Autres

13. Autres



13.1. Modalités (péri)opératoires



Impact de la supplémentation en oxygène sur les infections du site opératoire et les complications pulmonaires après chirurgie abdominale : résultats d’un essai randomisé


Meyhoff CS, Wetterslev J, Jorgensen LN et al.

Effect of high perioperative oxygen fraction on surgical site infection and pulmonary complications after abdominal surgery : the PROXI randomized trial. JAMA 2009 ; 302 : 1543-50.

L’infection du site opératoire (ISO) est une complication fréquente et sévère après chirurgie abdominale [1]. L’utilisation d’une concentration en oxygène (O2) de 80 % pendant l’intervention a été suggérée comme réduisant le risque d’infections pariétales postopératoires, sans que son effet sur les complications pulmonaires ne soit connu. Le but de cette étude randomisée était d’évaluer l’impact d’une supplémentation en O2 à 80 % sur la diminution des complications de type ISO sans augmenter les complications pulmonaires chez les patients bénéficiant d’une chirurgie abdominale (50 % de cancers, 20 % de chirurgie gynécologique et 45 % de chirurgie colorectale). Cet essai multicentrique mené de 2006 à 2008 au Danemark a inclus 1400 patients opérés par laparotomie de façon élective ou en urgence, randomisés entre supplémentation à 80 % versus 30 % en O2 pendant l’intervention et deux heures après l’intervention. L’objectif principal était le taux d’ISO dans les 14 jours, les objectifs secondaires étaient le taux d’atélectasie, de pneumopathie, d’insuffisance respiratoire et de mortalité. Le taux d’ISO était de 19,1 % après utilisation d’O2 à 80 % vs 20,1 % avec de l’O2 à 30 % (OR 0,94 ; IC à 95 % 0,75–1,66 ; p = 0,64). De façon respective, les atélectasies sont survenues dans 7,9 % vs 7,1 % des cas (p = 0,60), les pneumopathies dans 6,0 % vs 6,3 % des cas (p = 0,82), les défaillances respiratoires dans 5,5 % vs 4,4 % des cas (p = 0,34) avec des taux de mortalité à 30 jours de 4,4 % vs 2,9 % (p = 0,13). À noter que pour maintenir une saturation correcte 7,1 % des patients du groupe 30 % d’O2 ont dû recevoir une concentration en O2 plus élevée. La conclusion des auteurs est que comparativement à la supplémentation en O2 à 30 %, la supplémentation à 80 % ne permet pas de réduire le taux d’ISO après chirurgie abdominale.


Mots clés : Obésité ; Chirurgie ; Diabète ; Méta-analyse


Références






[1] J Hosp Infect 2005 ; 60 : 93–103.


[2] N Engl J Med 2000 ; 342 : 161–7.


[3] JAMA 2005 ; 294 : 2035–42.


Comment faciliter l’insertion d’une sonde nasogastrique au cours d’une anesthésie générale ? En la congelant bien sûr ! Résultats d’un essai contrôlé


Chun DH, Kim NY, Shin YS, Kim SH.

A randomized, clinical trial of frozen versus standard nasogastric tube placement. World J Surg 2009 ; 33 : 1789-92.

Parfois l’insertion d’une sonde nasogastrique (SNG) chez un malade intubé et ventilé peut être difficile avec un enroulement de la SNG dans la bouche. La difficulté d’insertion est le plus souvent due au fait que la SNG qui est souple vient buter contre les sinus piriformes ou les cartilages aryténoïdes [1].


La SNG a été posée avec succès chez 44 des 50 malades (88 %) du groupe congelé et chez 29 des 50 malades (58 %) du groupe contrôle (p = 0,001). Le temps d’insertion de la SNG était en moyenne de 83 ± 44 secondes dans le groupe congelé et de 120 ± 133 secondes dans le groupe contrôle (p = 0,07). L’insertion de la SNG a entraîné un saignement bucconasal chez trois malades (6 %) du groupe congelé et six malades (12 %) du groupe contrôle (NS).

Les auteurs concluent que la congélation préalable permet de rigidifier la SNG et donc de faciliter ainsi son insertion chez un malade intubé et ventilé.


Mots clés : Estomac ; Anesthésie générale ; Sonde nasogastrique ; Congélation ; Essai randomisé


Référence






[1] Anesthesiology 1999 ; 91 : 137–43.


Nouvelle méta-analyse actualisée sur l’intérêt d’une préparation colique avant chirurgie colorectale B9782294713637000135/icon01-9782294713637.jpg is missing


Slim K, Vicaut E, Launay-Savary MV, Contant C, Chipponi J.

Updated systematic review and meta-analysis of randomized clinical trials on the role of mechanical bowel preparation before colorectal surgery. Ann Surg 2009 ; 249 : 203-9.


