9 Pathologie du cou
PATHOLOGIE DE LA RÉGION CERVICALE SUPRAHYOÏDIENNE
ABCÈS TONSILLAIRE
Diagnostic différentiel
Infection sévère et aiguë à Epstein-Barr.
Dans les cas unilatéraux : extension d’une infection à partir d’un abcès odontogénique ou parapharyngé.
Plus volontiers en l’absence de signe clinique d’infection : hyperplasie lymphoïde asymétrique, kyste de rétention tonsillaire (collection liquidienne sans prise de contraste capsulaire), lymphome (p. ex. non hodgkinien), lésions malignes.
Points à évaluer
Développement lymphoprolifératif d’autres ganglions en cas d’infection systémique ou de lymphome, signes d’infiltration.
Attention à l’obstruction des voies aériennes et à l’extension aux espaces parapharyngés, au sinus caverneux (thrombose) ou aux espaces cervicaux (pré)vertébraux.
CARCINOME TONSILLAIRE
Diagnostic différentiel
Infections chroniques avec adénopathies unilatérales (VIH, syphilis, amygdalite tuberculeuse, Plaut-Vincent), pathologies granulomateuses, maladies aphteuses, abcès parapharyngé, lymphome.
Points à évaluer
Le staging repose sur l’élargissement et l’aspect pathologique des ganglions, la bilatéralité et l’extension controlatérale de la lésion.
Du fait de l’atteinte ganglionnaire, des infections doivent aussi être envisagées. Cependant, une présentation unilatérale exclut les infections systémiques.
Les lymphomes peuvent initialement se présenter sous forme d’adénopathies unilatérales.
TUMEUR OROPHARYNGÉE, BASE DE LANGUE
Diagnostic différentiel
Tumeurs bénignes et malignes (épidermoïde, glandes salivaires), lymphome, maladies granulomateuses (Wegener, sarcoïdose), infections (VIH, syphilis, tuberculose, Plaut-Vincent).
Points à évaluer
Le staging repose sur l’élargissement et l’aspect pathologique des ganglions, la bilatéralité et l’extension controlatérale de la lésion.
Les lymphomes (non hodgkiniens) peuvent initialement se présenter comme des adénopathies unilatérales et des lésions ulcérées.
Recherche de pathologies systémiques et d’adénopathies dans d’autres régions ainsi que de tumeurs secondaires siégeant dans l’hypopharynx et le larynx.
Garder à l’esprit que des (micro)métastases peuvent être radiologiquement occultes.
TUMEURS MALIGNES MULTIPLES SYNCHRONES
Diagnostic différentiel
Tumeurs malignes (épidermoïdes, glandes salivaires), maladies du cercle de Waldeyer : lymphome, maladies granulomateuses (Wegener, sarcoïdose), infections (VIH, syphilis, tuberculose, Plaut-Vincent).
Points à évaluer
Le staging repose sur l’élargissement et l’aspect pathologique des ganglions, la bilatéralité et l’extension controlatérale de la lésion.
Les lymphomes (non hodgkiniens) peuvent initialement se présenter comme des adénopathies unilatérales et des lésions ulcérées.
Rechercher une pathologie systémique et des adénopathies dans d’autres régions.
Garder à l’esprit que des (micro)métastases peuvent être radiologiquement occultes.
Fig. 9.4 a–c Fumeur sévère et alcoolique se plaignant d’avoir mal à la gorge.
b. TDM avec injection de contraste intraveineux, coupe coronale. Chez le même patient, une autre tumeur est aussi visible dans l’hypopharynx (1). La carotide primitive et la veine jugulaire interne sont patentes à ce niveau.
ABCÈS PARAPHARYNGÉ
Diagnostic différentiel
Métastases ganglionnaires nécrosées, lymphadénite, infections mycobactériennes, kyste (épi)dermoïde infecté ou kyste branchial, laryngocèle (habituellement de siège plus inférieur).
Points à évaluer
Le signe radiologique témoin de l’atteinte des espaces parapharyngés est la disparition ou la compression de la graisse.
À côté des importants signes cliniques d’infection, le contenu hypodense de la lésion et sa paroi rehaussée par le contraste peuvent aider à faire le diagnostic d’abcès.
Attention au danger d’obstruction des voies aériennes et d’extension aux espaces parapharyngés, au sinus caverneux (thrombose) ou aux espaces cervicaux (pré)vertébraux.
LYMPHADÉNITE COLLI
Diagnostic différentiel
Adénopathie réactionnelle. Agents infectieux primitifs variés : bactériens, viraux, fongiques, mycobactériens, toxoplasmose, maladie des griffes du chat, syphilis. Lymphome. Sarcoïdose (parfois avec calcifications). Métastases avec nécrose centrale.
