Chapitre 6 Anomalies de l’épaisseur et de la consistance de la peau
Certaines maladies sont responsables d’une anomalie de l’épaisseur et/ou de la consistance de la peau, qu’il faut chercher en la plissant et en l’étirant. La peau peut devenir trop dure et perdre sa souplesse habituelle ou au contraire être trop souple. Ces anomalies traduisent des modifications pathologiques ou physiologiques (vieillissement) de son tissu de soutien, le derme, qui est constitué de faisceaux de collagène et de fibres élastiques.
Sclérose
Elle est définie comme une peau trop dure, qui ne se laisse plus plisser (fig. 6-1). Il s’y associe fréquemment un trouble pigmentaire, la peau devenant hyper- et/ou hypopigmentée là où elle est sclérotique (fig. 6-1a et b).
Hyperextensibilité
Une peau qui se laisse anormalement distendre, mais qui conserve son élasticité normale en retrouvant sa position initiale après son extension, est dite hyperextensible (fig. 6-2a). L’hyperextensibilité traduit une anomalie du collagène dermique. Cette hyperextensibilité cutanée s’associe souvent à une hyperlaxité articulaire (fig. 6-2b).
Perte d’élasticité
L’altération ou la disparition du tissu élastique entraîne une perte de l’élasticité de la peau. La peau devient alors lâche et ne retrouve plus son aspect initial après un pincement, mais garde la marque qu’on lui a imprégnée. Il se forme des ridules, des rides, voire des plis cutanés profonds spontanés (fig. 6-3) et/ou un authentique cutis laxa (relâchement de la peau qui pend et qui ne revient pas sur elle quand on l’étire, fig. 6-4). Ces lésions correspondent à des plis cutanés permanents dans une topographie où la peau n’est habituellement pas constamment plissée.
Atrophie
L’atrophie cutanée se définit par la diminution ou la disparition de tout ou partie des éléments constitutifs de la peau (épiderme, derme, hypoderme ou deux voire trois compartiments). L’atrophie épidermique ou dermoépidermique se présente comme un amincissement du tégument qui se ride au pincement superficiel, perdant son élasticité, son relief et prenant un aspect lisse et nacré (cf. fig. 2-4 et 3-16). Les vaisseaux dermiques deviennent anormalement visibles par transparence, du fait de la diminution de l’épaisseur de la peau (fig. 6-5).
Dépression cutanée
Certaines lésions deviennent palpables car elles réalisent une dépression cutanée, alors même que la peau conserve une souplesse normale. Cette dépression traduit généralement une atteinte dermique (dépression superficielle) et/ou hypodermique (dépression profonde). Ces lésions peuvent comporter une anomalie de la surface de la peau sous forme d’une atrophie (fig. 6-6) ou d’une diminution de l’épaisseur de la couche cornée (hypokératose, fig. 6-7). Par exemple, une cicatrice peut réaliser une dépression superficielle, réalisant un plateau déprimé régulier (fig. 6-8). Les vergetures réalisent une dépression linéaire très superficielle (fig. 6-9). La séquelle d’une panniculite (par exemple, lupique) peut se manifester par une dépression profonde, cupuliforme, plus ou moins capitonnée ou vallonnée (fig. 6-10). Il n’existe pas de terme consacré pour désigner ces différents types de dépression. Il est donc légitime d’utiliser le terme de « dépression » suivi d’un ou de plusieurs adjectifs pour les décrire au mieux (superficielle, profonde, cupuliforme, linéaire, etc.).