Chapitre 6 Traitement cœlioscopique des kystes de l’annexe
– le bilan préopératoire est fondamental pour choisir le niveau d’expertise de l’opérateur ;
– le diagnostic chirurgical est l’élément primordial du choix thérapeutique ;
– les lésions suspectes ne doivent pas être traitées de façon conservatrice ;
– les différents temps chirurgicaux doivent se succéder de façon rigoureuse et logique.
La pathologie kystique de l’annexe est très fréquente. L’intérêt de la cœlioscopie dans ce cadre a été démontré par des essais prospectifs randomisés qui confirment la supériorité de la cœlioscopie sur la laparotomie [19, 36]. La cœlioscopie opératoire est devenue le gold standard pour le traitement des lésions bénignes [7]. Les débats ont porté sur le risque accru de dissémination après ponction endoscopique alors que la laparotomie « permettrait » de ne pas ponctionner et de ne pas rompre les kystes. Au début des années 1990, Maiman a publié les résultats d’une enquête montrant qu’aux États-Unis de nombreux cancers n’étaient pas diagnostiqués lors de la cœlioscopie initiale et que, lors des restagings, 20 % de ces tumeurs étaient des stades III [18]. Ces travaux ont été confirmés par des enquêtes similaires réalisées en Europe [1, 2 ,12, 15, 17, 33]. Mais ce débat se trompait de coupable. Les travaux réalisés 10 ans plus tôt sur le restaging après traitement initial par laparotomie montraient que 20 % des stades I chirurgicaux étaient en fait des stades III et que de nombreux cancers n’étaient pas diagnostiqués lors de la laparotomie initiale [14, 25, 27, 35]. À ce moment-là, les chirurgiens étaient responsables puisqu’il n’existait pas d’alternative à la laparotomie. Mais en 1990, l’alternative existe ; on accuse alors la méthode, ce qui est plus confortable pour les chirurgiens ! Ainsi, on sait que, si une tumeur maligne qui a été ponctionnée ou biopsiée n’est pas enlevée immédiatement et complètement et qu’elle est laissée partiellement ou totalement en place en fin d’intervention, il existe un risque évident de dissémination postopératoire de la tumeur.
Nous pensons, comme l’avait conclu Maiman, que la capacité de traiter immédiatement et complètement la tumeur ovarienne est un prérequis indispensable à la prise en charge de toute tumeur annexielle [1]. Pour cette raison, le diagnostic chirurgical est l’étape la plus importante. Comment traiter de manière adéquate si le diagnostic n’est pas correct ?
Bilan préopératoire
Le chirurgien doit répondre à certaines questions avant de débuter l’intervention (tableau 6.1). Ces questions concernent le risque de malignité et les caractéristiques anatomiques de la tumeur. Les réponses apportées guident l’organisation et la réalisation du geste chirurgical.
La lésion est-elle organique ?
La lésion est-elle suspecte ?
Âge
Antécédents personnels et familiaux
Taille de la lésion
Uni- ou bilatéralité
Aspect échographique plus ou moins suspect de la lésion
Composition de la tumeur et aspect intrakystique
Évaluation de la dissémination intrapéritonéale
En pratique, nos patientes ont toujours plusieurs échographies. Avant l’hospitalisation, ces examens permettent d’éliminer le diagnostic de kyste fonctionnel et de préciser le degré d’urgence de l’intervention. Puis, la veille de l’intervention, une nouvelle échographie est réalisée par un membre de l’équipe chirurgicale, pour préciser le bilan intrakystique. L’opérateur doit « voir » le contenu du kyste en regardant sa surface (fig. 6.1 à 6.11). Cette échographie est couplée à un examen Doppler de la lésion, même si les limites de cet examen sont bien connues.
Fig. 6.1 L’opérateur sait, en regardant ce kyste pendant l’intervention, que la lésion est très suspecte, il a vu l’échographie qui montre des végétations (voir fig. 6.2).
Fig. 6.2 Voici l’image qu’imagine le chirurgien en regardant le kyste. La ponction est inutile au diagnostic.
Fig. 6.9 Encore une lésion suspecte pour le chirurgien qui en connaît l’aspect échographique inhabituel.
Une sélection préopératoire parfaite est-elle possible ?
