6 Hémostase
Hémostase physiologique et traitements hypocoagulants
Traitements hypocoagulants
Agents antiplaquettaires (AAP)
Les AAP sont essentiellement utilisés pour prévenir ou limiter le risque de thrombose artérielle inhérent à l’athérosclérose. Ce sont des médicaments capables d’inhiber les fonctions plaquettaires en particulier l’activation et l’agrégation plaquettaires. Les AAP disponibles sont l’acide acétylsalicylique (Aspirine©, Kardégic©), le flurbiprofène (Cebutid©), le dipyridamole (Persantine©) et les thiénopyridines, ticlopidine (Ticlid©), le clopidogrel (Plavix©) et les antagonistes du récepteur alphaIIb bêta3 que nous n’aborderons pas. Ils sont administrables par voie orale et le plus souvent prescrits dans le cadre d’un traitement au long cours. Les deux les plus prescrits sont l’acide acétylsalicylique et le clopidogrel. On estime actuellement à 1,5 million le nombre de patients en France sous APP. L’association aspirine-clopidogrel est le protocole recommandé chez les patients coronariens après syndrome coronarien aigu qu’ils aient eu ou non angioplastie, pose de stents coronaires ou pontage aortocoronaire. La poursuite du traitement AAP avant une intervention chirurgicale permet d’assurer la prévention du risque thromboembolique associé à la pathologie cardiovasculaire. Le traitement AAP est souvent double, dans le cas de patients porteurs d’endoprothèses coronaires (EC) nues ou pharmacoactives et l’arrêt des AAP est un facteur de risque majeur de thrombose pour tous les EC, mais en particulier de thrombose tardive pour les EC pharmacoactives [1].
Nouveaux anticoagulants
Inhibiteurs sélectifs du facteur Xa
Gestion préopératoire de l’hémostase
Identification du patient à risque
Évaluation de la balance risque hémorragique et risque thrombotique
L’analyse du risque hémorragique doit prendre en compte le terrain du patient, son âge, la localisation anatomique de la lésion (face versus membres et tronc) et la nature du geste chirurgical envisagé. Les greffes et les lambeaux présentent en effet un risque hémorragique supérieur par rapport aux exérèses sutures simples [2]. Pour un résultat équivalent, il faudra privilégier le geste nécessitant un moindre décollement.
Sous APP, le risque hémorragique de la chirurgie dermatologique d’exérèse et de réparation cutanée ne semble pas majoré. Dans une étude prospective, Bartlet [3] a montré qu’il n’y avait pas de différence significative entre les complications hémorragiques mineures ou majeures dans le groupe de patients opérés sous aspirine par rapport au groupe témoin. De même Danino [4] a confirmé que l’arrêt de l’acide acétylsalicylique ou du clopidogrel ne présentait pas d’intérêt pour des exérèses chirurgicales en termes de complications hémorragiques et de qualité de cicatrisation. Cette étude prospective randomisée sur 60 patients sous AAP au long cours, opérés d’une tumeur cutanée, comparait un premier groupe où le traitement a été interrompu et un second où un relais par héparine de bas poids moléculaire fractionnée a été réalisé. Elle n’a montré aucune différence significative en termes de complications postopératoires ou de cicatrisation entre les deux groupes. Dans une étude prospective, Kramer et al. n’ont pas retrouvé d’augmentation des complications hémorragiques lors de chirurgie d’exérèse cutanée mineure chez 228 patients sous aspirine et 32 sous clopidogrel, comparativement au groupe témoin [5]. Dans une étude prospective concernant 3 788 actes consécutifs d’exérèse dont 232 sous AAP, Amici et al. ont montré une association significative entre traitement AAP et complication hémorragique avec un OR (Odds Ratio) à 2,25 (intervalle de confiance IC : 1,43 à 4,44) [2]. Ce risque était significativement associé à la réalisation d’un geste de type plastie ou greffe comparativement à une exérèse simple et à une durée d’intervention supérieure à 24 minutes (médiane).
Dans une grande étude rétrospective sur 10 ans, Dhiwakar [6] a montré que l’aspirine augmentait le risque hémorragique dans les plasties de la face et du cou avec un risque qui restait faible mais significativement plus élevé (2,2 %) chez les patients sous aspirine comparativement au groupe témoin (0,1 %).