30. Éléments de thérapie solutionniste
A. Vallée
Introduction
Bien qu’elle fasse parler de plus en plus d’elle, de nombreux lecteurs seront surpris par la thérapie solutionniste. Tout apparaît si simple et si minimaliste ! Avant d’aller plus loin, il convient tout d’abord de saluer la mémoire de Steve de Shazer et d’Imsoo Kim Berg, récemment disparus, qui ont été parmi les principaux élaborateurs de ce type de thérapie et qui ont inlassablement réfléchi, amélioré, enseigné, transmis le fruit de leur expérience.
C’est une thérapie sans théorie, nous dit Steve de Shazer avec un brin de provocation. Il n’y a pas besoin de savoir comment elle marche, d’après lui ; il faut d’abord l’expérimenter puis se poser des questions seulement sur la base de cette expérience. Elle n’a pas de théorie, c’est-à-dire qu’elle est uniquement empirique.
Beaucoup d’autres thérapies, d’ailleurs, créent des récits ; leur le but est de pouvoir utiliser des objets intellectuels, des concepts censés maintenir la relation thérapeutique et mieux observer les effets de la pratique. Cela finit trop souvent par transformer les concepts en réalités, la théorie créant les objets qu’elle est censée observer.
Bien sûr, le lecteur ne peut faire d’expérience directe ; il peut seulement expérimenter un récit, une fiction qui peut malgré tout lui donner une représentation de la façon dont une telle thérapie se passe. À noter que ce texte bref n’a pas valeur de formation, mais simplement d’illustration destinée à donner l’envie d’en savoir plus.
Exemples cliniques
Premier exemple
Il s’agit d’une femme qui, cliniquement, présente un comportement de type dépressif. Il y a quelques minutes, cette femme s’est présentée avec hésitation à l’interphone. En entrant dans le cabinet, elle n’a obéi que partiellement à l’injonction « entrez sans sonner », puisqu’elle a appuyé sur le bouton de la sonnette. Pour moi, c’est un indice de confusion, de déjà hypnose. Lorsque je vais la chercher dans la salle d’attente, elle n’a pas choisi les fauteuils confortables, elle a préféré une chaise droite, à l’abri de la porte. Elle a l’air réservée, timide. Lorsqu’elle me voit, elle esquisse un sourire timide, passe devant moi en mettant le plus de distance possible. Je la vois qui rentre dans le cabinet, voûtée, repliée sur elle-même. Lorsque je lui offre de s’asseoir dans un fauteuil ou dans le canapé, je remarque son regard effrayé qui s’accroche à la chaise devant le bureau. Elle finit par choisir le fauteuil qui lui donne une vue sur la porte de sortie. Je lui laisse un instant pour se rassurer, s’habituer à ce nouvel espace. Je lui demande son nom, son année de naissance, son métier, ses coordonnées ; je cherche à savoir ce qui l’a amenée à venir me voir.
– « Qu’est-ce qui vous amène ? »
– « C’est parce que… »
– « Excusez-moi, j’aimerais savoir ce qui vous amène maintenant. »
– « C’est que je ne vais pas bien depuis quelque temps. Je suis triste… Je pleure souvent. Je suis fatiguée. »
– « Qu’avez-vous déjà fait par rapport à ça ? »
– « Mon médecin m’a dit que c’était de la dépression, il m’a donné des médicaments. Vous voulez savoir ? »
– « Oui, dites-moi ce que vous prenez afin que je le note. »
– « Je prends X, Y et Z. »
– « Pour vous, à quoi savez-vous qu’il s’agit de dépression ? »
– « Vous savez, c’est de ne plus avoir de goût, tout est difficile. »
– « Pouvez-vous me donner des exemples ? »
– « Oui, moi qui tenais si bien ma maison, je ne m’en occupe plus. Ça fait plusieurs mois que je n’ai pas fait mes carreaux, c’est pareil pour le jardin, je n’ai même pas planté de fleurs cette année. »
– « Est-ce que je dois comprendre que si vous étiez capable de faire vos carreaux et de planter à nouveau des fleurs, ça serait le signe que les choses vont beaucoup mieux ? »
– « Oui, c’est ça. »
– « Imaginez qu’en sortant d’ici, vous commencez à penser que vous avez été comprise, que vous avez peut-être l’espoir que les choses puissent changer, à quoi le sauriez-vous ? » Silence.