De nombreux scores échographiques et modèles mathématiques ont été proposés pour distinguer les lésions bénignes et les lésions malignes. Mais si les résultats obtenus avec les scores échographiques sont attractifs lorsqu’ils sont publiés par l’équipe qui les met au point, ils sont toujours moins bons lorsqu’ils sont utilisés par d’autres équipes, suggérant que la reproductibilité de ces méthodes n’est pas bonne [3, 21]. Boll et al. ont comparé ces scores échographiques avec l’estimation fournie par un clinicien à partir des données cliniques, échographiques et du dosage du CA 125 [3]. Aucun des scores ne fait mieux que les cliniciens ; les résultats obtenus par les résidents sont aussi bons que ceux des gynécologues confirmés et des gynécologues oncologues. Tous les groupes de cliniciens réalisent quelques incisions de Pfannenstiel pour cancer invasif et opèrent de nombreuses tumeurs bénignes par laparotomie [3].
Ces notions montrent qu’une sélection préopératoire parfaite est encore impossible. Elles n’ont pas été modifiées significativement au cours des dernières années bien que deux approches aient été proposées. L’utilisation de nomogramme ne permet pas d’obtenir une sensibilité (90 %) et une spécificité (75 %) très supérieures à celles des scores échographiques [16]. Les résultats de l’histo-scanning semblent plus prometteurs avec une sensibilité de 88 % et surtout une spécificité de 95 % [29]. Ces résultats obtenus par l’équipe qui a développé la méthode devront être confirmés. En pratique, le diagnostic chirurgical reste une étape indispensable pour définir la meilleure stratégie chirurgicale. Pour réaliser ce diagnostic, la cœlioscopie est la meilleure voie d’abord de la cavité péritonéale. Cette méthode seule permet de choisir la voie d’abord la plus adaptée au traitement de chaque lésion.
Ce rôle de la cœlioscopie est encore plus évident si l’on tient compte des images annexielles d’origine non ovarienne (hydrosalpinx, kystes péritonéaux). Dans notre expérience, ces lésions sont plus fréquentes parmi les lésions suspectes à l’échographie (10,9 %, 27 cas sur 247) que parmi les lésions non suspectes (6,5 %, 23 sur 352 cas) [10]. La bénignité de la quasi-totalité de ces masses, souvent complexes à l’échographie, est un argument très fort en faveur du diagnostic cœlioscopique des masses annexielles.
Choix du chirurgien
Dans le futur, tous les progrès du diagnostic préopératoire seront les bienvenus, tant le diagnostic chirurgical reste difficile. Aujourd’hui, le bilan préopératoire peut permettre de choisir quel type de chirurgien va opérer quelles patientes. En combinant les données disponibles [24, 28, 32] on peut définir trois groupes de lésions :
• les cancers évidents ou les lésions très suspectes (plus de 70 % de cancers) doivent être opérés par un gynécologue oncologue ;
• les lésions réunissant tous les critères de la bénignité (moins de 1 % de cancers) (lésion liquidienne pure, lésion liquidienne à contenu finement échogène, lésions cloisonnées comportant moins de trois septums < 3 mm) peuvent être prises en charge par un gynécologue sans compétence oncologique ;
• les lésions intermédiaires, où le risque de lésion maligne se situe entre 20 et 30 %, et qui seront, dans l’avenir, toutes prises en charge par un gynécologue oncologue. C’est dans ce groupe que les progrès de l’imagerie devront permettre de limiter le taux de faux positifs du diagnostic préopératoire de malignité. Cela éviterait à la fois l’encombrement des services d’oncologie chirurgicale avec de nombreuses patientes dont les lésions sont bénignes et le traitement de patientes désireuses de fertilité dont les lésions sont complexes à l’imagerie par des chirurgiens oncologues souvent peu compétents dans le traitement de l’infertilité.
Consentement « éclairé »
• la femme jeune de moins de 40 ans et/ou désireuse de préserver sa fertilité, chez qui le consentement éclairé concerne surtout la laparotomie, l’annexectomie et éventuellement le restaging précoce souvent indispensable dans le cadre d’un traitement conservateur pour un cancer débutant ;
• la femme de plus de 40 ans ou opérée pour un cancer quasi certain qui doit connaître et accepter toutes les possibilités citées plus haut.
