7 Pathologie de la cavité nasale et des sinus
PATHOLOGIE NON MALIGNE DES SINUS (PARANASAUX)
SINUSITE MAXILLAIRE
Diagnostic différentiel
Toutes les causes d’obstruction des sinus maxillaires qui pourraient entraîner des niveaux liquides ou une sinusite persistante.
Une pathologie périapicale avec inflammation et ostéolyse.
Une infection (fongique) solitaire.
Un traumatisme entraînant une dislocation osseuse et une obstruction du drainage sinusien.
Points à évaluer
Les clichés en face haute et Blondeau sont complémentaires et doivent toujours être disponibles pour une évaluation globale en évitant une erreur d’interprétation due à la superposition des structures osseuses [Aujourd’hui, en France et conformément au Guide des bonnes pratiques, les clichés standard ne sont plus utilisés dans le diagnostic des sinusites, qui sont explorées par scanner, depuis la région dento-alvéolaire jusqu’aux sinus frontaux (NdT).].
La région de l’ostium naturel du sinus peut être obstruée. Le scanner l’évaluera plus en détail.
Faire attention aux opacités unilatérales, évocatrices de tumeur ou d’infection odontogénique.
Une opacité complète peut résulter d’une chirurgie antérieure par voie endonasale, Caldwell-Luc, ou décompression orbitaire dans une maladie de Graves. Chez ces patients, les clichés standards sont inutiles et c’est la TDM qui sera utilisée pour obtenir une analyse détaillée.
Fig. 7.1 a, b Clichés conventionnels pour l’étude des sinus.
b. Blondeau. Ce cliché montre un niveau liquide (1) dans le sinus maxillaire droit de la fig. 7.1a. L’aération du sinus maxillaire gauche est confirmée. Le sinus sphénoïdal est visible avec une pneumatisation et une aération normales (2). De plus, visibilité d’une déviation du septum à droite (3) ainsi qu’opacité des cellules mastoïdiennes droites (4).
HYPERTROPHIE DES VÉGÉTATIONS ADÉNOÏDES
FRACTURE DE L’OS NASAL ET KYSTES DE RÉTENTION
Diagnostic différentiel
Les aspects radiologiques visibles sur la fig. 7.3 sont typiques de kystes de rétention. En général, ces kystes ne sont pas considérés comme pathologiques. Cliniquement, ils sont souvent asymptomatiques ou découverts chez des patients avec une symptomatologie mineure. Sur les clichés standards, comme en TDM, ces kystes peuvent être confondus avec un épaississement muqueux de la paroi du sinus maxillaire.
Fig. 7.3 a Petit traumatisme nasal. Hématome qui rend la palpation difficile pour éliminer une fracture.
POLYPE NASAL
Diagnostic différentiel
Toutes les étiologies responsables d’épaississement muqueux et de polypes.
Les rhinosinusites chroniques avec ou sans polypes, associées à des phénomènes d’hyperréactivité, d’allergie ou liées au tabac.
Plus rarement : granulomatose de Wegener typiquement associée à des lésions destructrices du septum ; tumeurs malignes nasosinusiennes habituellement associées à une infiltration des structures de voisinage et/ou à des ostéolyses ; ou encore sinusite fongique allergique.
Points à évaluer
La présence de lésions tissulaires bilatérales est un signe rassurant, indiquant habituellement une pathologie bénigne telle qu’une sinusite chronique ou une polypose.
La présence de structures anatomiques obstruant les sinus due à une poussée de croissance durant l’adolescence peut jouer un rôle.
Lorsque les symptômes surviennent plus tardivement, la cause est plutôt une pathologie secondaire surajoutée.
Une ostéolyse est le signe d’appel d’un processus infiltrant et d’un comportement malin.
Fig. 7.4 a, b Patient avec obstruction nasale, troubles de l’odorat et rhinorrhée.
b. TDM, coupe axiale. Épaississement muqueux des parois du sinus maxillaire (1). La concha bullosa gauche (2) est moins visible sur cette coupe. Opacité de l’ethmoïde (3) et épaississement muqueux des parois antérieures du sinus sphénoïdal (4) dont l’aspect bien limité, arrondi et expansif évoque des polypes. Absence d’ostéolyse.
POLYPE NASAL UNILATÉRAL
Diagnostic différentiel
Les polypes nasaux, antrochoanaux, le papillome inversé, la sinusite unilatérale chronique d’origine odontogénique avec polypes secondaires dus à une infection chronique, la sinusite fongique unilatérale, les mucocèles, les tumeurs malignes et la fibrose kystique (d’aspect similaire mais en règle bilatérale).
Points à évaluer
La destruction des limites osseuses (avec infiltration caractéristique) est évocatrice de papillome inversé, de lésion maligne ou d’infection fongique.
La présence de calcifications au sein d’une opacité est évocatrice d’infection fongique. Une résorption osseuse périapicale suggère une infection odontogène.
