26 Chirurgie des muqueuses buccales
Anatomie – histologie chirurgicales [1, 2]
La cavité buccale comporte différentes structures anatomiques (Figure 26.1). La chirurgie dermatologique de la muqueuse buccale est superficielle, le plus souvent dans des zones muettes. En revanche certains éléments nobles superficiels doivent être respectés. Il s’agit :
au palais : de l’artère palatine dont l’émergence est située au niveau du foramen palatin situé à l’aplomb de l’espace entre deuxième et troisième molaires. L’artère palatine chemine dans une gouttière osseuse sous-muqueuse située au point le plus concave du palais dur (Figure 26.2). Cette gouttière protège l’artère mais les incisions transversales sont contre-indiquées. Le pédicule nasopalatin qui innerve le tiers antérieur du palais peut être sectionné sans conséquence fonctionnelle ;
dans la joue : du conduit parotidien dont l’ostium forme une caroncule à l’aplomb des molaires maxillaires (Figure 26.3). Cet élément doit être repéré avant toute incision jugale. Cependant l’incision ou la suture du conduit sont souvent sans conséquence si la fonction salivaire est normale ;
dans le plancher buccal : du nerf lingual responsable de la sensibilité de l’hémi-langue homolatérale. Il longe le bord interne de la mandibule au niveau de la dent de sagesse, sous la muqueuse. Il a ensuite un trajet interne et pénètre dans la langue. Dans la partie postérieure du plancher buccal, les incisions devront être superficielles, externes et parallèles à la mandibule (Figure 26.4). Dans le plancher buccal cheminent aussi les conduits submandibulaires qui sont superficiels et symétriques. L’ostium de chaque conduit est situé de part et d’autre du frein lingual en arrière des incisives inférieures. Comme pour le conduit parotidien, il conviendra de préserver ces structures ;
à la mandibule : du nerf alvéolaire inférieur à sa sortie au foramen mentonnier où il se divise en plusieurs branches qui donnent la sensibilité cutanée et muqueuse de la lèvre, de la gencive, de l’os et des dents du secteur incisivocanin. La situation du foramen mentonnier est variable selon les individus et l’âge mais on le trouve généralement en dessous et entre les apex des prémolaires. Sa position peut être repérée sur une radiographie panoramique (Figure 26.5).
la muqueuse de recouvrement ou muqueuse libre que l’on trouve au niveau des joues, du plancher buccal, du voile du palais, des piliers tonsillaires, de la face ventrale de la langue et des lèvres. Il s’agit d’une muqueuse recouverte d’un épithélium pluristratifié non kératinisé qui repose sur un chorion riche en fibres élastiques qui recouvre une sous-muqueuse séparant la muqueuse des muscles sous-jacents à l’exception de la face ventrale de la langue où la muqueuse adhère aux muscles. La grande élasticité des muqueuses de recouvrement permet de réaliser des exérèses sutures par simple rapprochement des berges (Figure 26.6) ;
la muqueuse masticatoire située sur le palais dur et la gencive. Elle est constituée d’un épithélium pluristratifié kératinisé qui recouvre un chorion pauvre en fibre élastique qui repose directement sur l’os auquel il adhère. Au niveau de la partie postérieure du palais dur, latéralement, il existe entre la muqueuse et l’os une sous-muqueuse riche en graisse et glandes salivaires. La muqueuse masticatoire doit être décollée avec une rugine ou un décolleur pour se cliver de l’os sous-jacent. Le recouvrement de la zone d’exérèse gingivale peut se faire par translation d’un lambeau gingival ou muqueux (Figure 26.7) mais le plus souvent l’os est laissé à nu ou protégé par un pansement hémostatique ou de la colle biologique ou une plaque en résine au palais. Il est important de préserver la gencive attachée qui joue un rôle protecteur vis-à-vis des récessions gingivales ;