Organisation du geste opératoire
L’examen extemporané est indispensable lorsque l’on opère :
• une lésion suspecte bilatérale chez une femme jeune ou une lésion suspecte chez une patiente jeune ayant déjà subi une annexectomie ;
• une lésion suspecte chez une patiente ménopausée ;
Mise en place de la cœlioscopie
Schématiquement, notre approche est la suivante :
• pour les lésions < 5 cm, l’aiguille à pneumopéritoine et le trocart optique peuvent être introduits dans l’ombilic. Mais dans notre service, nous avons, pour limiter le risque vasculaire, abandonné l’ombilic pour l’hypocondre gauche ;
• pour les lésions de 5 à 10 cm, le pneumopéritoine doit être créé dans l’hypocondre gauche et le trocart inséré dans l’ombilic ;
• pour les lésions > 10 cm, l’aiguille à pneumopéritoine et un trocart de 5 mm sont introduits dans l’hypocondre gauche, nous utilisons alors un cœlioscope de 5 mm ;
• si la lésion fait plus de 10 ou 15 cm, la cœlioscopie est mise en place en réalisant une open laparoscopie au besoin dans l’hypocondre gauche.
Si on prend en charge par cœlioscopie un cancer intrapéritonéal évident, l’open laparoscopie, technique qui permet de fermer l’incision aponévrotique, permet selon van Dam et al. de limiter le risque de métastases pariétales chez ces patientes qui présentent souvent une ascite [30]. En pratique, nous utilisons le plus souvent une technique fermée après pneumopéritoine et les métastases pariétales cliniques sont exceptionnelles dans notre expérience.
La cœlioscopie est quasiment toujours possible en utilisant une technique d’open laparoscopie. Les images de l’exemple illustré dans les figures 6.12 à 6.14 montrent que, même pour une lésion de plusieurs kilogrammes, il est possible de faire une ponction sous contrôle de la vue avant une annexectomie cœlioscopique. Cette approche était envisageable uniquement parce que la lésion était liquidienne pure. Cela aurait été impossible si des composants solides avaient été identifiés dans la lésion. En effet, nous verrons plus loin que la morcellation ovarienne est toujours contre-indiquée quelle que soit la nature histologique de la lésion.
Trocarts opératoires
Leur site d’insertion dépend aussi de la taille de la lésion et de la morphologie de la patiente. Plus la lésion est volumineuse, plus les trocarts devront être insérés haut sur la paroi abdominale antérieure (fig. 6.15). Il faut que les sites de trocart opératoire soient situés entre le trocart optique et la lésion. On ne travaille pas confortablement et efficacement si les trocarts sont insérés très bas sur la paroi abdominale. Ce choix, qui peut être fait pour des raisons esthétiques pures, doit être réservé aux situations très simples. Nous utilisons trois trocarts sus-pubiens de 5 mm de manière quasi systématique, même pour les situations simples. Le préjudice esthétique est minime et surtout la participation active de l’aide facilite l’enseignement de la technique. Si le senior opère, l’interne actif avec son instrument apprend plus que de la simple observation. Si l’interne opère, ce qui doit être fréquent, le senior peut avec son instrument guider le geste.
Technique opératoire
Diagnostic
Évaluation extrakystique
Inspection
L’inspection doit être minutieuse et concerner toutes les régions de l’abdomen, du pelvis, de l’ovaire tumoral et de l’ovaire controlatéral. Elle doit utiliser l’effet loupe du cœlioscope qui permet de mieux voir les micrométastases péritonéales (fig. 6.17 à 6.25). « Cette loupe » permet de mieux voir les végétations que par laparotomie et l’inspection de certaines régions est plus fiable si elle est réalisée avec un cœlioscope plutôt que par une incision xypho-pubienne. À l’inverse, l’évaluation du mésentère est moins fiable. Cependant Possover et al. ont montré qu’il est exceptionnel qu’une patiente atteinte d’un cancer de l’ovaire ait des métastases mésentériques sans avoir de métastases péritonéales sur les surfaces facilement visibles lors d’une cœlioscopie. Ce résultat, qui mériterait d’être confirmé, suggère que la cœlioscopie est un instrument fiable dans l’évaluation de la dissémination péritonéale d’une tumeur de l’ovaire [23]. L’inspection de l’épiploon et du tractus digestif, facilement visibles, doit être systématique (fig. 6.26 et 6.27). Le déroulement de tout le grêle n’est réalisé que dans le cadre d’un staging lorsque le diagnostic de cancer ovarien est confirmé.
Fig. 6.19 Aspect de carcinome péritonéal primitif. Notez les microvégétations qui entourent cette lésion.
