24. Diabète de type II, non insulinodépendant
Diabètede type IILes conseils alimentaires en cas de diabète de type II ont fait couler beaucoup d’encre; les patients, fortement demandeurs d’informations, ont à l’esprit que la règle essentielle est l’arrêt de la prise d’aliments sucrés. Cette approche doit être nuancée; les fruits par exemple ne doivent pas être exclus de la ration alimentaire, au contraire, ce qui n’est pas le cas des produits avec sucres ajoutés dont la consommation doit être fortement limitée. Il faut bien l’expliquer. Quant à la prise de substituts du sucre ou édulcorants, elle est loin d’être la panacée.
La lutte contre l’insulinorésistance, à l’origine de ce type de diabète, passe avant tout par une réduction pondérale s’il existe un surpoids ou une obésité. Dans ce cas, nul besoin de mettre en place un régime hypocalorique sévère; une simple analyse des erreurs alimentaires et un recadrage nutritionnel pour atteindre une alimentation normocalorique et équilibrée, contrôlée en produits avec sucres ajoutés, suffisent dans la majorité des cas. L’activité physique régulière est, quant à elle, bien identifiée comme aidant à réduire l’insulinorésistance.
La prise en charge nutritionnelle du diabétique n’est pas univoque mais doit être précise pour répondre aux attentes des patients. Elle dépend de nombreux facteurs dont le type de pathologies associées (cf. fiche n° 49). Nous dégagerons dans cette fiche les grands axes des recommandations communes en différenciant les patients normaux pondéraux ou proches de l’être avec un indice de masse corporelle (poids en kg/taille en m2) ≤27 kg/m2 et ceux en surpoids francs ou obèses.
La nouvelle donne concerne les nouveaux médicaments : l’incrétine (GLP-1 glucagon like peptide) et le blocage de l’enzyme DPP-4 (dipeptidyl-dipeptidase-4) qui détruit la GLP-1. L’effet au final doit être un meilleur contrôle de la glycémie (associé aux autres ADO) et permettre une réduction pondérale.
Les facteurs environnementaux doivent aussi être pris en compte particulièrement dans les actions de prévention. L’influence des perturbateurs endocriniens qui se nichent dans certains emballages (bisphénol A de certains plastiques, divers phtalates…), pesticides, est de mieux en mieux documentée.
Ordonnance alimentaire
Pour les patients normopondéraux (IMC ≤27)
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Votre diabète nécessite que vous preniez un certain nombre de précautions alimentaires.
Produits sucrés
• Bien faire la différence entre les produits alimentaires avec sucres ajoutés (boissons, certains desserts laitiers…) dont il est indispensable de très fortement limiter la consommation, et les aliments naturellement sucrés comme les fruits qui apportent de nombreuses vitamines, éléments minéraux et fibres.
• Pas de boissons sucrées. Il s’agit d’éviter tous les sodas et jus de fruits industriels. Vous pouvez néanmoins prendre des fruits pressés (orange, citron…) mais sans ajouter de sucre.
• Attention aux produits avec sucres ajoutés contenus dans des viennoiseries diverses (brioche, croissant, pain au raisin…), de nombreux biscuits, des céréales sucrées du petit déjeuner, des gâteaux, des confiseries… Tous ces produits sont en plus généralement fort gras. Les yaourts aromatisés et autres desserts lactés sucrés, les fruits au sirop, les nougats, les sorbets, les glaces… contiennent également du sucre ajouté en proportion variable selon les marques. Ce type de produits ne doit être consommé qu’occasionnellement :
– en petite quantité;
– à la fin d’un repas riche en fibres végétales;
– jamais en dehors des repas.
• Fruits et légumes à consommer librement à quelques exceptions :
– modérer la consommation des fruits les plus sucrés : ananas, banane, raisin, mangue;
– modérer la consommation des légumes cuits les plus sucrés : betterave, carotte, chou de Bruxelles, pommes de terre en purée, flocon (et frites).
• Les aliments à privilégier sont ceux à index glycémique le plus faible (qui limite l’augmentation du taux de sucre dans le sang).
