du Goût

Chapitre 18 Troubles du Goût



A. Somogyi



Le goût étant le sens de l’agréable, il s’affine dans la souffrance.


A. France



BASES PHYSIOLOGIQUES

DIAGNOSTIC
inline Interrogatoire gustatif

inline Interrogatoire général et examen somatique

inline Examens paracliniques

ÉTIOLOGIE
inline Principales causes de dysgueusie

inline Principaux médicaments responsables de dysgueusie

TRAITEMENT


BASES PHYSIOLOGIQUES


Le goût stricto sensu est le sens qui perçoit la saveur des substances dissoutes dans la salive. La perception de chaque saveur élémentaire a un siège préférentiel : l’amer et l’acide sont surtout perçus au palais mou, le salé aux deux tiers antérieurs de la langue et le sucré sur toute la langue.


Les récepteurs sensoriels sont les bourgeons gustatifs, portés par des papilles gustatives. Celles-ci sont situées essentiellement sur la langue, mais il en existe aussi dans le reste du pharynx, le larynx et l’œsophage. Le signal sensitif est véhiculé par des nerfs différents en fonction de la localisation des récepteurs : les deux tiers antérieurs de la langue sont innervés par l’intermédiaire de Wrisberg, le tiers postérieur par le glossopharyngien et l’épiglotte par le pneumogastrique. L’influx va jusqu’au noyau gustatif du faisceau solitaire dans le tronc cérébral, puis le noyau ventro-postéro-médian du thalamus, enfin il est transmis au cortex pariétal.


Il faut souligner que les sensations gustatives sont physiologiquement mêlées à des perceptions olfactives de molécules passant par les choanes (flaveurs). Ces éléments permettent de mieux comprendre quelles affections peuvent faire ressentir aux patients un trouble du goût, ou dysgueusie.



DIAGNOSTIC


L’examen clinique vise à préciser la plainte gustative et à s’orienter vers une des nombreuses causes de dysgueusies résumées dans les tableaux II et III.


Tableau II Principales causes de dysgueusie.



























IatrogénieHP Médicaments (cf. tableau III), radio-thérapie cervicofaciale dépassant 20 Grays, allogreffes de moelle osseuse, lésions chirurgicales des voies gustatives (amygdalectomie, glossectomie, chirurgie de l’oreille moyenne, dentisterie), intubation, prothèses den taires et matériaux d’obturation
IntoxicationsH Tabagisme, alcoolisme
CarentiellesH Zinc, cuivre, fer, folates, vitamines A, B12, B2, B3 ou B6
Causes endocriniennesH Ménopause, troisième trimestre de la grossesse, diabète sucré, hypothyroïdie, maladie de Cushing
Causes salivairesH Dépapillation par xérostomie (cf. infra, chapitre Syndrome sec)
InfectionsH Candidose buccale, caries, parodontites, sinusites, rhinites, HVB, HVC, VIH, maladie de Lyme, lèpre
Causes neuropsy-chiatriquesH Ischémies, hématomes et tumeurs lésant les voies gustatives, syringo-bulbie, sclérose en plaques, maladie d’Alzheimer, psychose hallucinatoire chronique, schizophrénie
Causes diversesH Vieillissement, insuffisance rénale chronique, amylose AL, cholestéatome, fracture du rocher ou du condyle maxillaire, burning mouth syndrome, fibrose orale sous-muqueuse, maladie de Crohn, maladie cœliaque

H : hypogueusie ou agueusie ; P : phantagueusie.


Tableau III Principaux médicaments responsables de dysgueusie.













































Classes Médicaments
Cardiovasculaires Inhibiteurs de l’enzyme de conversion : notamment captopril
Inhibiteurs calciques : amlodipine, nifédipine, diltiazem
Antiarythmiques : amiodarone, procaïnamide
Divers : diurétiques, bêtabloquants, nitrés, méthyldopa, hydralazine, hypolipémiants
Anticancéreux Cytarabine, 5FU, méthotrexate, vinblastine, cisplatine, doxorubicine
Antiémétiques Granisétron, métoclopramide, dompéridone
Anti-infectieux Antibiotiques : métronidazole, macrolides, bêtalactamines, quinolones
Antiviraux : didanosine, zidovudine, zalcitabine, foscarnet
Antifongiques : terbinafine, griséofulvine, amphotéricine, kétoconazole
Chlorhexidine en application buccale répétée
Antiparkinsoniens Lévodopa, pergolide, trihexyphénidyl
Hypoglycémiants Biguanides, tolbutamide, glipizide
Anti-inflammatoires Corticoïdes, aspirine, ibuprofène, indométacine, diclofénac
Antirhumatismaux D-pénicillamine, hydroxychloroquine, sels d’or, colchicine, azathioprine, méthotrexate
Psychotropes Benzodiazépines, zopiclone, antidépresseurs, neuroleptiques, lithium, amphétamines


inline Interrogatoire gustatif


La prise en charge des patients dysgueusiques se heurte à de nombreux obstacles. Les premiers sont liés à leurs limites d’introspection et aux difficultés sémantiques. Existe-il un trouble du goût ou plutôt un trouble de l’odorat ? Si oui sur quelle(s) saveur(s) porte-t-il ? Bien des sujets confondent amer et acide. La dysgueusie estelle quantitative (agueusie, hypogueusie, hypergueusie) ou bien qualitative (paragueusie) ? Dans ce dernier cas, existe-il une distorsion du goût d’une ou plusieurs substances (aliagueusie) ou une perception gustative sans stimulus (fantogueusie) ? Ces nuances sémiologiques sont souvent difficiles à obtenir mais peuvent orienter l’enquête étiologique. Ainsi, les paragueusies et les fantogueusie « métalliques » ou amères sont souvent en rapport avec une cause médicamenteuse. Par ailleurs, l’interrogatoire permet d’évaluer l’intensité de l’atteinte. En effet, une agueusie ou une baisse importante de la perception de la saveur sucrée évoquent une détérioration sévère du goût.

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May 26, 2020 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on du Goût

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