8: Quelles demandes orientent vers une psychothérapie de soutien ?

Chapitre 8 Quelles demandes orientent vers une psychothérapie de soutien ?



L. Schmitt


La question de la demande forme la pierre angulaire de l’indication d’une psychothérapie. Tout d’abord, il faut évoquer les situations de non-demande, quand la rencontre n’a pas été désirée par le patient. Elle lui est imposée par son son conjoint ou sa famille, l’employeur, la police dans une situation médico-légale. Dans ce contexte, le patient et le thérapeute connaissent des points de vue différents. Le patient banalise, fait preuve de réticence, minimise, omet certains faits ou les déguise. Le médecin ou le thérapeute, posent des questions, ils cherchent à mettre en évidence une situation problématique, à déceler une pathologie mentale ou une souffrance psychique. Ces entretiens sont difficiles : le patient ne coopère pas, et le thérapeute cherche une alliance thérapeutique improbable.


La reconnaissance par le patient qu’il a un problème définit un premier niveau de demande. Cette reconnaissance, aspécifique, se traduit par une demande apparente dans un registre corporel, organique, flou quand elle s’exprime chez un médecin. Le motif de la consultation s’organise autour d’une fatigue, de douleurs multiples, de difficultés de sommeil, d’un sentiment diffus de mal-être et d’épuisement. Si le médecin connaît déjà son patient et que des examens complémentaires ont déjà été effectués, il sent bien qu’il s’agit d’une demande apparente et qu’elle cache une demande réelle appartenant à un tout autre domaine. Cette reconnaissance initiale établissant un pont entre des plaintes corporelles et un mal-être psychique peut mettre plusieurs semaines ou plusieurs mois à se construire. Il n’est pas inutile de tenter de préciser cette demande, de la focaliser, d’autant plus qu’elle apparaît approximative et floue. En posant des questions proches de : « Qu’attendez-vous de moi ? » ou « En quoi puis-je vous être utile ? », on peut aider le demandeur à orienter ses attentes.


L’autre ingrédient majeur découle de la personne à qui est adressée la demande. Aucun thérapeute n’est interchangeable, le contexte et le destinataire d’une demande ne sont neutres en rien.



Tenter de définir une demande


Il existe plusieurs manières de classer les demandes. Elles se recoupent en partie.




La forme d’une demande est différente de sa fonction


Une autre manière d’aborder la demande s’intéresse à la distinction entre forme et fonction.


La forme de la plainte amène à approfondir la sémiologie. Cette plainte peut concerner de l’anxiété, des phobies, de la tristesse ou l’idéation suicidaire. Elle est déjà précise, s’inscrit dans le registre du psychisme, et amène à interroger sur des notions d’intensité et de durée. Mieux définir cette plainte avec d’autres symptômes associés permet de définir un diagnostic et au-delà de mettre en place des mesures thérapeutiques. Lorsque la forme de la plainte semble extrêmement diffuse, trop générale, mélangeant des aspects physiques tout en laissant planer l’idée d’une souffrance psychique, il faut préciser le contexte dans lequel cette plainte s’inscrit.


La notion de fonction associe une plainte et son contexte. La fonction d’un symptôme comprend deux niveaux. Le premier se situe dans l’explication immédiate : la tristesse à la suite d’un deuil, l’anxiété avant une évaluation, l’épuisement devant des situations difficiles et répétitives. Ce premier niveau explicatif comporte une valeur anthropologique. Le patient explique l’origine d’un symptôme et d’un mal-être à sa façon. Il existe un second niveau explicatif qui peut être sous-tendu par une théorisation. Des schémas de pensée répétitifs dont la conséquence est un sentiment permanent d’insuffisance en sont un exemple ; une dévalorisation parentale répétée au cours des schémas éducatifs et aboutissant à une culpabilisation par insuffisance en représente un autre.


Au-delà des différentes présentations intra- ou extrapsychiques, forme ou fonction, patient et thérapeute doivent s’accorder pour définir un ou des problèmes expliquant la demande. Une bonne partie du travail autour de la plainte consiste à repérer ce qui est sous-entendu dans la demande apparente et l’importance des demandes latentes non exprimées ou effleurées. Il peut arriver que le thérapeute éprouve le sentiment d’une demande « écran de fumée » : un accord a été obtenu sur un travail autour d’une demande apparente mais, très vite, des aspects cachés, méconnus et parfois indicibles vont s’exprimer – homosexualité latente, idées délirantes, perceptions hostiles du monde environnant, rivalité fraternelle.

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Apr 23, 2017 | Posted by in MÉDECINE COMPLÉMENTAIRE ET PROFESSIONNELLE | Comments Off on 8: Quelles demandes orientent vers une psychothérapie de soutien ?

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