Évaluation intrakystique
La décision de la ponction doit être le fruit d’une réflexion du chirurgien et non d’une habitude ou d’un réflexe. Cette décision doit prendre en compte les données du bilan préopératoire et les données peropératoires. Dans les trois exemples des figures 6.1 à 6.11, il n’est pas nécessaire de réaliser une ponction pour savoir que les images cœlioscopiques sont suspectes bien qu’il n’existe aucune végétation extrakystique. Les données de l’imagerie préopératoire permettent de conclure. Il s’agissait d’une tumeur séreuse borderline, d’une tumeur mucineuse borderline et d’une tumeur de la granulosa (fig. 6.1 à 6.11).
De même, l’inspection intrakystique peut être réalisée sans ponction. Si la lésion est proche de la surface de l’ovaire, le tissu qui la recouvre est fin et la lésion apparaît bleutée. Dans ce cas, les végétations apparaissent comme des zones où la paroi du kyste est plus épaisse et donc blanchâtre (fig. 6.28 et 6.29). Cette situation est fréquente dans le cadre des kystes paratubaires qui ne sont recouverts que de péritoine.
Fig. 6.29 Même aspect que figure 6.28. La kystoscopie se fait avant la ponction ; on sait qu’il existe dans la paroi du kyste une zone plus épaisse.
• dans la première, l’échographie a montré une végétation unique de petite taille et non vasculaire : une conservation de l’ovaire paraît possible et la ponction utile ;
• dans la deuxième, à l’inverse, les éléments intrakystiques sont nombreux, volumineux et très vascularisés et la conservation ovarienne n’est pas envisageable. La ponction est inutile et dangereuse.
Techniques de ponction
La ponction parfaite n’existe pas. Ce geste ne peut prétendre être parfaitement étanche. Mais il est essentiel d’utiliser une technique qui limite la contamination péritonéale et ses conséquences. Pour les lésions de moins de 10 cm, il est possible de placer l’ovaire dans un sac avant la ponction. Pour cela, il faut un sac suffisamment grand, dont le diamètre d’ouverture est plus grand que le diamètre de la lésion. Ce sac doit être transparent et pouvoir être laissé libre dans la cavité péritonéale sans fil qui le relie à un trocart (fig. 6.29 et 6.30). Cet artifice n’est indispensable que pour les kystes suspects que nous décidons de ponctionner et pour les kystes dermoïdes dont le contenu peut générer une irritation péritonéale. Une utilisation quasi « systématique » permet de bien maîtriser le geste et de le faire de manière plus fiable quand il est indiqué.
Cette méthode avait été proposée par Volz et al., il y a de nombreuses années [31]. Les sacs mis au point par Storz répondent à tous les impératifs de cette méthode. La contamination reste possible dans ces conditions, mais notre expérience montre que cette méthode est efficace et diminue considérablement la contamination péritonéale. Cela paraît étonnant puisque l’ensachage est incomplet du fait du mésovarium, mais cela fonctionne bien en raison de la pesanteur.
• se faire sous contrôle de la vue, même si elle est réalisée dans un sac ;
• être perpendiculaire à la surface de l’ovaire ;
Les lésions de moins de 5 cm sont ponctionnées à l’aiguille de 5 mm de diamètre introduite par un trocart opératoire (fig. 6.31). Pour que la ponction se situe sur le bord antimésial de l’ovaire, celui-ci est présenté à l’aiguille à l’aide d’une pince atraumatique qui réalise une rotation de l’ovaire vers le dehors. Le liquide est aspiré à la seringue et adressé pour examen cytologique.
Pour les lésions de plus de 5 cm, nous utilisons un trocart à extrémité conique de 5 mm de diamètre qui peut être inséré par les trocarts opératoires de 5,5 mm de diamètre, puis un système d’aspiration-lavage est introduit dans le kyste (fig. 6.32 à 6.37). Quelques fuites de liquide se produisent souvent au moment de ce changement d’instruments. Il est alors utile d’avoir placé l’ovaire dans un sac si son diamètre le permet. Une fois l’aspiration débutée, le site de ponction est saisi et soulevé avec deux pinces atraumatiques pour prévenir l’écoulement du liquide. Une série d’aspiration-lavage est réalisée. Les volumes employés doivent être inférieurs au volume du kyste. Le site de ponction peut être agrandi avec des ciseaux pour réaliser une kystoscopie et/ou refermé avec deux Endoloop® pour permettre le traitement de l’annexe de manière étanche. Toutes ces précautions restent indispensables même si le kyste est ponctionné dans un sac.
