Chapitre 6. Notions d’épreuves fonctionnelles respiratoires
Giuseppe Liistro
PLAN DU CHAPITRE
Introduction
Les tests fonctionnels respiratoires sont utilisés pour le diagnostic, le dépistage et le suivi des pathologies respiratoires comme l’asthme ou la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive). La fonction respiratoire est également utilisée pour prévoir les risques préopératoires, par exemple dans le cadre d’une résection pulmonaire. Elle permet également d’orienter le diagnostic d’une dyspnée. Est-elle d’origine cardiaque ou pulmonaire ?
Cependant, les tests fonctionnels respiratoires seuls ne peuvent pas mener à un diagnostic clinique, par exemple une fibrose pulmonaire ou un emphysème. Les résultats des tests fonctionnels doivent être considérés à la lumière de l’histoire du patient, de l’examen clinique, des radiographies et de certains résultats de laboratoire. Néanmoins, certains tests suggèrent fortement la présence de certaines conditions pathologiques comme la fibrose pulmonaire. Un autre exemple est la courbe débit/volume, qui peut montrer de manière tout à fait caractéristique des lésions au niveau des voies aériennes supérieures.
Si la fonction respiratoire peut apporter des résultats très importants aux cliniciens, elle doit être réalisée également par des mains expertes. Les techniciens ou les opérateurs de la fonction respiratoire doivent avoir une formation complète, comprenant bien sûr les aspects théoriques mais également un volet pratique leur permettant de mener à bien les tests de fonction respiratoire dans la plupart des circonstances, et ce avec des patients parfois affaiblis. Une nouvelle variable s’ajoute à cette problématique : il s’agit de la multiplicité des appareils de fonction respiratoire. En effet, depuis une dizaine d’années, de nombreux appareils de spirométrie apparaissent sur le marché et sont de plus en plus simplifiés, permettant de réaliser la fonction respiratoire dans des circonstances comme la médecine du travail, ou peuvent être employés par un médecin généraliste au domicile du patient. Ces appareils simplifient la vie du clinicien mais peuvent également la compliquer, car leur qualité n’est pas (encore) celle des spiromètres utilisés au laboratoire.
Enfin, la fonction respiratoire est encore largement sous-employée. Par exemple, nous dépistons encore beaucoup trop de patients à un stade sévère de la BPCO alors que la fonction respiratoire permet de dépister cette maladie déjà au stade très léger, vers 40–45ans. À ce moment, l’arrêt du tabac peut encore permettre au patient de garder une fonction respiratoire lui permettant de vivre une vie tout à fait normale, ce qui n’est pas le cas si l’intervention se fait à un stade plus avancé de la maladie.
Subdivision des volumes pulmonaires
La figure 6.1 montre la subdivision classique des volumes pulmonaires dits statiques, c’est-à-dire ceux qui sont réalisés au cours de manœuvres respiratoires lentes. Les plus importants sont la capacité vitale (CV), le volume résiduel (VR) et la capacité pulmonaire totale (CPT). Contrairement à la CPT et au VR, la CV peut être mesurée par des spiromètres simplifiés. En revanche, la CPT et le VR doivent être mesurés par un spiromètre utilisant une méthode de dilution à l’hélium ou par pléthysmographie corporelle. L’intérêt de la mesure de ces volumes pulmonaires est de dépister les maladies respiratoires restrictives. La capacité résiduelle fonctionnelle (CRF) est le volume de gaz présent dans les poumons à la fin d’une expiration normale. Le tableau 6.1 montre le diagnostic différentiel des troubles ventilatoires restrictifs.
Figure 6.1 |
Commande : atteinte du système nerveux central, sclérose latérale amyotrophique, poliomyélite antérieure aiguë, lésion phrénique… |
Jonction neuromusculaire : myasthénie, curarisants… |
Muscles : myopathies |
Paroi : cyphoscoliose, côtes fracturées ou déformées… |
Plèvre : pneumothorax, pleurésie, masse pleurale, pachypleurite… |
Poumon : résection pulmonaire |
Poumon : pneumopathies interstitielles |
Abdomen : masse sous-diaphramatique, ascite |
Les volumes pulmonaires dynamiques
Ces variables sont utilisées de manière universelle et sont basées sur la manœuvre suivante : le sujet respire calmement dans le spiromètre, puis on lui demande d’inspirer rapidement jusqu’à la CPT. Ensuite, on demande au sujet d’expirer le plus rapidement possible et ce jusqu’au VR. Une fois la fin de l’expiration atteinte, on demande au sujet de réinspirer rapidement. Au cours de cette manœuvre, nous mesurons les volumes déplacés mais également les débits expiratoires et inspiratoires forcés.
La figure 6.2 montre le spirogramme (représentation graphique des volumes respiratoires en fonction du temps). Au cours de cette manœuvre sont mesurés la capacité vitale forcée (CVF) mais également le volume expiré maximal au cours de la première seconde (VEMS). La CVF est normalement la même que la CV mesurée au cours d’une manœuvre lente comme celle qui accompagne la mesure des volumes pulmonaires statiques. Cependant, chez des patients atteints d’un trouble obstructif, la CVF est généralement plus petite que la CV lente. Un indice très important permettant d’affirmer l’obstruction des voies aériennes est l’indice de Tiffeneau (VEMS/CV). En effet, au cours d’un trouble ventilatoire obstructif, la diminution du VEMS est plus importante que celle de la CV, et donc cet indice diminue. De manière à standardiser le diagnostic de la BPCO, les directives internationales de dépistage de prise en charge de cette maladie (les critères internationaux de Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease [GOLD]) ont fixé la limite inférieure de l’indice de Tiffeneau à 0,7. En dessous de cette valeur, on considère que le patient est atteint d’un trouble ventilatoire obstructif.