Chapitre 8 Autres signes
La reconnaissance des lésions élémentaires nécessite une inspection attentive, aidée d’une palpation. Quelques moyens simples permettent d’affiner le diagnostic et peuvent fournir des renseignements supplémentaires.
Vitropression
Elle consiste à appliquer fermement un objet transparent (verre ou plastique) contre la lésion cutanée permettantainsi de la « vider » de son sang (la pression exercée chassantle sang des vaisseaux superficiels). Les érythèmes vasoactifssont ainsi blanchis puisqu’ils résultent exclusivementd’une vasodilatation, alors que la rougeur liée au purpura (= extravasation de globules rouges liée à une hémorragiecutanée) persiste (cf. fig. 4-8). Cette technique permet également de voir la véritable couleur de certaines lésions très vascularisées, dont la couleur reste souvent cachée par la teinte rouge vif de l’hémoglobine (ex. : naevus de Spitz, généralement rouge et dont la teinte brune apparaît seulement après vitropression, fig. 8-1). Parfois, la vitropression de certaines lésions laisse apparaître une couleur jaune brun; ces lésions sont dites lupoïdes (ex. : lupus tuberculeux, sarcoïdose, fig. 8-2).
Examen en lumière de Wood
Il consiste à examiner en lumière « ultraviolette » (λ = 400 nm) la peau à l’obscurité. La pigmentation cutanée épidermique est exagérée, accentuant ainsi le contraste entre la peau normale et des zones dépigmentées (ex. : vitiligo, leucodermies chimiques, piébaldisme). Cette technique peut être utilisée pour une recherche rapide de porphyrines dans les urines, qui apparaissent roses après acidification en lumière de Wood. Enfin, l’examen en lumière de Wood fait apparaître une fluorescence caractéristique dans plusieurs dermatoses infectieuses : fluorescence rouge corail dans l’érythrasma, fluorescence verte dans les dermatophytoses à Microsporum et le favus, fluorescence jaune verte dans les infections à Pseudomonas. L’application d’une solution de tétracycline ou de fluorescéine suivie d’un examen en lumière de Wood permet une recherche des sillons en cas de suspicion de gale.
Application de certaines substances sur la peau
Elle permet parfois d’obtenir des renseignements utiles :
Stimulation linéaire
Ferme, à l’aide d’une pointe mousse, elle permet de rechercher un dermographisme (cf. fig. 12-20). La friction de certaines lésions provoque une réaction urticarienne, appelée signe de Darier, caractéristique des mastocytoses (cf. fig. 15-69 et 15-70).
Traction de la peau
Une traction de la peau normale et/ou péribulleuse permet parfois de provoquer un décollement cutané (fig. 8-3) : ce signe de Nikolsky se produit dans les maladies bulleuses intraépidermiques, dans la nécrolyse épidermique toxique (syndrome de Lyell) et dans certaines maladies bulleuses jonctionnelles (épidermolyse bulleuse acquise). Une bulle qui s’étend alors que l’on exerce une pression verticale sur son sommet est un équivalent, appelé signe d’Asboe-Hansen.