Les auteurs ont donc actualisé leur méta-analyse de 2004 [1] en incluant les données des essais récents les plus larges. Cette méta-analyse a porté sur 14 essais contrôlés sélectionnés parmi 87 disponibles permettant l’inclusion de 4859 malades. Parmi eux, 2452 avaient eu une préparation colique et 2047 n’en avaient pas eu. Le taux de fistule anastomotique qui était le critère de jugement principal pour la majorité des essais était de 4 % après préparation et de 3,44 % en l’absence de préparation (p = 0,46). Le taux d’abcès pelvien ou intra-abdominal était de 1,9 % après préparation et de 2,5 % en l’absence de préparation (p = 0,75). De même, la préparation n’avait pas d’influence significative sur le taux de mortalité opératoire, le taux d’infection de paroi, le taux d’infection extra-abdominale et le taux de réopération. Lorsque l’on considérait l’ensemble des infections du site opératoire, le taux était de 15,7 % après préparation et de 14,58 % en l’absence de préparation (p = 0,02). Les résultats restaient semblables lorsque l’on ne considérait que les études utilisant comme préparation le PEG ou que les études utilisant comme préparation le phosphate de sodium. Enfin les données sur le sous-groupe de malades ayant eu une chirurgie du rectum étaient trop peu nombreuses pour autoriser la réalisation d’une méta-analyse spécifique à cette chirurgie.

En conclusion, cette méta-analyse montre que la préparation colique, quelle qu’elle soit, n’avait aucun intérêt avant une chirurgie colique mais n’était pas non plus délétère comme cela avait été rapporté précédemment.



Références






[1] Br J Surg 2004 ; 91 : 1125–30.


[2] Arch Surg 2004 ; 139 : 1359–64.


[3] J Br J Surg 2007 ; 94 : 689–95.


[4] Lancet 2007 ; 370 : 2112–7.


Intérêt d’un programme de réhabilitation précoce en cas de résection colique par laparotomie : résultat d’un essai contrôlé multicentrique


Muller S, Zalunardo MP, Hubner M, Clavien PA, Demartines N, Zurich Fast Track Study Group.

A fast-track program reduces complications and length of hospital stay after open colonic surgery. Gastroenterology 2009 ; 136 : 842-7.

Plusieurs études ont suggéré l’intérêt d’un programme de réhabilitation précoce (PRP) en chirurgie colorectale mais son impact sur la morbidité opératoire n’a pas encore été démontré par un essai contrôlé de puissance suffisante [1-3]. Afin d’évaluer cet impact, les auteurs ont réalisé un essai contrôlé multicentrique chez 151 malades opérés à froid par laparotomie d’une colectomie segmentaire avec rétablissement de la continuité en un temps. Parmi eux, 76 avaient un PRP (groupe PRP) et 75 n’en n’avaient pas (groupe témoin). Dans les deux groupes, une péridurale analgésique était systématiquement utilisée, il n’était jamais utilisé de drainage ni laissé de sonde gastrique en postopératoire et les malades étaient mobilisés dès j1. Le PRP consistait en une limitation des perfusions en pré- et peropératoire, une reprise des boissons le soir de l’intervention, un arrêt des perfusions à j1, un apport de boissons protéinées pendant trois jours, et une reprise de l’alimentation solide à j1. Dans le groupe témoin, une perfusion de 2l était laissée en postopératoire pendant trois jours et l’alimentation orale n’était reprise qu’à j2 puis augmentée progressivement pour être normale à j4. La morbidité opératoire, qui était le critère de jugement principal, était de 17 % dans le groupe PRP et de 37 % dans le groupe témoin (p = 0,006). Le taux de complications chirurgicales était comparable dans les deux groupes (12 vs 21 %, p = 0,13) alors que le taux de complications médicales était significativement plus bas dans le groupe PRP (9 vs 28 %, p = 0,006). La durée d’hospitalisation médiane était de cinq jours dans le groupe PRP et de neuf jours dans le groupe témoin (p < 0,001). En analyse multivariée, les deux facteurs de risque de morbidité étaient l’échec de l’utilisation de la péridurale et l’importance des apports hydriques.



Mots clés : Colectomie ; Réhabilitation précoce ; Morbidité ; Essai randomisé


Références






[1] Dis Colon Rectum 2003 ; 46 : 851–9.


[2] Br J Surg 2005 ; 92 : 1354–62.


[3] Ann Surg 2007 ; 245 : 867–72.


[4] J Chir 2007 ; 144 : 191–6.


Intérêt d’un programme de réhabilitation précoce en chirurgie hépatique


Van Dam RM, Hendry PO, Coolsen MM, Bemelmans MH, Lassen K, Revhaug A, Fearon KC, Garden OJ, Dejong CH.

Initial experience with a multimodal enhanced recovery program in patients undergoing liver resection. Br J Surg 2008 ; 95 : 969-75.