– « Je ne sais pas, c’est compliqué, ce que vous me demandez. »
– « À la place, imaginez que je ne vous ai pas comprise, que vous avez l’impression que je vous ai volé votre argent, qu’est-ce que vous éprouveriez alors ? »
– « Je serais déçue… Triste. »
– « Est-ce que je dois comprendre que vous seriez encore plus voûtée, plus repliée ? »
– « Oui, c’est ça… »
– « À la place, si vous sortiez avec l’espoir que ça puisse changer, qu’est-ce qui serait différent ? »
– « Maintenant que vous m’y faites penser, je me sentirais peut-être un peu plus légère »
– « Dans quelle partie du corps vous sentiriez cette légèreté ? »
Pendant un instant, elle prend une inspiration, ce qui lui relève la tête et elle sourit légèrement.
– « Je vous ai observée, j’ai vu que vous avez pris une inspiration plus importante. Est-ce que je dois comprendre que c’est dans la respiration que ça serait plus léger ? »
– « Oui, c’est ça. »
– « Imaginez que vous sortez d’ici avec plus de légèreté dans la respiration. Qu’est-ce que vous feriez d’un peu différent à partir du moment où vous seriez sortie ? »
– « Je ne sais pas, de toute façon je vais rentrer chez moi. »
– « Je suis d’accord avec vous, ça ne va pas bouleverser votre vie… Quels sont les petits détails qui seraient différents ? »
– « Peut-être que je prendrais le temps de faire un petit tour en ville… »
– « La tête baissée, en rasant les murs ? »
– « Non, je crois que je me tiendrais plus droite, et puis je regarderais les vitrines. »
– « Si ça continuait, qu’est-ce qu’il y aurait encore d’autre de différent en rentrant à la maison ? »
– « Peut-être que je prendrais le temps de me reposer dans le canapé au lieu d’aller dans ma chambre… J’aurais peut-être envie aussi de faire quelque chose… »
– « Quoi, par exemple ? »
– « Peut-être un peu de ménage, ou bien un peu de cuisine… »
– « La cuisine, ça serait pour vous faire plaisir ou bien pour faire plaisir aux autres ? »
– « Non, ça serait surtout pour mon mari. Il est si triste de me voir comme ça. »
– « Si je comprends bien, si vous étiez capable de vous tenir plus droite, d’être un peu plus active à tel point que vous pourriez faire un peu de cuisine pour votre mari, ça serait déjà un changement important ? »
– « Oui, vraiment. »
– « Est-ce que ça vous est déjà arrivé d’avoir un meilleur moment ? »
– « Oui, il y a une quinzaine de jours, nous avions été invités. Mon mari m’avait poussée à y aller, je m’étais sentie mieux, mais ça n’a pas duré. »
– « En tout cas, ça prouve au moins qu’à certains moments vous êtes capable d’être mieux. Est-ce que c’est OK ? »
– « Oui. »
– « Donc, si je comprends bien, vous êtes capable d’être mieux à certains moments, mais vous savez que vous ne pouvez pas être invitée tous les jours, et ce que vous voudriez, c’est être capable de vous tenir droite, d’être un peu plus active pour pouvoir faire au moins un peu de cuisine à votre mari ? »
– « Oui, c’est exactement cela. »
– « Excusez-moi, est-ce que je peux vous poser une question difficile, surprenante ? »
– « Oui. »
– « Donc, si j’ai bien compris, vous allez rentrer chez vous. Peut-être que vous allez aller directement dans votre chambre, peut-être que vous allez rester dans le salon, puis faire un peu de cuisine pour votre mari… Sans doute allez-vous ensuite dîner – j’attends son acquiescement –, peut-être regarder un peu la télévision – elle ne semble pas acquiescer –, peut-être vous coucher pendant que votre mari fera la vaisselle puis regardera la télévision – elle acquiesce –, peut-être qu’avant ou après qu’il vienne se coucher, vous allez vous endormir – elle acquiesce. Imaginez que, pendant votre sommeil, au moment où vous allez dormir le plus profondément, imaginez que, tout à coup, il y a un miracle. » Silence. J’attends qu’elle me regarde à nouveau. « Oui, un vrai miracle. » Elle semble réfléchir et chercher puis tourne à nouveau ses yeux vers moi. « Le miracle, ça serait que les problèmes qui vous ont amenée ici ont disparu, que vous êtes capable d’être active, de vous tenir droite, de faire la cuisine par exemple. » Je l’observe qui semble absorbée dans cette contemplation, ses globes oculaires sont en balayage. Elle finit par tourner à nouveau les yeux vers moi. « Oui, mais c’était pendant votre sommeil. Le lendemain matin, quand vous vous réveillez, vous ne savez pas qu’il y a un miracle. » Je vois l’air de déception sur son visage… Elle se tourne à nouveau vers moi… « À votre avis, quels sont les changements que vous pourriez observer à partir du lendemain matin et qui vous améneraient à penser qu’il a dû y avoir un miracle ? »
Je l’observe qui réfléchit. Je regarde ailleurs.
