Chapitre 8 Rhinoplastie de réduction : la culture du naturel retravaillé
Introduction
Le nez refait doit être naturel et cette culture du naturel retravaillé doit s’adapter à chaque cas.
Planification géométrique et artistique
Les exigences de la rhinoplastie correctrice
La rhinoplastie correctrice répond à de multiples exigences :
• l’abaissement de la ligne de profil générale. En rhinoplastie primaire, les déformations de l’arête sont représentées dans la très grande majorité des cas par des cyphoses nasales. Sur 300 rhinoplasties étudiées [1], nous avons noté 54,3 % de cyphoses, avec 29,3 % de cyphoses globales, 15,6 % de cyphose haute, 5,5 % de déformation en S et seulement 3,9 % de comblement de l’angle nasofrontal (ANF) ;
• le raccourcissement de la ligne de profil ;
• le rétrécissement de la largeur de la pyramide nasale qui va nécessiter le plus souvent d’effectuer des ostéotomies latérales.
Construction du projet
Toute rhinoplastie doit comporter des photographies préopératoires de qualité en six incidences : face et profils stricts droit et gauche, trois quarts droit et gauche, vue basale.
Nous établissons le projet au verso d’une photographie de profil préopératoire en traçant les contours du visage. On y trace les lignes des différents angles de normalité de la face et du nez (fig. 8.1).
Nous avons tenté de simplifier cette construction [2]. En effet, de très nombreuses constructions ont été rapportées dans la littérature [3].
• Nous traçons une première ligne passant par le conduit auditif externe et l’angle externe de l’œil, puis une autre entre le front et le menton. L’intersection de ces deux lignes (construction de Senéchal et Oulié) donne la position de l’ANF. L’ANF, chez la femme, se situe 2 à 3 mm en arrière de l’intersection de ces deux lignes.
• La projection de la pointe du nez reprend la construction de Gunter [4]. Nous traçons une ligne verticale tangente au sillon alofacial, puis une seconde ligne verticale est tangente au bord antérieur de la lèvre supérieure. Une pointe normoprojetée ne doit pas dépasser 50 % de la longueur (fig. 8.2).
• Nous rejoignons le point de l’ANF à celui obtenu pour la pointe et nous obtenons une ligne de profil idéal (fig. 8.3). L’angle formé par la tangente front et menton avec la ligne marquant le dos du nez doit être compris entre 30 et 35° selon Sheen [5].
• L’angle nasolabial est déterminé par le plan columellaire et celui de la lèvre supérieure. Il varie entre 90 et 110°. Cet angle est plus ouvert chez la femme que chez l’homme.
• Enfin, les contours des ailes du nez (ailes pendantes) et des orifices narinaires (columelle pendante) seront modifiés sur le papier.
Fig. 8.3 Ligne de profil idéal : anglé formé par la tangente front–menton et la projection de la pointe (30–35° selon Sheen [5]).
De face, pour apprécier l’axe de la pyramide nasale, nous utilisons la construction suivante (fig. 8.4). Une ligne perpendiculaire est tracée à partir du milieu de la ligne pupillaire. Cette perpendiculaire doit normalement passer par le milieu de la glabelle et séparer le nez en deux parties égales dans le sens sagittal, puis passer par le philtrum et enfin l’arc de cupidon. Le nez est considéré comme dévié si tout ou une partie du nez passe préférentiellement d’un côté de cet axe sagittal.
Au terme de la construction du projet, celui-ci est exposé et discuté avec le patient (fig. 8.5).
Deux rendez-vous de consultation sont nécessaires avant de retenir une date d’intervention.
Examen clinique
Examen du visage
La face est analysée dans son ensemble :
• examen des repères morphométriques ;
• recherche d’une asymétrie faciale ou d’une anomalie des bases osseuses.
On examine de quelle manière le nez s’intègre dans le visage du patient.
Examen de la pyramide nasale
Inspection
Il s’agit d’apprécier la qualité du revêtement cutané (épaisseur et élasticité). Par un examen dynamique, on recherche aussi la chute de la pointe du nez au sourire et on inspecte la région sous-labiale supérieure (positionnement du frein de la lèvre).
Technique chirurgicale : la minirhinoplastie
C’est un concept créé par l’école marseillaise [6], qui est applicable aux nez peu déformés. La bosse ostéocartilagineuse importe peu dans cette technique.
Ce type de nez représente en moyenne plus de 60 % des cas de rhinoplastie selon le mode d’exercice.
Technique
L’infiltration est menée selon la technique habituelle de façon à ne pas masquer les reliefs.
On conseille d’attendre une dizaine de minutes avant de prendre le bistouri.
Abord endonasal : incision transcartilagineuse
L’intervention débute par le modelage de la pointe du nez en réséquant une bande cartilagineuse au bord supérieur de la crus latérale du cartilage alaire. On réalise l’exposition du vestibule nasal pour l’emploi d’un crochet double tenu par l’opérateur tandis que son index réalise un contre-appui cutané (fig. 8.7). À l’aide d’une lame froide de bistouri, on transfixe la muqueuse vestibulaire et le cartilage sous-jacent selon une ligne parallèle à la plica nasi, mais positionnée 2 à 3 mm plus haut que dans l’incision intercartilagineuse (fig. 8.8). Un crochet simple saisit la tranche de section inférieure et, à l’aide du ciseau, on sépare la muqueuse vestibulaire du cartilage, puis on sectionne verticalement l’extrémité postérieure du cartilage alaire afin de respecter le prolongement postérieur (fig. 8.9). L’exérèse de la bande cartilagineuse se termine au moyen de ciseaux angulés en respectant le dôme (fig. 8.10).
Fig. 8.9 Section postérieure de la baguette cartilagineuse en respectant la queue de la crus latérale.