7: Lésions extraparenchymateuses

Chapitre 7


Lésions extraparenchymateuses



PLAN DU CHAPITRE




7.1


Lésions des espaces extra-parenchymateux liquidiens



ESPACES SOUS-ARACHNOÏDIENS (ESA)


Les ESA sont délimités par l’arachnoïde en dehors et la pie-mère en dedans, et sont de largeur variable. Leur volume augmente, en particulier avec l’âge, ce qui est lié à l’atrophie cérébrale progressive physiologique. Leur morphologie et leur contenu sont modifiés par certains processus pathologiques.



MODIFICATION DE SIGNAL DES ESA





Hyposignal T2, T2 EG et SWI


L’air dans les ESA, en postopératoire, s’il existe une brèche ostéoméningée compliquant en particulier une fracture de la base, est responsable d’hyposignaux trompeurs (fig. 7.3). Les calcifications, comme celles détectées lors de la maladie de Sturge-Weber (angiome pial), sont également en hyposignal (voir fig. 4.97).



Il peut s’agir d’artéfacts de flux ou de vaisseaux anormaux circulant rapidement (fig. 7.4). Les hémorragies sous-arachnoïdiennes sont également en hyposignal (fig. 7.5). Elles peuvent entraîner une hémosidérose, traduite en IRM par un liseré en hyposignal soulignant le cortex, particulièrement bien vu sur les séquences en T2 EG et SWI (fig. 7.6). Celle-ci est parfois idiopathique ou complique, outre l’HSA, une méningocèle ou une tumeur saignant à bas bruit, en particulier un épendymome encéphalique ou médullaire. Cette dernière cause justifie la réalisation d’une IRM de la moelle devant une hémosidérose sans cause retrouvée.







Hypersignal FLAIR focal ou diffus des ESA


Sur les séquences en FLAIR sans injection, il traduit souvent la présence de sang (HSA), cette séquence étant la plus performante dans son dépistage (fig. 7.7). Tous les saignements sont favorisés par la prise d’anticoagulants, les déficits entraînant un défaut de coagulation. Ces saignements peuvent se compliquer comme nous l’avons vu d’une hémosidérose. Il peut aussi s’agir d’un flux lent ou d’une artère occluse. On observe également un hypersignal FLAIR si le patient a eu une IRM injectée dans les 24 à 48 heures précédentes, si l’examen est fait sous AG (hyperoxie). Souvent, il s’agit d’artéfacts (métal, mouvements), parfois très trompeurs, entraînant en particulier dans les citernes de la base l’apparition de fausses HSA en hypersignal (voir fig. 2.7).



Les lésions mélaniques (mélanose, métastases de mélanome riches en mélanine) sont également en hypersignal FLAIR spontané et après injection. Après injection, s’ajoutent à cette liste les méningites carcinomateuses ou infectieuses (fig. 7.8), les angiomes piaux (fig. 7.9).




Citons enfin les hypersignaux FLAIR liés à une hyperprotéinorachie (inflammation…).



MODIFICATION DE MORPHOLOGIE



Élargissement des ESA


Cet élargissement peut être focal ou diffus, bien limité ou non. Il peut être « passif », induit par une diminution de volume focale ou diffuse du parenchyme cérébral :



Il peut être « actif », lié à la présence d’un processus expansif malformatif ou non. Le signal et la morphologie de la lésion orientent vers son étiologie.


Il s’agit d’un kyste, d’une lésion d’allure liquidienne :



image signal identique à celui du LCS sur toutes les séquences :



image hypersignal T2, hyposignal T1, hétérogène en FLAIR, diffusion restreinte :



image hypersignal T2 et FLAIR, hyposignal T1, localisation prébulbaire : kyste neuro-entérique, développé le plus souvent dans les ESA périmédullaires (fig. 7.17) ;



image hypersignal FLAIR, hypersignal T1, hyposignal T2 EG : kyste hémorragique, exceptionnelle complication des kystes arachnoïdiens (fig. 7.18A) ou des espaces périvasculaires élargis (fig. 7.18B) ;



image hypersignal T2, hypersignal T1, hyposignal T1 FATSAT, sans restriction de la diffusion : kyste dermoïde (fig. 7.19).



Pour caractériser ces différents kystes, le T1 et le T2 ne suffisent donc pas et la réalisation de séquences diffusion et FLAIR, voire l’utilisation d’une séquence avec FATSAT, sont indispensables.