– « Je ne sais pas. »
Je ne dis rien, j’attends… Au bout de quelques minutes :
– « Peut-être que je serais plus gaie. »
– « Quoi d’autre ? »
– « Je me lèverais en même temps que mon mari. »
– « Quoi d’autre ? »
– « Je crois que je mettrais la radio. »
– « Quoi d’autre ? »
– « Peut-être que je ferais le ménage. »
– « Le ménage, ça serait le miracle de votre mari ou bien le vôtre ? »
– « Vous avez raison, s’il y avait un miracle, eh bien, je laisserais tomber tout ça et j’irais me promener, je partirais en voyage. »
– « Toute seule ? »
– « Oui, je n’ai jamais réussi à faire quoi que ce soit toute seule, j’ai toujours besoin de quelqu’un d’autre. »
– « Donc, s’il y avait un miracle, vous seriez capable de faire plein de choses toute seule. Qu’est-ce qu’il aurait d’autre encore ? »
– « Je crois que j’aurais la force d’apprendre un métier et d’aller travailler, d’avoir mon argent à moi pour pouvoir m’acheter des choses. »
– « Est-ce que vous pouvez me raconter quel genre de femme vous deviendriez alors ? »
– « Je crois que je deviendrais sûre de moi, je serais plus forte. »
– « Qu’est-ce que ça vous permettrait de faire ? »
– « Comme je vous le disais, travailler, m’acheter des choses, pouvoir être plus coquette… Vous avez raison, ça serait vraiment un miracle. »
– « À votre avis, mis à part vous-même, qui est la première personne qui remarquerait que vous êtes changée ? »
– « Mon mari, je crois… »
– « À quoi saurait-il que vous êtes changée, qu’est-ce qu’il observerait ? »
– « Il remarquerait que je souris, que je plaisante, comme avant… »
– « Ça doit bien vous arriver de temps en temps. Qu’est-ce qui lui ferait penser que c’est un vrai changement ? »
– « Je crois que ça serait si je redevenais tendre avec lui. »
– « C’est devenu impossible ? »
– « Oui, vous savez, il a eu une liaison, et je ne le supporte pas. »
– « Si je comprends bien, la tendresse serait ce que lui attend. Réellement, à quoi il remarquerait que vous êtes vraiment changée ? »
– « Je crois que ça serait si je lui disais que j’ai trouvé un travail. »
– « Trouver un travail ou bien, déjà, vous mettre en recherche ? »
– « Vous avez raison, déjà, s’il me voyait partir chercher du travail, il penserait que ça serait la révolution à la maison. »
– « Il verrait ça d’un bon œil ? »
– « D’un côté, il ne serait pas très content, mais je crois que, d’un autre côté, il serait fier de savoir que je deviens autonome. Vous savez, par moments, je le comprends de s’être lassé que je ne puisse rien faire sans lui. »
– « Qui d’autre remarquerait ? »
– « Ma mère. »
– « Qu’est-ce qui serait pour elle le signe d’un vrai changement ? »
– « Pour elle, ça serait si j’étais enceinte… Vous savez, ça m’a toujours fait tellement peur… »
– « Dites-moi, quand est-ce que ça vous est arrivé de connaître un moment pendant lequel vous étiez une personne qui ressemblait un peu à celle du miracle ? »
– « C’était il y a une quinzaine de jours, il faisait beau, j’ai pris mon vélo et je suis allé faire un tour toute seule jusqu’à la campagne. Il y avait même des gens qui me souriaient… »
– « Comment avez-vous décidé de faire cela ? »
– « Vous savez, ça n’a pas été tellement difficile… Mon mari avait réparé mon vélo. Et puis, comme cela, j’ai eu simplement envie d’aller faire un petit tour. »
– « Et ensuite ? »
– « Depuis, il faut bien le dire, les choses vont plutôt mieux… C’est vrai que je commence à faire un peu de ménage, j’ai commencé à sourire aussi et puis… Nous avons même eu des relations avec mon mari. »
Je décide que c’est alors le moment de la pause. Je me relève en lui disant que je vais réfléchir un peu maintenant que nous avons bien travaillé. Pendant ce temps, je réfléchis sur son système de valeurs, sur le fait qu’elle essaie de bien tenir sa maison et son jardin, qu’elle souhaite faire plaisir à son mari malgré qu’il ait eu une liaison. En dépit de ses peurs, elle rêve d’avoir un enfant alors qu’elle n’est plus toute jeune. Elle a aussi le souhait de devenir autonome, de travailler, ce qui montre de vraies capacités de courage. Sa « dépression » apparaît comme étant le fruit de son désespoir de ne pouvoir réaliser tout cela.