• Les kystes endométriosiques ne sont généralement pas ponctionnés, ils sont rompus au niveau de leur zone d’adhérences avec le ligament large (voir chapitre 12). Une ponction réalisée, avant cette mobilisation de l’ovaire, passe généralement à travers le hile de l’ovaire ce qui peut entraîner des dégâts vasculaires importants pour l’ovaire.
• Les kystes dermoïdes de moins de 7 cm ne sont pas ponctionnés avant la dissection. Ils sont placés dans un sac et ponctionnés en fin de traitement. Les kystes dermoïdes très volumineux sont ponctionnés avec un aspirateur de 10 mm ou plus introduit sur le trajet de la mini-laparotomie que l’on utilise souvent pour leur traitement.
Fig. 6.32 Ponction avec un trocart conique de 5 mm de diamètre, perpendiculaire à la surface du kyste.
Fig. 6.35 Le site de ponction est saisi avant la fin de la vidange du kyste pour limiter les fuites.
Si le traitement du kyste ou de l’annexe est réalisé sans ponction préalable, la ponction va avoir lieu le plus souvent avant l’extraction. Le kyste sera ponctionné dans le sac en intrapéritonéal (fig. 6.7), ou après extraction du sac en transpariétal ou en transvaginal. Là encore, il faut travailler sous contrôle de la vue pour voir que l’on ponctionne dans le sac et non à travers le sac. Cette précaution peut être difficile à remplir si l’on ponctionne à travers la paroi abdominale chez une patiente obèse (fig. 6.38). Il faut alors savoir agrandir l’incision cutanée jusqu’à obtenir un contrôle visuel fiable du geste de ponction.
Signes de malignité (tableau 6.2)
Cancers et tumeurs borderline | Tumeurs bénignes mais suspectes à la cœlioscopie | |
---|---|---|
N = 66 | N = 124 | |
Liquide trouble | 10 | 8 |
Végétations extrakystiques | 30 | 33 |
Végétations intrakystiques | 21 | 38 |
Métastases péritonéales | 18 | 1 |
Ascites | 10 | 1 |
Vaisseaux anormaux | 2 | 4 |
Aspect échographique très suspect | 15 | 26 |
Autres | – | 16 |
*La date de l’étude n’a pas d’incidence sur ces résultats, la macroscopie ovarienne ne change pas !
Le diagnostic macroscopique d’une lésion ovarienne suspecte est posé sur quelques signes parfois évidents, parfois plus difficiles à voir. Le volume du liquide péritonéal est suspect dès qu’il remplit le cul-de-sac de Douglas. La présence d’une ascite chyleuse est un signe très inquiétant. Dans le cas de la figure 6.39, il s’agissait d’une tumeur de Krunkenberg, métastase ovarienne d’une tumeur gastrique (fig. 6.39). Les végétations péritonéales peuvent être évidentes et faciles à voir (fig. 6.20 et 6.26), mais peuvent aussi être plus discrètes et d’interprétation difficile (fig. 6.17, 6.18, 6.20 et 6.21). Le liquide du kyste est évocateur de gravité, s’il est trouble, de couleur brunâtre (fig. 6.3) « feuille morte » ou s’il est filant (fig. 6.7). Les végétations à la surface de l’ovaire sont toujours suspectes, même si elles sont plus évocatrices lorsque leur surface est irrégulière et leur couleur grise ou légèrement brunâtre. Le nombre et la taille de ces lésions sont aussi des éléments importants.
Les végétations intrakystiques sont le plus souvent bien vues à l’échographie préopératoire (fig. 6.2, 6.4, 6.6, 6.8 et 6.37) [1]. Nous avons vu que, si le kyste est situé à la surface de l’ovaire, elles peuvent aussi être visibles avant toute ponction du kyste (fig. 6.28 et 6.29).
Les végétations intrakystiques sont toujours suspectes, elles sont d’autant plus inquiétantes qu’elles sont plus nombreuses, plus volumineuses et plus irrégulières et de couleur grisâtre (fig. 6.4 et 6.37) et d’autant moins qu’elles sont peu nombreuses blanchâtres et lisses à leur surface (fig. 6.40).
L’interprétation des vaisseaux situés à la surface de la tumeur est difficile : ainsi, dans l’exemple de la figure 6.41, les vaisseaux sont inquiétants bien qu’il s’agisse d’un fibrome de l’ovaire. La même histologie peut être associée à des aspects beaucoup moins inquiétants (fig. 6.42).
Fig. 6.41 Fibrothécome ovarien avec hypervascularisation de surface
A et B. Vaisseaux inquiétants. c. Aspect blanchâtre et lisse à la coupe.