Dénutrition et chirurgie

21. Dénutrition et chirurgie
Dénutritionet chirurgieChez un patient devant bénéficier d’une intervention chirurgicale, la présence d’une dénutrition en préopératoire constitue un facteur de risque indépendant de morbidité postopératoire, de mortalité avec réduction de la survie et d’augmentation du temps d’hospitalisation.
L’actualisation, en 2010, de la conférence de consensus de 1994 sur la «Nutrition artificielle périopératoire en chirurgie programmée de l’adulte», permet de présenter les «ordonnances» type autour de la chirurgie [1].
La démarche de soin du patient doit prendre en compte et la dénutrition et le risque opératoire. Il est donc proposé d’intégrer la notion de grade nutritionnel (tableau 1).
Tableau 1 Grades nutritionnels, d’après Chambrier [1].
Grade nutritionnel 1 (GN 1)
Patient non dénutri
ET chirurgie non à risque élevé de morbidité
ET pas de facteur de risque de dénutrition
Grade nutritionnel 2 (GN 2)
Patient non dénutri
ET présence d’au moins un facteur de risque de dénutrition
OU chirurgie avec un risque élevé de morbidité
Grade nutritionnel 3 (GN 3)
Patient dénutri
ET chirurgie non à risque élevé de morbidité
Grade nutritionnel 4 (GN 4)
Patient dénutri
ET chirurgie avec un risque élevé de morbidité
Un patient sera considéré comme dénutri s’il présente :
▪ un IMC ≤18,5 ou un IMC <21 chez le sujet de plus de 70 ans;
▪ ou une perte de poids récente d’au moins 10 %;
▪ ou une albuminémie <à 30 g/L indépendamment de la CRP.
Un patient sera considéré comme très sévèrement dénutri avec un risque de syndrome de renutrition s’il présente un IMC <13 ou un amaigrissement >20 % en 3 mois ou des apports oraux négligeables pendant 15 jours ou plus. Ce patient nécessitera une prise en charge spécialisée en hospitalisation avec renutrition très prudente après complémentations en vitamines, micronutriments, et électrolytes sous surveillance biologique étroite.
Cette notion de grade nutritionnel a aussi l’avantage d’intégrer la notion de facteurs de risque de dénutrition soulignant ainsi la fragilité de certains patients et la nécessité d’une optimisation de l’alimentation avant et après le geste chirurgical pour les patients en grades nutritionnels 2 et 3 (tableau 2).
Tableau 2 Facteurs de risques, d’après Chambrier [1].
Facteurs de risques liés au patient (comorbidités) Facteurs de risques liés à un traitement (traitement à risque)
Âge >70 ans
Cancer
Hémopathie maligne
Sepsis
Pathologie chronique
Digestive
Insuffisance d’organe (respiratoire, cardiaque, rénale, intestinale, pancréatique, hépatique)
Pathologie neuromusculaire et polyhandicap
Diabète
Syndrome inflammatoire
VIH/SIDA
Antécédent de chirurgie digestive majeure (grêle court, pancréatectomie, gastrectomie, chirurgie bariatrique)
Syndrome dépressif, troubles cognitifs, démence, syndrome confusionnel
Symptômes persistants
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