Il s’agit d’une lésion tissulaire :



Il s’agit d’une structure vasculaire : leurs anomalies sont traitées dans le sous-chapitre 7.5.



Cas particulier des lésions des ESA de la fosse postérieure



Angle pontocérébelleux (APC), méat acoustique interne (MAI ou CAI)


Schwannome du paquet stato-acoustico-facial et méningiome

Les deux lésions les plus fréquentes sont de loin le schwannome du paquet stato-acoustico-facial (fig. 7.23) et le méningiome (fig. 7.24).





Dans le suivi d’un schwannome opéré, il faut toujours faire la séquence T1 injectée avec FATSAT, pour éliminer le signal de la graisse de comblement après chirurgie par voie translabyrinthique. Une masse prenant le contraste peut être une récidive, un reliquat de schwannome mais aussi un granulome autour d’un tissu de comblement mis en place pour éviter les fuites de LCS. L’interprétation des images doit être prudente et au mieux réalisée après lecture du compte rendu opératoire et des clichés précédents (fig. 7.25).




Autres lésions de l’APC


image Extension d’un autre schwannome volumineux (trijumeau, nerfs mixtes) : toujours rechercher l’épicentre de la lésion et étudier des extensions (cavum de Meckel, foramen jugulaire…).


image Dans un contexte néoplasique : métastase méningée (en sachant qu’on peut avoir un cancer du sein et un méningiome !).


image En hypersignal T1 : penser au Surgicel® (qui est effacé par la suppression de graisse), à l’hématome, au lipome.


image Prenant nettement le contraste, localisé à l’APC :



image Les prises de contraste du MAI sont :




Foramen jugulaire



Lésion tissulaire expansive

Les deux lésions les plus fréquentes sont le schwannome des nerfs mixtes (fig. 7.29) et le paragangliome (ou chémodectome) jugulaire (fig. 7.30). Outre leurs caractéristiques morphologiques (voir tableau ci-après), c’est surtout l’ARM dynamique qui les distingue, le paragangliome se rehaussant au temps artériel et le schwannome plus tardivement.




Le méningiome de la base, arrondi ou ovalaire, s’étend fréquemment dans l’espace rétrostylien. Il prend le contraste ainsi que la méninge adjacente (queue d’aronde).


Les métastases et l’extension d’une adénopathie, d’une lésion osseuse primitive sont plus rares. L’IRM est à compléter par un scanner sans injection étudiant l’os.




ESPACE SOUS-DURAL


Il est virtuel, compris entre les deux feuillets de la dure-mère. Une lésion sous-durale est bien limitée, n’infiltre pas les sillons (contrairement aux lésions sous-arachnoïdiennes), mais peut exercer un effet de masse sur le parenchyme et effacer les sillons.



ÉPANCHEMENT SOUS-DURAL


Il peut être hémorragique (hématome sous-dural ou HSD). Les HSD bordent le cortex, ils peuvent être étendus ou localisés (fig. 7.31). Leur signal dépend du délai entre leur constitution et l’imagerie. Ce signal suit celui de l’évolution habituelle du sang. Un resaignement possible explique leur aspect hétérogène (fig. 7.32 et 7.33). La diffusion est une excellente séquence pour détecter les hémorragies d’âge différent, les saignements récents étant en hypersignal en B1000, les anciens en hyposignal. Ils sont le plus souvent post-traumatiques (que le traumatisme causal soit connu ou non signalé), favorisés par la prise d’anticoagulants. Le parenchyme adjacent est parfois remanié, hémorragique et œdémateux, ce qui traduit une contusion de voisinage. Plus rarement, ils compliquent une rupture d’une malformation vasculaire, anévrisme de l’artère communicante antérieure ou l’artère cérébrale antérieure en particulier, ce qui impose dans leur bilan initial la réalisation d’une ARM TOF. Ils sont très bien tolérés s’il existe une atrophie cérébrale, parfois malgré un volume important. S’ils sont anciens, ils ont le signal du LCS (hygrome sous-dural). Leur découverte est faite souvent dans le bilan de céphalées, de confusion, de déficit focal. Elle nécessite une consultation neurochirurgicale rapide. Ailleurs, leur constitution rapide dans des espaces extraparenchymateux fins est responsable, même s’ils sont peu abondants, d’un syndrome d’HTIC, de troubles de la conscience et leur traitement neurochirurgical devient une urgence vitale. Notons qu’ils sont une complication des mauvais réglages de valves de dérivation ventriculaire.





