Chapitre 7 Voies d’accès de la septorhinoplastie
Introduction
Les différentes voies d’accès sont :
• les voies d’abord vestibulaires endonasales, parmi lesquelles on retrouvera :
• les voies d’abord externes associant une incision transcolumellaire rejoignant de chaque côté une incision marginale ;
Voies d’accès vestibulaires endonasales
Les voies d’accès endonasales encore appelées dissimulées sont les plus anciennement connues dans le domaine de la rhinoplastie. Elles offrent l’avantage de ne pas entraîner de cicatrice externe visible, mais il est important qu’elles soient parfaitement bien réalisées afin de ne pas entraîner de cicatrisation pathologique au niveau de la muqueuse ou de la peau vestibulaire.
Incision hémitransfixiante
C’est une voie d’accès très intéressante pour la réalisation de la septoplastie telle qu’elle a été notamment décrite par Cottle [1]. Cette incision qui est courte, centrée sur le bord caudal du septum que l’on fait saillir avec la valve du spéculum (fig. 7.1), permet d’exposer la totalité du septum cartilagineux (fig. 7.2) et osseux et de réaliser dans d’excellentes conditions les deux tunnels supérieurs et les deux tunnels inférieurs décrits dans la technique princeps de Cottle (fig. 7.3 et 7.4). Elle permet, après avoir libéré le « plan magique », d’exposer parfaitement l’épine nasale antérieure sans entraîner de problème ni de saignement, ni de cicatrisation ultérieure.
Fig. 7.2 Incision hémitransfixiante montrant le décollement sous-périchondral et l’exposition du septum.
Incision interseptocolumellaire
Cette incision peut être hémitransfixiante ou transfixiante. Elle se situe au bord inférieur du cartilage quadrangulaire de façon à ne pas léser le septum membraneux et permet ainsi de conserver une bonne mobilité de la partie inférieure du nez et notamment de la région columello-apicale (fig. 7.5). Le bord inférieur du septum se rapproche des crus mésiales d’avant en arrière. Il faudra donc placer son incision, en général effectuée au bistouri lame 15, parfaitement parallèle au bord caudal du septum sans entraîner en arrière de section des crus mésiales (fig. 7.6). De toute façon, il n’est pas souhaitable de poursuivre trop loin cette incision car le décollement permet de parfaitement visualiser toute la région de l’angle nasolabial sans difficulté. Cette incision interseptocolumellaire sera la plupart du temps prolongée latéralement soit par une incision intercartilagineuse, soit par une incision transcartilagineuse.
Incision intercartilagineuse
C’est une incision extrêmement classique de voie d’accès des septorhinoplasties, le plus souvent en prolongement de l’incision interseptocolumellaire décrite dans le paragraphe précédent. Cette incision doit se placer à la jonction entre la peau et la muqueuse vestibulaire quelques millimètres en avant de la saillie du cartilage latéral supérieur (fig. 7.7), appelé à ce niveau plica nasi [2]. Il ne faut en aucun cas inciser directement sur la région de la valve interne car on risque de s’exposer à des troubles cicatriciels postopératoires, avec une tendance à la fermeture de la valve (fig. 7.8).
Fig. 7.7 Incision intercartilagineuse qui se situe quelques millimètres en arrière de la plica nasi.
Par cette voie d’accès, on peut exposer le cartilage latéral inférieur par voie dite « rétrograde » (fig. 7.9). La dissection de la face supérieure du cartilage inférieur se fait en général au ciseau en restant au contact du périchondre. La dissection de la peau vestibulaire se fait à l’aide d’un crochet double et de l’index faisant saillir la peau vestibulaire dans l’orifice narinaire. Un crochet de Gillies tend la peau qui est libérée du cartilage avec des ciseaux fins. On expose ainsi en rétrograde la surface de cartilage latéral inférieur que l’on souhaite réséquer quand l’on cherche à obtenir une pointe plus fine et mieux définie.
Incision transcartilagineuse
Cette incision a été décrite il y a de nombreuses années ; elle a été prônée notamment par G.C. Peck [3] qui en faisait sa technique de choix. Elle offre l’avantage de préserver l’intégrité de la valve nasale interne et donne une exposition excellente sur le cartilage latéral inférieur. Elle peut être associée à la voie interseptocolumellaire décrite plus haut. Elle permet de voir directement et parfaitement bien la zone de crus latérale que l’on veut régulariser. La position de cette incision ne pose en général pas de problème. Il faut utiliser un crochet double et l’index pour faire apparaître la peau vestibulaire dans l’orifice narinaire (fig. 7.10) ; elle est effectuée au bistouri lame 15 au niveau même où l’on souhaite effectuer la résection cartilagineuse. Lors de cette incision, il faut toujours vérifier le rebord narinaire afin de ne pas le blesser avec la partie supérieure de la lame du bistouri. On peut éventuellement utiliser une aiguille transfixiante située au niveau exact où l’on souhaite effectuer la résection cartilagineuse. Une fois l’incision pratiquée en restant bien parallèle au rebord narinaire, on libère la peau vestibulaire sans difficulté au ciseau pointu, puis on effectue la section du cartilage de la crus latérale exactement au niveau souhaité (fig. 7.11). La dissection de la face supérieure ne pose aucun problème particulier puisqu’elle est effectuée à la vue, et on peut ainsi pratiquer l’extériorisation de la surface exacte de crus du cartilage latéral inférieur que l’on souhaite réséquer (fig. 7.12). Il faut bien sûr rester vigilant sur la surface de cartilage restant qui doit être au minimum de 4 à 5 mm de hauteur afin d’assurer une bonne tenue des arches narinaires (fig. 7.13).
Incision infracartilagineuse ou incision marginale
Cette incision doit suivre le bord inférieur du cartilage latéral inférieur qui n’est pas strictement parallèle au rebord narinaire dont il a tendance à se rapprocher de dehors en dedans. L’utilisation d’un rétracteur narinaire permet d’exposer parfaitement ce bord inférieur du cartilage et d’effectuer l’incision précisément. Cette incision marginale peut être associée à l’incision médiocolumellaire dans la voie d’abord externe. Elle peut être associée à une incision intercartilagineuse (fig. 7.14) et permettre dans ce cas-là l’extériorisation dite en « anse de seau » permettant d’exposer à la vue directe mais retournée les cartilages latéro-inférieurs, notamment dans la région des dômes et de la crus intermédiaire [4] (fig. 7.15 et 7.16). Il est alors possible d’effectuer des gestes de résection, d’incision ou de fragilisation du cartilage et d’obtenir ainsi une modélisation de la pointe. Une fois l’incision réalisée, la dissection s’effectue au ciseau pointu comme dans les autres voies d’accès en essayant de rester en permanence au contact du périchondre.