Si l’intérêt d’un programme de réhabilitation précoce a beaucoup été étudié en chirurgie colorectale [1], il n’a été que peu étudié en chirurgie hépatique. Les auteurs ont donc évalué de manière prospective la faisabilité et l’intérêt d’un programme de réhabilitation précoce dans deux centres chez 61 malades (groupe REAB) sans hépatopathie chronique ayant eu une chirurgie hépatique le plus souvent pour métastases de février 2005 à août 2006. Ces 61 malades ont été comparés à 100 malades ayant eu une résection hépatique dans les mêmes centres au cours de l’année précédente (groupe témoin). Le programme de réhabilitation associait une utilisation sélective d’un drainage abdominal, une analgésie par voie péridurale pendant 48 heures, une mobilisation soutenue, la reprise d’une alimentation normale et un arrêt des perfusions dès le lendemain de l’intervention. La sortie de l’hôpital était envisagée à j3 si le taux de bilirubine était normal, si l’alimentation orale était bien tolérée, si la mobilité était suffisante et en cas de douleur bien contrôlée par des antalgiques oraux. Les malades des deux groupes étaient comparables pour l’âge, le sexe, le score ASA, la pathologie hépatique et le type de résection effectuée, qui était une hépatectomie majeure chez la majorité des malades. La durée opératoire était significativement plus courte dans le groupe REAB (220 min versus 270 min, p < 0,001) et un drainage abdominal n’était réalisé que chez 2 % des malades du groupe REAB contre 66 % des malades du groupe témoin (p < 0,001). La mortalité et la morbidité opératoires étaient comparables dans les deux groupes. La durée médiane d’hospitalisation, incluant les réadmissions éventuelles, était de six jours dans le groupe REAB versus huit jours dans le groupe témoin (p < 0,001). Dans le groupe REAB, 29 malades (48 %) étaient sortis avant j5. Le délai médian de la reprise d’une alimentation était d’un jour dans le groupe REAB et de trois jours dans le groupe témoin (p < 0,01). Le taux de réadmission était de 13 % dans le groupe REAB et de 10 % dans le groupe témoin (ns).

Les auteurs concluent qu’un programme de réhabilitation précoce est faisable et sûr en chirurgie hépatique et permet de diminuer significativement la durée d’hospitalisation.



Références






[1] Br J Surg 2006 ; 93 : 800–9.


[2] Scott Med J 2008 ; 53 : 22–4.


[3] Ann Surg 2004 ; 240 : 1074–84.


Intérêt du drainage biliaire préopératoire pour cancer de la tête du pancréas


Van der Gaag NA, Rauws EA, Van Eijck CH et al.

Preoperative biliary drainage for cancer of the head of the pancreas. N Engl J Med 2010 ; 362 : 129-37.

Le drainage biliaire préopératoire, initialement introduit dans le but d’améliorer les suites opératoires chez les patients avec ictère rétentionnel sur obstacle tumoral pancréatique [1], a un bénéfice incertain. Cet essai randomisé multicentrique a comparé chez 202 patients porteurs d’un ictère obstructif, avec taux de bilirubinémie entre 40 et 250 μmol/L, le drainage biliaire préopératoire pour quatre à six semaines avant la chirurgie (n = 106) versus chirurgie première dans la semaine suivant le diagnostic (n = 96). Six patients ont été exclus de l’analyse du fait d’un non-respect des critères d’inclusion (n = 4) ou d’un retrait du consentement (n = 2). Le drainage biliaire préopératoire était tenté primitivement par cathétérisme rétrograde endoscopique et mise en place de prothèse. L’objectif primaire était le taux de complications sévères dans les 120 jours suivants la randomisation. Les taux de complications sévères étaient de 39 % (n = 37) dans le groupe chirurgie précoce versus 74 % (n = 75) dans le groupe drainage biliaire (RR = 0,54, IC à 95 % 0,41–0,71, p < 0,001). Le drainage biliaire préopératoire était un succès dans 94 % des cas (n = 96) après un ou plusieurs essais, avec des complications dans 46 % des cas (n = 47, essentiellement cholangite, nécessité de changement de prothèse, occlusion de celle-ci). Les complications liées à la chirurgie sont survenues dans 37 % des cas (n = 35) dans le groupe chirurgie versus 47 % (n = 48) dans le groupe drainage biliaire préopératoire (RR = 0,79, IC à 95 % 0,57–1,11, p = 0,14), essentiellement de type gastroparésie, fistule pancréatique, infection de paroi. La mortalité (7 %) et la durée d’hospitalisation ne différaient pas significativement entre les groupes. Le taux de réadmission pour complication était significativement plus élevé dans le groupe drainage versus chirurgie première (39 % vs 19 %). Les auteurs concluent que le drainage biliaire systématique préopératoire, pour les patients devant bénéficier d’une chirurgie pour cancer de la tête du pancréas, augmente le taux de complications.

May 4, 2017 | Posted by in CHIRURGIE | Comments Off on Autres

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