L’HSD peut être purulent (empyème sous-dural ; voir fig. 7.16). Cette surinfection se voit en cas de traumatisme ouvert, en particulier chirurgical, dans un contexte d’abcès cérébral. Il entraîne des signes focaux déficitaires ou irritatifs. La diffusion (restreinte en cas d’infection à pyogènes, la plus fréquente) et l’injection sont indispensables. La diffusion est d’interprétation difficile si cet empyème se développe dans une zone ayant saigné, situation possible en postopératoire.


Il est composé de LCS : c’est généralement un élargissement lié à une atrophie (dégénératif, séquellaire d’une intervention, d’un traumatisme…).




ESPACE EXTRA-DURAL


Comme l’espace sous-dural, il peut être le siège d’hématome extra-dural (HED), d’infection (contiguïté avec la voûte, même séquences que la localisation sous-durale), de lésions tissulaires (voir sous-chapitre 7.3). Les HED sont limités par les sutures et de forme biconvexe (fig. 7.34). Ils compliquent généralement un traumatisme sévère avec souvent une fracture. À noter que ces hématomes sont exceptionnels chez le sujet âgé, la dure-mère étant adhérente à l’os. Le saignement causal est artériel (trajet temporal de l’artère méningée moyenne) expliquant la constitution très rapide de cet HED. L’imagerie, comme la prise en charge thérapeutique, étant faites en urgence, et ces hématomes étant faciles à diagnostiquer au scanner, l’IRM est ainsi très peu utilisée.


























HSD HED
Constitution souvent lente Constitution rapide
Peut être découvert longtemps après le traumatisme Découverte rapide, après un intervalle libre court
Entre les deux feuillets de la dure-mère Dure-mère refoulée
Étalé sur la surface Focal
Arrêté par les sinus duraux Sinus duraux refoulés
Indépendant des sutures Ne franchit pas les sutures (sauf si disjonction)


7.2


Lésions des ventricules



RAPPEL ANATOMIQUE ET PHYSIOLOGIQUE



LIQUIDE CÉRÉBROSPINAL (LCS)


Les ventricules et les espaces sous-arachnoïdiens (ESA) péricérébraux et périmédullaires sont en communication et contiennent le liquide cérébrospinal (LCS), qui a un rôle de nutrition, de transport hormonal et de protection mécanique du SNC. Il représente 9 % du volume intracrânien (le parenchyme cérébral 88 % et les vaisseaux 3 %). Il est sécrété essentiellement (80 %) de façon active par les plexus choroïdes, et également par l’épendyme tapissant la paroi ventriculaire, les capillaires et les vaisseaux (20 %) : 300 à 500 mL/24 h. Il est réabsorbé vers le sang veineux des sinus duraux principalement dans des villosités arachnoïdiennes, les granulations de Pacchioni et à l’émergence des nerfs spinaux par les capillaires tapissant la surface cérébrale et médullaire. Le LCS circule des ventricules vers les citernes et les ESA. Ses mouvements sont détectés sur les séquences de flux. Ils peuvent être accentués par les battements vasculaires, notamment autour de la moelle et dans la fosse postérieure, ce qui entraîne l’apparition d’artéfacts.





ANOMALIES MORPHOLOGIQUES



ASYMÉTRIES DES VENTRICULES LATÉRAUX


Elles ont plusieurs causes :



image physiologique (fig. 7.35) : absence d’anomalie parenchymateuse ou intraventriculaire associée et en particulier absence de masse dans la région du foramen de Monroe, de kyste intraventriculaire pouvant mimer une dilatation (intérêt des séquences inframillimétriques T2 pour visualiser la paroi du kyste) (fig. 7.36) ;




image dilatation active en amont d’un obstacle dans la région du trou de Monroe : kyste colloïde du V3, astrocytome à cellules géantes de la maladie de Bourneville, séquelles d’hémorragie ou d’infection responsables d’un feutrage ;


image dilatation passive séquellaire d’une atrophie parenchymateuse de voisinage (séquelle ischémique, postopératoire…) (fig. 7.37) ;



image collapsus par effet de masse d’une lésion parenchymateuse adjacente, ou fonctionnement trop important d’une valve de dérivation.




