9: Anxiété et psychothérapie de soutien

Chapitre 9 Anxiété et psychothérapie de soutien



L. Schmitt


L’anxiété représente l’émotion humaine la plus fréquente. Cette émotion est nécessaire ; elle permet d’anticiper certaines difficultés, apporte de la prudence aux individus et les motive face à des échéances ou des performances professionnelles, universitaires, etc. On considère que l’anxiété représente une émotion intellectuelle et que l’angoisse ajoute à la dimension cognitive tous les symptômes corporels trop connus : oppression respiratoire, tremblements, difficultés de déglutition, douleurs abdominales, palpitations ou hypersudation, etc. Lorsque l’anxiété est contextuelle, déclenchée par une menace ou une situation inquiétante, on parle d’anxiété « état ». Lorsqu’il s’agit d’une caractéristique durable d’un individu, d’une typologie de personnalité, on parle d’une anxiété « trait », dont une forme commune serait le trouble anxieux généralisé, alors que l’attaque de panique serait plus proche de l’anxiété « état ». Il existe un très grand nombre de troubles anxieux : phobies spécifiques, phobies sociales, troubles anxieux généralisés, troubles paniques, état de stress aigu, état de stress post-traumatique, troubles obsessionnels compulsifs. Ces troubles peuvent s’associer entre eux, et les plus fréquents sont les phobies avec une prévalence sur la vie de 12 %, l’état de stress post-traumatique se situe à 5 à 8 % et le trouble anxieux généralisé se retrouve dans 6 % de la population générale. Il n’est pas rare qu’une personne anxieuse présente plusieurs troubles. Certains troubles sont aigus, comme les attaques de panique ou les états de stress aigus après un événement. D’autres durent plusieurs mois, comme les troubles anxieux généralisés, les phobies ou les troubles obsessionnels. D’autres, enfin, associent les crises aiguës à des états de long cours. Quel que soit le trouble, l’élément nucléaire comporte une association de soucis, d’inquiétudes et d’appréhension. Tout événement nouveau, tout changement, toute nouvelle font l’objet d’une réflexion et d’une prise de conscience dominée par la crainte d’une évolution négative ou d’un événement péjoratif. Ces troubles anxieux partagent de nombreux points communs : ils se succèdent tout au long du développement de l’individu, de son enfance à l’âge adulte, ils s’intriquent, certains s’apaisent, d’autres se déplacent et prennent une autre forme. Toute psychothérapie de soutien sera conçue comme une succession de quelques séquences. Elles se dérouleront en cinq ou six entretiens chez un patient venant consulter pour des troubles psychiques ou physiques relevant de l’anxiété.



Aider le patient à comprendre son état


Dans un grand nombre de cas, le patient sait ou bien sent confusément qu’il éprouve des symptômes anxieux. La première étape relève d’une verbalisation cathartique. Chez beaucoup de sujets anxieux, cette verbalisation s’avère abondante, et elle occupera tout le champ de la rencontre si on ne la canalise pas.




Quels en sont les facteurs déclenchants ?


Les facteurs déclenchants de l’anxiété font naturellement partie des interrogations permanentes auxquelles se livre tout être humain pour comprendre l’origine d’un symptôme. Toute personne anxieuse essaie naturellement de relier l’apparition de son trouble à des événements ou des facteurs qui en représenteraient l’origine.


Les évenements de la vie sont nombreux. Il faut souligner que tout évenement de vie n’est pas traumatique. Un traumatisme est défini par quatre caractéristiques : il est imprévisible, survient brutalement, ne fait pas partie de l’ordre naturel des événements attendus, et met la vie en danger. Les traumatismes regroupent les accidents, les agressions, les viols, les catastrophes naturelles, industrielles, les situations de guerre, etc.


Des événements de vie moins sévères que des traumatismes sont représentés par des deuils, la crainte d’une maladie, l’approche d’un examen ou une séparation. D’autres encore correspondent à des transitions existentielles. Il peut s’agit d’un mariage, d’un éloignement, d’un veuvage ou de la naissance d’un enfant.


Dans bien des cas, ce que l’on considère comme une cause, un événement déclenchant, n’est qu’un alibi. Les sujets sont des personnes anxieuses mais avaient réussi à maîtriser leur anxiété, et l’événement nouveau représente une forme de stress qui ravive des traits de fonctionnement jusque-là quiescents et dominés.


Cependant, la verbalisation de ces facteurs déclenchants permet de donner une compréhension logique à des phénomènes qui apparaissent irrationnels. Cela fonctionne comme une clarification pour le sujet. Les thérapies cognitives utilisent ce mécanisme, elles amènent les sujets à inscrire dans des colonnes les situations sources d’anxiété, les pensées, les émotions et les comportements, en définissant ce qui est fréquent et ce qui est rare. Chemin faisant, le sujet découvre des circonstances qui expliquent son anxiété. Les thérapies dynamiques, elles, essaient de rattacher ces vécus anxieux à des sentiments de menace contre le moi : la crainte d’une maladie qui ferait redouter la mort, la peur de perdre la raison. Ou bien, il peut s’agir d’éléments faisant écho à des pertes antérieures, des vicissitudes de la sexualité, comme une séparation, ou la crainte d’une infidélité.


Apr 23, 2017 | Posted by in MÉDECINE COMPLÉMENTAIRE ET PROFESSIONNELLE | Comments Off on 9: Anxiété et psychothérapie de soutien

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