Rappel d’embryologie du pied
Les bourgeons des membres inférieurs constituent un « champ morphogénétique », qui est spécifié précocement et se développe selon un gradient proximodistal grâce à des morphogènes intervenant notamment au niveau du segment distal ou autopode [1].
Le mésoblaste induit la formation de la crête épiblastique apicale, qui induit à son tour une zone de progression conduisant à la formation des segments longitudinaux du membre. De même, la détermination des axes antéropostérieur et dorsoventral fait appel à l’apparition d’une zone de polarisation (impliquant l’acide rétinoïque) et à l’expression de différents agents morphogènes. Certaines malformations témoignent de l’implication de tels gènes (en particulier Hox) dans la formation des membres inférieurs chez l’Homme [2].
Développement du pied de la 4e à la 8e semaine
Les membres inférieurs se forment pendant la période postsomitique du développement embryonnaire, entre les stades 13 et 23 de la classification Carnegie (de la 4e à la 8e semaine du développement), « en retard » par rapport aux membres supérieurs [3,4].
La palette du pied apparaît au stade 15 (vers 33 j de développement, embryon de 7 à 9 mm), par allongement de la moitié caudale de l’ébauche des membres inférieurs [5]. Les racines nerveuses lombaires donnent leurs premiers troncs tandis que du mésenchyme se condense à la racine du membre, et que se forme la crête épiblastique apicale.
Au stade 17 (vers 41 j, 11 à 14 mm), des condensations mésenchymateuses distinctes apparaissent pour le tibia et la fibula tandis que les masses prémusculaires deviennent identifiables. La limite entre jambe et tarse devient nette [6] et la palette du pied donne naissance à une région centrale (tarse) en bordure de laquelle se projette un épais bourrelet périphérique, la plaque digitale, dont la face plantaire regarde en direction crâniale du fait de la rotation latérale du membre. Le pied présente alors trois rayons (principal médian, latéraux rudimentaires).
Au stade 21 (vers 52 j, 22 à 24 mm), les deux pieds se rapprochent et les orteils peuvent parfois se toucher sur la ligne médiane. Le pied est alors plat avec un métatarse situé dans le prolongement direct du tarse. La petite apophyse du calcaneus (sustentaculum tali) se présente comme une condensation mésenchymateuse tandis que se forment la tubérosité postérieure du calcaneus, l’os naviculaire ainsi que le cuboïde et le cunéiforme médial. Les métatarsiens apparaissent et, dans la plupart des cas, les phalanges proximales des trois rayons médians [7].
Au stade 22 (vers 54 j, 25 à 27 mm), le degré d’équin et de flexion plantaire commence à diminuer, ce qui rend encore plus évidentes l’inversion et l’adduction physiologiques du pied à ce stade (figures 1 et 2) [8]. L’ossification périostique commence au niveau du tibia. Le contact tibiofibulaire se fait, et à partir de ce stade, la malléole fibulaire descend plus bas que la malléole tibiale. Les deux derniers cunéiformes apparaissent. L’interligne tarsométatarsien est dans l’ensemble convexe en avant, avec un retrait du 5e métatarsien.