Lorsque je reviens au bout de quelques minutes, je m’installe tranquillement, puis je lui dis : « Si j’ai bien compris ce que vous me disiez, et vous me corrigerez si je me trompe, vous m’avez dit que vous étiez tellement mal que vous ne pouviez même pas faire des choses aussi simples que vous tenir droite, tenir votre place de ménagère et d’épouse. Pourtant, il m’a semblé que c’était ce que vous souhaitiez vraiment et que vous voulez sincèrement réussir à être une bonne épouse, à devenir une femme autonome, et même, à devenir une bonne mère. Et pour réussir cela, vous savez qu’il vous faut affronter le dragon de vos peurs : c’est pour cela que vous avez osé prendre le risque de venir en thérapie, et je sais que ce n’est pas facile. Je pense que vous avez déjà dû essayer beaucoup de choses, que vous avez fait beaucoup d’efforts. » Elle acquiesce. « Vous avez dû dépenser énormément d’énergie pour faire face à vos peurs, pour les surmonter, pour donner le change. » Elle acquiesce, elle semble émue. « Vous savez, j’ai trouvé assez épatante cette promenade à vélo que vous avez faite. Pour moi, elle signifie que vous pouvez changer, mais j’étais surtout surpris que vous l’ayez fait délibérément. Alors, pendant que je réfléchissais, je me suis demandé dans quelle mesure vous seriez capable de refaire cette promenade ou bien quelque chose du même genre qui serait peut-être plus facile à faire ? Je sais que ce que je vous demande n’est pas facile, que ce sera de toute façon un rude effort, mais je sais aussi que, depuis que vous avez vos peurs, vous savez ce que c’est de faire un effort même si les autres ne le voient pas… Qu’est-ce que vous pensez que vous seriez capable de faire, avec un effort, dans ce genre-là ? »
Elle réfléchit, elle considère tous les aspects de cette proposition.
– « Je crois que je pourrais essayer de rendre visite à des anciennes amies. Je me disais ces derniers jours que je devrais les appeler au téléphone ; d’ailleurs, j’y pense maintenant, j’ai ressorti mon agenda et je l’ai posé à côté du téléphone. »
– « Sur une échelle entre 0 et 100, si à 0, vous êtes certaine d’être incapable de faire cela et, à 100, vous êtes certaine de pouvoir le faire, à combien êtes-vous maintenant ? »
– « Je dirais que je suis au moins à 90 ! »
– « OK, c’est donc d’accord d’essayer de faire cela pour la prochaine fois. Est-ce que vous seriez d’accord aussi pour noter soigneusement la façon dont les autres personnes autour de vous réagissent à tous ces changements ? »
– « Vous voulez dire sur un carnet ? »
– « Oui, si vous le voulez… À votre avis, maintenant que j’y pense, il vous faut combien de temps pour commencer à mettre cela en place et commencer à observer les changements ? »
– « Je crois qu’il me faudrait 15 jours ou 3 semaines. »
– « Est-ce que ça serait d’accord que nous puissions nous revoir au bout de ce délai ? »
Il s’agissait d’une séquence typique de la thérapie brève solutionniste. Qu’ai-je fait ? Pour ne pas me laisser entraîner dans un récit de son histoire – car je sais que les éléments essentiels surviennent de toute façon ensuite –, je l’ai amenée à me dire ce qui l’avait poussée à venir. Ensuite, j’ai déconstruit le concept de dépression pour le réduire à l’incapacité, pour elle, de se tenir droite, de se sentir légère, et de pouvoir être active, ce que j’ai présenté comme étant l’inverse de son objectif. Il s’agit d’un travail de recadrage par l’objectif qui est une technique très puissante.