La cuisson augmente l’index glycémique des légumes et féculents. Les pâtes, le riz et les légumes sont consommés préférentiellement al dente, c’est-à-dire légèrement craquants, pas trop cuits.
Fruits et légumes :
• crudités : 1 portion au minimum/j;
• fruits : 2 à 3/j;
• légumes modérément cuits à chaque repas, les légumes à feuille, associés à une portion de féculents peu cuits à l’un des repas (150 g cuits environ, soit environ 3 cuillères à soupe);
• pain aux multicéréales ou complet : 100 g en moyenne, soit environ 5 tranches de pain ou une demi-baguette.
Les édulcorants comme substituts du sucre
• Leur consommation peut éventuellement être occasionnelle et trés modérée.
• Les principaux édulcorants sont l’aspartame et l’acésulfame K désignés respectivement comme additifs par E951, E950 (E 962 pour l’association des 2 précédents), et le sucralose qui est de plus en plus présent (E955). Les édulcorants sont des additifs compris entre E950 et E967. La stévia est récemment apparue sur le marché. La consommation des édulcorants comme substitut du sucre :
– contribue à maintenir, voire à renforcer, l’appétence pour le goût sucré et leur intérêt pour le contrôle du poids n’ont pas été démontrés sur le long terme, au contraire!
– les interactions entre les édulcorants et vos médicaments sont imparfaitement connues, il en est de même avec les autres additifs;
– savoir que de nombreux produits portant la mention «sans sucre ajouté» contiennent ces édulcorants.
Importance de l’activité physique, elle fait partie intégrante du traitement : pratiquer une activité physique suffisante tous les jours, ne serait-ce que la marche active. La durée doit être au minimum de 30 minutes/j.
Limiter la consommation de boisson alcoolisée : la consommation quotidienne occasionnelle ne doit pas dépasser 1 à 2 verres de vin/j.
Choisir de préférence des produits bruts frais ou surgelés : les facteurs dits environnementaux interviennent dans le diabète et parmi eux des éléments appelés perturbateurs endocriniens (PE). On les trouve notamment dans certains plastiques d’emballage et différents pesticides (intérêt des produits bio). La prudence s’impose pour les plastiques chauffés dans la mesure où l’étiquetage n’informe actuellement pas, ou insuffisamment, sur la présence de PE.
Retenir pour toute personne diabétique l’importance de :
• la bonne observance de la prise de médicament avec des autocontrôles réguliers;
• respecter une alimentation adaptée et équilibrée;
• pratiquer une activité physique régulière.
Pour les patients en surpoids ou obèses
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En plus des conseils qui viennent de vous être donnés, vous devez :
• Vous mettre en situation de perdre du poids; une perte de 5 à 10 % de votre poids actuel améliorera votre état de santé. Inutile de chercher à vous imposer un régime sévère, une alimentation mieux équilibrée vous permettra d’y parvenir.
• Réduire en plus des produits avec sucres ajoutés vos apports en certaines graisses, cela concerne les :
– nombreux plats industriels et traiteurs contenant des corps gras comme les huiles de palme, coprah ou du beurre;
– charcuteries (sauf le jambon sans son gras);
– viandes grasses ;
– fromages secs (si consommation supérieure à 60 g/j);
– pâtes feuilletées diverses;
– diverses sauces grasses comme les mayonnaises;
– desserts à base de crème fraîche.
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Exemple d’organisation alimentaire type d’une journée
• Matin :
– thé ou café décaféiné sans sucre;
– 2 à 3 tranches de pain aux multicéréales ou complet;
– un peu de beurre bien étalé : moins d’une plaquette de 10 g (type plaquette de beurre servie en restaurant);
– yaourt nature.
• Midi :
– crudités sans assaisonnement (à la croque);
– viande ou poisson ou œuf (3 à 5 œufs par semaine);
– légumes cuits (à volonté, modérer ceux indiqués dans la première ordonnance) associés aux féculents (150 g cuits – 3 cuillerées à soupe);
– produit laitier type yaourt nature;
– fruit frais de saison.