Attention à la pathologie de la fosse sphénoethmoïdale (comme l’angiofibrome juvénile).
SINUSITE FRONTALE
Points à évaluer
L’anatomie et la pathologie du récessus frontal requièrent une attention toute particulière.
En cas de problèmes persistants de drainage dans la région du récessus frontal, le septum situé entre les sinus frontaux doit être enlevé pour permettre un drainage par le biais du récessus frontal controlatéral.
La présence d’une destruction osseuse avec aspects infiltrants est évocatrice de malignité.
La présence de calcifications au sein d’une opacité est évocatrice d’infection fongique.
b. TDM, coupe coronale. Opacité confirmée du sinus frontal droit (1) avec minime aération centrale (2). Ce cas illustre le fait qu’une opacité dans des zones peu épaisses est difficile à évaluer en imagerie conventionnelle.
c. TDM, coupe axiale. Visibilité de l’opacité (1) et de l’aération partielle (2) du sinus frontal droit. Les parois antérieure et postérieure du sinus frontal sont intactes. Absence de calcifications visibles. Une obstruction du récessus frontal est possible. En cas d’échec d’abord endonasal, le sinus et le récessus frontal sont facilement accessibles par voie externe du fait de la longueur et de la profondeur suffisantes du sinus. Noter que le sinus frontal droit est compartimentalisé par un septum osseux qui peut être supprimé pour obtenir un drainage optimal.
SINUSITE ODONTOGÈNE
Diagnostic différentiel
Polypes nasaux, papillome inversé, sinusite chronique odontogénique unilatérale avec polypes secondaires, sinusite unilatérale fongique, fibrose kystique maligne (habituellement bilatérale) et corps étrangers (par exemple pâte dentaire).
Points à évaluer
La destruction des limites osseuses avec aspects infiltrants est évocatrice de papillome inversé, de lésions malignes ou d’infections fongiques.
La présence de calcifications au sein d’une opacité est évocatrice d’infection fongique.
Des antécédents de consultations dentaires fréquentes avec résorption osseuse périapicale peuvent témoigner d’infections odontogènes.
Un traitement antibiotique au long cours est un élément essentiel du traitement postopératoire.
Fig. 7.7 a–c Patient avec douleur unilatérale à la pression de la région du sinus maxillaire droit.
b. TDM, coupe coronale. Opacité confirmée en TDM du sinus maxillaire (1) et de l’infundibulum (2). De plus, présence d’un épaississement périosté en particulier au niveau du plancher du sinus maxillaire (3). Immédiatement en dessous, visibilité des racines de la molaire maxillaire (4) avec signes de résorption osseuse témoin d’une infection périapicale. C’est la cause la plus probable de la sinusite unilatérale.
FIBROSE KYSTIQUE
Diagnostic différentiel
Toutes les autres causes d’œdème muqueux et de polypes, telles que l’allergie.
Plus rarement : la granulomatose de Wegener qui s’accompagne habituellement d’une destruction du septum nasal ; ainsi que le papillome inversé ou les lésions malignes souvent avec aspect d’infiltration de l’os et/ou des tissus mous adjacents, mais rarement de façon bilatérale.
Points à évaluer
La destruction des limites osseuses avec présence de signes infiltrants est plus évocatrice de malignité.
Une expansion est plus probablement due à un processus bénin comme une polypose ou une mucocèle.
La présence de calcifications au sein d’une opacité est évocatrice d’infection fongique.
Une résorption osseuse périapicale indique la présence d’infections pulpaires.
Chez les enfants, l’expansion lésionnelle des polypes peut entraîner des problèmes esthétiques au niveau du nez.
Fig. 7.8 b Patient porteur d’une fibrose kystique avec antécédents de multiples interventions chirurgicales endonasales.
SINUSITE FONGIQUE NON INVASIVE
Diagnostic différentiel
Toutes les causes sous-jacentes d’œdème muqueux et de polypes telles qu’hyperréactivité immunologique, allergie, tabac. Éliminer des lésions iatrogéniques dues à une chirurgie extensive antérieure. Les lésions post-traumatiques. Tumeur de Pott. Une fistule dure-mérienne (fuite de liquide cérébrospinal).
Points à évaluer
Une sinusite maxillaire sans réponse sous traitement antibiotique ou persistante après traitement antibiotique au long cours peut être d’origine fongique. Les infections fongiques touchent habituellement le sinus maxillaire, plus rarement le sinus frontal.
Les patients immunodéprimés (ceux porteurs de diabète, VIH positifs, de leucémie ou sous traitements immunosuppresseurs) sont à haut risque d’infection fongique.
Une opacité avec hyperdensité globale ou focale est évocatrice d’infection fongique.
Une infiltration diffuse des structures environnantes peut se voir dans des infections fongiques invasives (voir aussi Sinusite fongique invasive, p. 240).
Fig. 7.9 a–c Patient avec tension persistante au niveau du sinus frontal gauche. TDM, coupes coronale (a), sagittale (b) et axiale (c).