Fièvre au cours de la grossesse
Définition et physiologie
On appellera fièvre une température supérieure à 38 °C. Toute fièvre doit être explorée et traitée avec attention pour différentes raisons. La première est le retentissement de cette infection sur la mère avec les risques de chocs septiques. La deuxième est le retentissement sur la grossesse car une fièvre peut être à l’origine de contractions utérines pouvant être une menace d’accouchement prématuré. Ensuite la fièvre modifie le rythme cardiaque fœtale entraînant une tachycardie supérieure à 180 bpm et peut même être à l’origine d’embryopathies, de fœtopathies voire d’une mort fœtale in utero. Enfin, il faut toujours craindre une infection fœtale transplacentaire (toxoplasmose, CMV, rubéole, etc.) ou l’infection de l’œuf : la chorio-amniotite en particulier en cas de rupture des membranes imposant l’extraction fœtale à cause de mort fœtale in utero.
À l’origine de cette fièvre, on trouvera toutes causes de fièvre; ce qui implique un examen clinique systématique complet de la femme à la recherche de causes non en rapport avec la grossesse comme les angines, les pneumopathies, voire les méningites. Pendant la grossesse, les causes que l’on recherchera plus particulièrement, du fait soit de leur fréquence, soit de leur potentielle gravité, sont la pyélonéphrite aiguë, la listériose et la chorio-amniotite aiguë. Il convient également de vérifier les sérologies toxoplasmose, CMV, rubéole voire hépatites (voir fiches spécifiques).
Pyélonéphrite aiguë
Définition et physiologie
Pendant la grossesse, les cystites aiguës asymptomatiques sont fréquentes, en particulier chez les femmes diabétiques, que l’on recherchera systématiquement lors de l’examen de la bandelette urinaire avec la réalisation d’un ECBU au moindre doute. Il existe aussi une hypotonie des voies urinaires supérieures en particulier du côté droit. En effet, la dextrorotation naturelle de l’utérus fait que l’utérus va comprimer l’uretère droit, pouvant entraîner une symptomatologie proche de la colique néphrétique. Ces deux facteurs, les cystites asymptomatiques et l’hypotonie des voies urinaires favorisent l’infection des voies urinaires hautes (ou pyélonéphrites aiguës).
Diagnostic
Examen clinique
Fièvre supérieure à 38 °C, douleurs lombaires augmentées à l’ébranlement de la fosse lombaire.
Les symptômes urinaires notamment les brûlures mictionnelles peuvent manquer.
La bandelette urinaire est nettement positive.
Bilan complémentaire
▸ Bilan biologique
• ECBU.
• NFS plaquettes : hyperleucocytose.
• CRP augmentée.
• 3 séries d’hémocultures.
▸ Imagerie
Échographie rénale pour rechercher, des signes de pyélonéphrites aiguë et des complications : abcès rénale ou pyélonéphrite sur lithiase imposant la montée d’une sonde double J.
À noter : L’hyperleucocytose est physiologique pendant la grossesse et peut atteindre 15 000 GB en dehors de toute infection.
Traitement – Comprendre les prescriptions
Mesures générales
Hospitalisation en grossesse pathologique pour débuter l’antibiothérapie par voie veineuse.
Le germe le plus souvent responsable est l’Escherichia coli.
Médicaments
Antibiothérapie : Rocéphine associée à la Gentamycine en cas d’infection sévère malgré les risques de nephrotoxicité et d’ototoxicité fœtales.
Le traitement par voie veineuse sera poursuivi jusqu’à 48 heures après obtention de l’apyrexie et adapté à l’antibiogramme. Il sera poursuivi per os pour une durée totale de 21 jours soit par Clamoxyl soit par Oroken.