Question 64. Elle veut une contraception et a un trouble de la coagulation
La demande
Le préliminaire
Chez toute patiente, le risque thromboembolique veineux profond est majoré par la prise d’œstroprogestatifs qui sont donc habituellement contre-indiqués.
Il est encore plus important chez une patiente obèse, ou ayant des antécédents personnels thromboemboliques, ou ayant des antécédents familiaux de phlébites.
Toute patiente prenant au long cours des antivitamine K (AVK) doit être traitée par HBPM avant de débuter une grossesse.
La première consultation
Le médecin doit rechercher tous les risques de majoration d’accidents thromboemboliques.
■ Il recherche une thrombophilie si cela n’a pas été fait.
■ Il vérifie qu’elle a un traitement approprié si nécessaire.
■ Il fait un examen clinique (cf. Question 1).
■ Le médecin prescrit la contraception la plus appropriée.
Il est possible d’utiliser les microprogestatifs, les stérilets et certains progestatifs y compris sous forme d’implant (ne pas oublier les préservatifs qui peuvent parfois être proposés). Il faut informer la patiente des avantages et des inconvénients de chacun de ces modes de contraception.
Il revoit la patiente trois mois après cette première consultation pour s’assurer de la bonne tolérance biologique et clinique de la contraception.
Le point de vue du gynécologue
La prise d’œstroprogestatifs (EP) multiplie le risque thromboembolique veineux profond par 4. Ce risque (non corrélé à la durée d’administration) est fortement augmenté lorsqu’il existe une surcharge pondérale, un antécédent personnel ou familial de thrombose veineuse ou en présence d’une anomalie héréditaire de l’hémostase. Compte tenu de leur rareté et de l’hétérogénéité de leur expression il n’apparaît pas souhaitable de dépister les thrombophilies systématiquement chez toutes les femmes. L’œstrogène est le principal responsable, dose dépendant, du risque veineux par les modifications de l’hémostase. En effet par l’augmentation de la synthèse de facteurs de la coagulation tels que les facteurs VII, X et le fibrinogène il a un effet procoagulant. Le rôle du progestatif est vivement discuté, les progestatifs de troisième génération n’ayant pas fait la preuve de leur supérioritédans la diminution du risque veineux. Les antécédents familiaux sont en revanche à prendre au sérieux, principalement s’ils concernent des apparentés du premier degré. Ils peuvent être le témoin d’une anomalie congénitale de la coagulation. Il n’existe toutefois à ce jour aucun test fiable pour prédire dans ce cas le risque de survenue d’une thrombose veineuse profonde.
Pour exemple: l’incidence du facteur V Leiden en Europe est estimée à 3-7 % pour les hétérozygotes et 0,02 % pour les homozygotes. L’existence d’une mutation du facteur V Leiden associée à la prise d’une pilule augmente de 35 fois le RR de développer une thrombose si la patiente est hétérozygote et de plus de 200 fois si la patiente est homozygote.