6: Le syndrome du canal tarsien antérieur

Le syndrome du canal tarsien antérieur


Nerf fibulaire profond


N. fibularis profundus



Généralités




Rappel anatomique et physiopatholoqique


Le nerf fibulaire profond est une branche terminale du nerf fibulaire commun, il naît sous le muscle long fibulaire dans la loge latérale de la jambe, son diamètre à cet endroit est de trois millimètres. Il s’enroule autour de la fibula à la face profonde du muscle long fibulaire pour descendre vers l’avant et rejoindre le septum intermusculaire antéro-latéral de la jambe qu’il perfore pour pénétrer dans la loge antérieure de la jambe. Il s’infléchit alors et descend verticalement contre la membrane interosseuse, bordé médialement par le muscle tibial antérieur et latéralement par les muscles longs extenseurs des orteils et de l’hallux. Le long de son trajet dans la loge antérieure de la jambe le nerf fibulaire profond innerve les muscles tibial antérieur, long extenseur des orteils, long extenseur de l’hallux et le muscle troisième fibulaire, s’il existe. Il donne aussi naissance à un rameau articulaire destiné à l’articulation talo-crurale. Le nerf fibulaire profond est le nerf moteur de la loge antéro-latérale et contrôle par conséquent l’extension du pied.


Au niveau de la partie distale de la jambe, il passe sous le rétinaculum supérieur des muscles extenseurs entre les tendons des muscles tibial antérieur et long extenseur de l’hallux. Au niveau de la cheville, antérieurement au tibia, il passe sous le rétinaculum inférieur des muscles extenseurs entre les tendons des muscles long extenseur des orteils et long extenseur de l’hallux. Le canal tarsien antérieur est formé par le talus et le rétinaculum inférieur des muscles extenseurs, il contient des structures tendineuses et vasculaires. Tout changement du diamètre de ce canal et de la pression intratunnellaire se répercute directement sur la vascularisation du nerf fibulaire profond.


Au niveau du bord inférieur du rétinaculum des muscles extenseurs, un centimètre et demi distalement à l’articulation talo-crurale, dans le canal tarsien antérieur, le nerf fibulaire profond se divise en deux branches. La branche latérale ou motrice, elle se dirige vers le dehors, passe sous le muscle court extenseur de l’hallux et innerve les muscles courts extenseurs des orteils et de l’hallux (muscles extenseurs intrinsèques ou pédieux) et les articulations tarso-métatarsiennes et métatarso-phalangiennes. La branche médiale ou sensitive se dirige en avant pour gagner le premier espace intermétatarsien en passant sous le tendon du muscle court extenseur de l’hallux. Elle se divise en deux branches : le nerf digital dorsal latéral de l’hallux et le nerf digital dorsal médial du deuxième orteil. Ce sont deux nerfs cutanés responsables de l’innervation de la peau de la face dorsale du premier espace intermétatarsien.














Bilan diagnostique


Au cours de l’examen neurodynamique du nerf fibulaire profond au niveau du canal tarsien antérieur, les contractions isométriques des muscles longs et courts extenseurs des orteils, ainsi que la palpation ou la compression du métatarse peuvent s’avérer utiles, voire nécessaires afin de reproduire la douleur et/ou la symptomatologie du sujet.


La palpation du nerf fibulaire profond s’effectue, au départ, en position de légère flexion dorsale de la cheville pour permettre la détente des structures tendineuses et du rétinaculum inférieur des muscles extenseurs. Pour palper la branche médiale, le praticien doit écarter les deux premiers orteils et métatarsiens au maximum.


La zone triangulaire d’innervation cutanée entre les deux premiers orteils est intéressante pour le diagnostic différentiel avec d’autres neurocompressions accompagnées d’irradiation à la face dorsale du pied, comme par exemple : une radiculopathie L5 ou encore une atteinte des nerfs cutanés dorsaux du pied.


L’examen de la mobilité de l’articulation talo-crurale permet au praticien d’en déceler une hyper- ou une hypomobilité. L’hypermobilité en flexion plantaire génère une tension trop importante sur le nerf fibulaire profond accompagnée d’une fermeture du canal tarsien antérieur par mise en tension des rétinaculums des muscles extenseurs et des fascias de la jambe. L’hypermobilité en flexion dorsale de la cheville augmente quant à elle la compression du nerf fibulaire profond au niveau du canal tarsien antérieur.





Bilan diagnostique



Examen neurodynamique


Le sujet est en décubitus dorsal en position standardisée. Le praticien maintient sa jambe à l’horizontale, sa hanche et son genou en flexion. Il réalise successivement:



Chaque mouvement est réalisé dans son amplitude maximale, les deux composantes s’additionnent.




Le mouvement est réalisé dans son amplitude maximale, la composante s’additionne aux précédentes.


La symptomatologie est reproduite à la face dorsale du pied et/ou entre l’hallux et le deuxième orteil.


Si une mise en tension supplémentaire s’avère nécessaire pour reproduire les symptômes ou pour les influencer à distance:



Si la symptomatologie au niveau du pied change, l’hypothèse d’une origine neurogène est émise.


La symptomatologie est reproduite à la face dorsale du pied et/ou entre l’hallux et le deuxième orteil.


Le praticien poursuit sa sensibilisation avec d’autres composantes à distance:



Si la symptomatologie au niveau du pied change, l’hypothèse d’une origine neurogène est confirmée.


En maintenant le nerf fibulaire profond sous tension (voir figures 4.1, 4.2, 4.3 et 4.4), le praticien demande au sujet de réaliser un mouvement combiné de flexion dorsale de la cheville, extension des orteils, auquel il résiste (voir figure 4.5).







La compression ainsi obtenue du nerf fibulaire profond, déjà sous tension, peut sensibiliser le nerf et reproduire ou intensifier les symptômes au niveau du pied. Le praticien peut diminuer la mise en tension du nerf fibulaire profond et répéter la même contraction isométrique.



En maintenant le nerf fibulaire profond sous tension (voir figures 4.1, 4.2, 4.3 et 4.4), le praticien réalise une compression latéro-latérale du métatarse (voir figure 4.6).



La compression ainsi obtenue sur la branche médiale du nerf fibulaire profond, déjà sous tension, peut sensibiliser le nerf et reproduire ou intensifier les symptômes au niveau du pied.


Le praticien peut diminuer la mise en tension du nerf fibulaire profond et répéter la même manœuvre.


Le sujet est en décubitus dorsal en position standardisée. Le praticien réalise une compression latéro-latérale du métatarse et poursuit par une flexion plantaire du métatarse et de la cheville (voir figure 4.7).



Le praticien peut également comprimer directement la branche médiale du nerf fibulaire profond dans le premier espace intermétatarsien (voir figure 4.12) pour la sensibiliser et reproduire la symptomatologie entre l’hallux et le deuxième orteil.





La symptomatologie est reproduite à la face dorsale du pied et/ou entre l’hallux et le deuxième orteil.


Le praticien réalise successivement:



Si la symptomatologie au niveau du pied change, l’hypothèse d’une origine neurogène est émise, voire confirmée.


Le sujet est en position assise avachie jambes tendues (slump longsit). Le praticien comprime le nerf dans le premier espace intermétatarsien et reproduit la symptomatologie. Il demande ensuite au sujet de réaliser successivement:




Si la symptomatologie au niveau du pied change, l’hypothèse d’une origine neurogène est émise, voire confirmée.


May 6, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 6: Le syndrome du canal tarsien antérieur

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