DILATATION VENTRICULAIRE


Les causes sont différentes selon la topographie de l’atteinte. Nous avons déjà cité la dilatation d’un ventricule latéral.


Si tout le système ventriculaire est dilaté, une analyse des sillons permet de différencier l’atrophie (les sillons sont larges ; fig. 7.38) et l’hyperpression (les sillons sont fins, voire invisibles).



Cette hyperpression est souvent due à une gêne à la résorption du LCS (feutrage des ESA après une hémorragie méningée ou une méningite) (fig. 7.39). Une séquence avec injection permet parfois de confirmer le diagnostic en montrant une prise de contraste méningée et des ESA.



Rarement, il peut s’agir d’une compression par une masse située en dessous du V4 (par exemple, un méningiome du trou occipital).


Dans les deux cas, on peut mettre en évidence des hypersignaux T2 et FLAIR périventriculaires. Confluents et prédominants dans les régions frontales en cas d’hyperpression (fig. 7.40), ils traduisent une résorption transépendymaire du LCS. Périventriculaires et sous-corticaux, associés à une atrophie, ils témoignent d’une atteinte de la microcirculation, plus ou moins marquée.



Les symptômes cliniques associent troubles de la marche, troubles urinaires et troubles cognitifs. Le volume ventriculaire est nettement plus important que le volume des ESA, on note la disparition des sillons du vertex, contrastant avec la largeur des vallées sylviennes : le premier diagnostic à évoquer chez le sujet âgé est celui d’hydrocéphalie à pression normale – HPN (fig. 7.41).



Si le V3 et les VL sont dilatés, avec un V4 normal, le siège de l’obstacle est l’aqueduc de Sylvius, bien mis en évidence sur les séquences de flux. Le plus souvent, il s’agit d’une sténose de l’aqueduc, congénitale (peut être découverte à l’âge adulte), par bride (malformative, post-hémorragie, ou post-infection, voir fig. 6.56) ou liée à une compression extrinsèque (voir chapitre 6).


Si seul le V4 est dilaté, le diagnostic le plus fréquent est celui d’une réaction passive à une atrophie parenchymateuse séquellaire.


Il peut s’agir plus rarement d’un trapping ou blocage avec accumulation de LCS en amont d’un obstacle (tumeur, infection…).


Si la cause du blocage n’est pas retrouvée, on réalise une séquence T1 avec injection. Elle peut mettre en évidence une petite lésion (tumeur, abcès, granulome, etc.) ou une prise de contraste méningée diffuse en rapport avec un feutrage des ESA, secondaire à une méningite purulente par exemple.





MASSES INTRAVENTRICULAIRES


Elles sont développées aux dépens de la paroi ventriculaire, ou des plexus choroïdes, ou siègent au sein du LCS.


Sur le plan séméiologique, il est simple de les distinguer en fonction de leur structure.



KYSTES ET LÉSIONS KYSTIQUES


Les plus fréquents sont des anomalies de développement « physiologiques » : cavitation de la ligne médiane (présente chez 80 % des prématurés), antérieure (kyste ou cavum du septum lucidum : fig. 7.43A) ou postérieure (cavum vergae : fig. 7.43B) ; kyste arachnoïdien.



Le kyste colloïde du V3, riche en protides, généralement en hypersignal T1 et hyposignal T2, parfois hétérogène, siège à la partie antérieure du toit du V3 (fig. 7.44). Sa découverte, souvent fortuite, nécessite une consultation en neurochirurgie, à cause des risques d’hydrocéphalie aiguë induits par sa décompensation.



Les kystes épendymaires, avec élargissement focal d’une cavité ventriculaire (fig. 7.45), sont en général asymptomatiques, leur paroi est très fine, leur contenu est indiscernable du LCS (voir fig. 7.36).



Les autres kystes, lors d’une cysticercose, d’une cryptococcose ou les kystes neuro-épithéliaux sont plus rares.


Devant un kyste de la ligne médiane, il faut penser outre au kyste arachnoïdien, au rare kyste glio-épendymaire, fréquemment dans un contexte malformatif (agénésie du corps calleux…).


Enfin, certaines tumeurs peuvent présenter des composantes kystiques.


En cas de suspicion de kyste intraventriculaire, parfois indiscernable du LCS, les séquences FLAIR, T2 inframillimétriques et diffusion sont d’une aide précieuse (fig. 7.46).


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May 6, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 7: Lésions extraparenchymateuses

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