Ensuite, je l’ai poussée à se jeter dans l’anticipation d’un miracle et l’ai amenée à dire des choses qu’elle ne pensait certainement pas quelques minutes auparavant, par exemple son besoin d’autonomie, son désir d’enfant. L’interrogation sur la réaction des autres à ce changement nous a apporté beaucoup d’informations pertinentes. Surtout, à la fin, elle nous apprend qu’elle a déjà commencé à faire des changements significatifs.
Après la pause, je reformule l’entretien sous la forme de compliment et je lui propose une tâche à sa portée dont je vérifie qu’elle peut la réaliser.
Ce cas n’apparaît pas très difficile, parce qu’elle est motivée et demandeuse. L’expérience montre qu’une fois que nous avons aidé les personnes à dégager ce qu’elles voulaient réellement, il était facile d’obtenir leur coopération. Tous les cas ne sont pas aussi faciles. Cette thérapie est plus difficile à mettre en œuvre lorsqu’il s’agit de problèmes récurrents tels que des toxicomanies, des troubles alimentaires, ou bien une variabilité de l’humeur. Dans la plupart des cas, c’est l’excès d’ambition des thérapeutes qui les empêche de percevoir la modestie des ambitions des patients, ce qui fait qu’ils ont du mal à se rencontrer dans cet espace de la thérapie qui sourit surtout aux minimalistes.
Second exemple1
Il s’agit d’un cas de comportement décrit habituellement comme dépendant. M. G., 28 ans, vient en consultation accompagné d’une de ses sœurs. Un extrait de la séance est donné ci-après.
T. : Bonjour. Je vous remercie d’être venu me voir. Je vais faire de mon mieux et je suppose vous aussi, et nous verrons ce qui se passera. Est-ce que vous voulez me dire ce qui vous fera savoir que cette consultation aura été au moins un peu utile ?
M. G : Je ne sais pas. (Montrant de la main sa sœur) C’est ma sœur qui…
T. : Ah ! Vous aimeriez que votre sœur dise son point de vue ?
M. G. : Oui.
Sœur : Oh vous savez, c’est vraiment devenu intenable. Les parents n’en peuvent plus.
T. : Que se passe-t-il ?
S. : Il (montrant son frère) boit et prend la voiture.
M. G. (protestant) : Non ce n’est pas vrai, je ne le fais plus.
T. : Ah !
M. G. : C’est vrai. Pas depuis 3 semaines !
T. : Oui ! C’est déjà pas mal 3 semaines.
S. : Peut-être, mais les parents n’en peuvent plus, ils ne dorment plus la nuit.
T. : Vos parents ont vraiment beaucoup d’inquiétude pour leur fils.
S. : Oui, je n’ai jamais compris. Ils sont inquiets pour tous leurs enfants, mais avec mon frère cela est vraiment incroyable !
T. : Remarquez, il semble qu’ils aient de bonnes raisons de s’inquiéter !
M. G. : Oui, mais vous savez il n’y a pas que cela. Des fois je vais très bien mais ils s’inquiètent quand même !
T. : Ah ! Ça doit être difficile ! Vous devez trouver ça injuste !
M. G. : Bah oui ! Comment voulez-vous que je m’en sorte !
T. : Hum hum… Ah oui ! Et ça serait quoi, vous en sortir ?
M. G. : Bah, avoir un bon boulot, me marier, avoir des gosses.
T. : OK ! Vous avez de l’ambition !
M. G. : Mais j’en ai toujours eu de l’ambition. (Se tournant vers sa sœur) Dislui, toi !
S. : Oui c’est vrai, quand il était petit il voulait être président de la République !
T. : Ouah !
M. G. : Bah oui, je peux en vouloir !
T. : OK ! Mais là déjà maintenant, j’ai l’impression que cela va mieux qu’il y a 3 semaines !
M. G. : Bah c’est sûr. J’ai rien bu !