6: Anesthésie

Chapitre 6 Anesthésie




Les progrès en anesthésiologie ont largement contribué aux avancées réalisées dans le domaine de la chirurgie du strabisme.


La plupart des interventions oculomotrices sont effectuées sous anesthésie générale, principalement en raison du jeune âge de la majorité des patients et de l’importance de l’immobilité de ceux-ci durant l’opération [1], mais elles le sont également pour le parti qu’il est possible de tirer des données peropératoires. Certaines interventions peuvent également se pratiquer sous anesthésie locorégionale ou topique et sous-conjonctivale : la présence d’un anesthésiste n’en reste pas moins indispensable au vu des répercussions cardiaques que peut entraîner la manipulation des muscles oculomoteurs.



Le risque anesthésique, si minime soit-il, n’est jamais nul ; la morbidité et la mortalité liées à l’anesthésie sont devenues très rares ; un accident anesthésique n’en est que plus dramatique pour les patients et leur famille, s’il survient. De ce fait, la répétition des actes opératoires doit être évitée dans la mesure du possible.



Choix de l’anesthésie


Le choix du mode et de la technique d’anesthésie doit tenir compte des données suivantes :



Le choix ne saurait être systématique : il doit correspondre, pour chaque cas particulier, à l’option préférentielle.





Anesthésie topique seule ou associée à une anesthésie sous-conjonctivale ou sous-ténonienne [4]


Elle remplace le plus souvent aujourd’hui l’anesthésie locorégionale.





Préparation à l’intervention



Consultation anesthésique préopératoire


La consultation anesthésique préopératoire est une étape primordiale pendant laquelle des éléments très importants doivent être abordés entre le médecin anesthésiste et le patient ou sa famille, au cas où il s’agit d’un enfant mineur ou d’une personne incapable de discernement.



Bilan anesthésique


En premier lieu, il s’agit pour le médecin de prendre connaissance du dossier médical du futur opéré et de le compléter par une anamnèse dirigée sur :



À ce stade, l’anamnèse vise essentiellement à détecter des problèmes cardiaques, respiratoires, hématologiques (dont les coagulopathies) et l’éventuelle présence d’un reflux gastro-œsophagien. Il est maintenant largement admis qu’une anamnèse bien dirigée a plus de valeur que des examens de laboratoire demandés de routine ; ceux-ci n’améliorent pas la sécurité du patient ; ils n’offrent en outre aucune protection légale [5,6].


L’examen clinique est, lui aussi, centré principalement sur les sphères cardiaques, respiratoires et ORL.


L’ensemble de ces informations permet de détecter et de corriger d’éventuels problèmes médicaux mal compensés ou héréditaires (bronchite ou infection des voies respiratoires supérieures en cours, hyperthermie maligne, etc.), de demander des examens complémentaires ciblés et ensuite de classer le patient selon l’échelle de risque anesthésique ASA – American Society of Anesthesiologists (tableau 6.1).


Tableau 6.1 Échelle d’évaluation du risque anesthésique de l’American Society of Anesthesiologists.


















ASA I Patient en bonne santé
ASA II Patient avec pathologie systémique compensée, sans limitation fonctionnelle (HTA traitée)
ASA III Patient avec pathologie systémique compensée, mais avec une certaine limitation fonctionnelle (angor d’effort stable)
ASA IV Patient avec pathologie systémique présentant une menace permanente pour la santé (angor instable, insuffisance cardiaque décompensée)
ASA V Patient moribond avec décès probable dans les 24 heures avec ou sans chirurgie

Il appartient à l’anesthésiste de demander, si nécessaire, que l’intervention soit différée ou que certains traitements soient au préalable suspendus ou ajustés (asthme mal compensé, par exemple). En cas d’infection ORL en cours (circonstance fréquente en période hivernale), l’intervention doit être repoussée de 3 semaines au moins.






Anesthésie




Anesthésie générale


L’anesthésie générale comporte schématiquement trois phases qui se suivent :




Induction de l’anesthésie


La phase d’induction, comme celle du réveil, représente un moment délicat. À la perte de conscience, s’ajoutent la disparition des réflexes protecteurs des voies aériennes (avec risque de régurgitation et de broncho-aspiration en cas d’estomac plein), l’apnée, des modifications hémodynamiques (hypotension) et l’apparition possible de phénomènes indésirables tels que hoquet, laryngospasme ou bronchospasme. C’est aussi le moment où des gestes délicats comme l’intubation ou l’insertion du masque laryngé sont réalisés.


L’induction peut être réalisée au moyen d’agents intraveineux ou par des anesthésiques volatils administrés par inhalation (figure 6.1). Cette dernière technique est souvent pratiquée en pédiatrie, car elle permet la pose de la voie veineuse une fois l’enfant endormi, mais respirant spontanément.



Les contraintes liées à la proximité du champ opératoire avec les voies aériennes supérieures imposent l’intubation trachéale après administration de curare ou la pose d’un masque laryngé, afin que tout au long de l’intervention le contrôle de la ventilation puisse être assuré.


La relaxation musculaire est nécessaire pour réaliser des gestes comme l’intubation endotrachéale ; elle l’est également pour évaluer les forces musculaires passives et ajuster au besoin le dosage opératoire (cf. chapitre 7). Elle est assurée par les curares et parfois également par des agents volatils halogénés.


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May 4, 2017 | Posted by in CHIRURGIE | Comments Off on 6: Anesthésie

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