, tubercules et fruits secs concentrés en potassium et en magnésium, dans une moindre mesure, en calcium. Prendre au moins une fois par jour une portion de légumes secs (graines) tels que lentilles, petits pois, pois cassés… ou des tubercules : pommes de terre ou topinambours. Prendre au moins une fois par jour des fruits secs (3 à 4);
– fruits et légumes frais : 5 fruits et légumes frais/j (recommandations officielles de Plan National Nutrition Santé).
Bien choisir les boissons, outre les eaux du robinet et celles riches en calcium :
• Ne pas prendre de réglisse sous forme de boissons à l’antésite (ni de friandises à base de réglisse).
• Limiter strictement les apports en boissons à base d’alcool. Pas plus de 2 verres de vin/j occasionnellement et apéritifs très occasionnels.
• Limiter la prise de café et de boissons à base de caféine : pas plus de 2 tasses de café/j et ne pas prendre l’habitude des boissons type cola caféinée ou énergisante.
Contrôler votre poids :
Une perte de 5 à 10 % lorsqu’on est en surpoids permet de faire baisser la tension artérielle. Une alimentation limitant les produits les plus caloriques permet d’y parvenir.
Activité physique régulière essentielle :
Elle doit être pratiquée au moins 3 à 5 heures par semaine pour apporter un bénéfice.
Ne pas fumer.
Détail d’une alimentation contrôlée en sel.
Explications pratiques destinées aux patients
Réduire les apports en sel
Une alimentation hyposodée appelée «contrôlée en sodium» et anciennement dénommée «sans sel» est toujours d’actualité même s’il n’y a environ que 30 % des hypertendus qui sont sodium-dépendants. Il ne s’agit pas d’une alimentation sans sel strict. En réduisant les apports en sodium chez ces sujets, leurs chiffres tensionnels s’améliorent. Pour les hypertendus, on préconise de ne pas dépasser des apports de 5 g/j, idéalement entre 3 à 5 g. Les besoins physiologiques réels sont encore plus faibles et sont inférieurs à 2g/j. Selon l’enquête Nutrinet de 2010, les apports moyens en France sont actuellement de 8,4 g avec 9,2 g pour les hommes et 7,6 g pour les femmes. Comme il est impossible de faire une expertise comptable de ce qui est absorbé, il faut conseiller des mesures simples comme celles mentionnées dans l’ordonnance.
Une étude en 2011 [2] est venue jeter un certain trouble sur cette nécessité de réduire les apports en sels pour la population, mais il existe des données fortes et nombreuses en faveur de la limitation de la consommation de sel issue notamment d’une méta-analyse qui fait référence et parue dans le British Medical Journal (BMJ) en 2009 [3] et il a été démontré qu’en réduisant l’apport en sel de 3 g on arrivait aux États-Unis à diminuer l’incidence des coronaropathies de 60 000 à 120 000 cas par an, les AVC de 32 000 à 66 000 cas (résultats publiés dans le New England Journal of Medicine en 2010).