Points à évaluer
Les ganglions infectés présentent habituellement une prise de contraste homogène.
Une cavitation peut traduire des infections mycobactériennes ou des métastases nécrosantes.
Attention à l’extension de l’infection en dehors des ganglions (espaces parapharyngés, thrombose du sinus caverneux).
LYMPHOME NON HODGKINIEN
Points à évaluer
Fig. 9.9 a–d Patient avec élargissement et ulcération de la tonsille droite, et adénopathie cervicale.
c, d. IRM pondérée en T2 (c) et T1 avec injection de gadolinium (d), coupe axiale. Plus bas, l’adénopathie en secteur II a un aspect non homogène en T2 (1), confirmé par une prise de contraste hétérogène (2). La capsule du ganglion est intacte (il n’y a pas d’extension extracapsulaire). L’histopathologie a révélé une lésion non hodgkinienne.
PARAGANGLIOME DU CORPUSCULE CAROTIDIEN
Diagnostic différentiel
Tumeur glomique vagale, paragangliome jugulotympanique, hémangiopéricytome, tumeurs des glandes salivaires, schwannome ou neurofibrome (très rare). Moins probables du fait de leur contenu hypodense non rehaussé par le contraste : kystes branchiaux, lymphangiome, kyste dermoïde, lipome.
Points à évaluer
La tumeur du glomus vagal peut être associée à un déplacement des carotides interne et externe ; cependant dans la plupart des cas, il ne se situe pas à la bifurcation carotidienne mais plutôt dans les espaces parapharyngés. Une atteinte des IX, X et XI peut être associée à ces lésions en particulier en cas de paragangliome jugulotympanique qui survient initialement dans la région du foramen jugulaire et qui peut aussi s’associer à des acouphènes.
La tumeur peut être présente dans des localisations multiples dans les paragangliomes (familiaux) ainsi que dans la neurofibromatose.
KYSTE BRANCHIAL
Diagnostic différentiel
Laryngocèle, lymphangiome kystique (septa), lymphome ou métastases avec nécrose centrale (fréquemment adénopathies multiples), et kyste dermoïde (contenu graisseux). Des diagnostics moins probables du fait de l’aspect de la lésion sur la fig. 9.11 sont les abcès (infiltration périlésionnelle), les hémangiomes ou les paragangliomes, et les lipomes.
Fig. 9.11 a, b Patient présentant une tuméfaction fluctuante cervicale droite sans autre plainte associée.
TDM avec injection de contraste intraveineux, coupes coronale (a) et axiale (b). Noter la lésion hypodense, kystique, bien limitée (1) avec une capsule rehaussée par le contraste (2) qui est épaissie, probable reflet d’une infiltration lymphocytaire ou d’infections antérieures. Ce siège est typique d’un kyste branchial. En général, il se situe en arrière de la glande submandibulaire (3), latéral à la veine jugulaire (4) et à la carotide externe (5) et en avant du sternocléidomastoïdien (6) où la fistule, si elle existe, s’ouvre fréquemment.
Points à évaluer
Si elle existe, l’ouverture interne de la fente se situe dans la fosse tonsillaire (kyste branchial de la deuxième fente) ou à la partie supérieure du sinus piriforme (kyste branchial de la troisième fente).
D’autres diagnostics différentiels doivent être envisagés en cas de présence de septa intralésionnels, d’une capsule épaisse et irrégulière avec signes d’infiltration périlésionnelle et en fonction de la densité du contenu.
Le carcinome papillaire de la thyroïde a une tendance aux métastases ganglionnaires d’aspect kystique. Lorsqu’elle est unique, un tel ganglion peut simuler un kyste branchial.
LYMPHANGIOME KYSTIQUE
Diagnostic différentiel
Dans les cas discrets, la lésion peut être découverte de façon fortuite à l’imagerie. D’autres diagnostics sont alors possibles : kyste branchial, laryngocèle, atteinte des glandes salivaires (sialadénite).
Moins probables et fonction de l’aspect de la lésion et de son contenu : petits abcès, métastases ganglionnaires nécrosées, lymphadénite, lymphome, infections mycobactériennes, hémangiome, paragangliome, schwannome, kyste dermoïde, lipome.
Points à évaluer
Présence de signes d’infections antérieures, compression des structures vitales et risque d’obstruction des voies aériennes, atteinte vasculaire ou nerveuse.
Chez les nouveau-nés, un lymphangiome peut grossir rapidement et de façon extensive entraînant des déformations considérables.