Pancréas
Jacqueline Fontugne et Dominique Wendum, Relecture François Paye
Item 305 (item 155) – Tumeurs du pancréas
I Prérequis
Histologie du pancréas (figure 5.1) : le pancréas est une glande mixte, endocrine et exocrine.
Le pancréas exocrine est constitué de cellules acineuses, formant des acini regroupés en lobules, secrétant les enzymes pancréatiques, drainés par les canaux excréteurs (canaux intralobulaires puis interlobulaires et canaux collecteurs [canal de Wirsung]).
Le pancréas endocrine est constitué des îlots de Langerhans, dispersés au sein du parenchyme pancréatique. Ces îlots sont constitués de différents types de cellules qui se distinguent par l’hormone qu’elles secrètent (insuline, glucagon, somatostatine, polypeptide pancréatique [PP]).
II Adénocarcinome du pancréas
A Épidémiologie
L’incidence annuelle du cancer du pancréas est estimée à 7 800 nouveaux cas par an.
L’incidence augmente avec l’âge et est plus élevée chez l’homme que chez la femme.
Le diagnostic est souvent tardif, à un stade non résécable (> 80 %).
Le pronostic est très mauvais : tous stades confondus, la survie à cinq ans est de 5 %.
B Types histologiques
Plus de 90 % des cancers du pancréas sont des adénocarcinomes canalaires, développés aux dépens des cellules des canaux excréteurs.
Ces adénocarcinomes sont ensuite classés en fonction de leur différenciation (bien/moyennement/peu différencié).
C Lésions tissulaires précancéreuses
Les différentes lésions précancéreuses sont :
• la néoplasie intra-épithéliale pancréatique (PanIN Voir Néoplasie intra-épithéliale pancréatique : pancreatic intraepithelial neoplasia) : il s’agit de lésions microscopiques visibles uniquement en histologie et donc non détectables par des méthodes d’imagerie.
Ce sont des lésions de dysplasie épithéliale des cellules bordant les canaux excréteurs. Elles sont classées en trois grades de gravité croissante (PanIN 1, PanIN 2 et PanIN 3) ;
• la tumeur intracanalaire papillaire et mucineuse du pancréas (TIPMP Voir tumeur intracanalaire papillaire et mucineuse du pancréas) : à l’inverse des PanIN, il s’agit de lésions macroscopiques visibles en imagerie (dilatations kystiques des canaux par accumulation endoluminale de mucus).
Histologiquement, il y a une prolifération épithéliale intracanalaire, mucosécrétante d’architecture papillaire. Cette prolifération peut être focale ou diffuse et se développer au sein des canaux principaux ou secondaires. La prolifération épithéliale est plus ou moins dysplasique. Le risque de malignité est, entre autres, lié à l’atteinte du canal principal (canal de Wirsung) (figure 5.2) ;
TIPMP et tumeur kystique mucineuse sont des lésions rares qui ne précèdent qu’un faible pourcentage des cancers du pancréas.
D Diagnostic d’adénocarcinome du pancréas
Le diagnostic est suspecté cliniquement sur des arguments cliniques et sur la découverte d’une masse pancréatique à l’imagerie (échographie abdominale en 1re intention, complétée par une TDM).
En cas de tumeur typique résécable, chez un patient opérable, le diagnostic histologique se fait le plus souvent sur la pièce d’exérèse chirurgicale.
Un diagnostic histologique doit être obtenu pour une tumeur non résécable, une tumeur atypique sur l’histoire clinique ou les examens d’imagerie ou lorsqu’un traitement néoadjuvant est envisagé.
Un site métastatique peut être biopsié (métastase hépatique par exemple).
En l’absence de site métastatique, la lésion pancréatique peut faire l’objet d’une ponction sous échoendoscopie ou sous TDM.
Le compte-rendu anatomopathologique affirmera le diagnostic de cancer et précisera le type histologique.
E Principes du traitement et anatomopathologie
Le seul traitement potentiellement curateur est l’exérèse chirurgicale.
1 Exérèse avec envoi de la pièce en anatomie pathologique
Elle ne peut être envisagée qu’en cas de tumeur résécable (absence de métastase, d’envahissement vasculaire) chez un patient opérable.
Le type d’exérèse est fonction de la localisation tumorale :
• duodénopancréatectomie céphalique (DPC), en cas de tumeur de la tête du pancréas (le plus fréquent) (figure 5.3) ;
• splénopancréatectomie gauche en cas de tumeur du corps ou de la queue du pancréas.
La tranche de section pancréatique est généralement envoyée en anatomopathologie pour examen extemporané, afin de s’assurer de l’absence d’infiltration tumorale. De même, la tranche de section de la voie biliaire principale au cours d’une DPC est envoyée en anatomopathologie pour examen extemporané, afin de s’assurer de l’absence d’infiltration tumorale.
2 Examen anatomopathologique de la pièce opératoire
L’examen anatomopathologique doit obligatoirement préciser les éléments suivants (données minimales définies avec l’INCa, 2011) :
• le type de résection et localisation de la tumeur ;
• le type histologique suivant la classification OMS en vigueur ;
• le grade histopronostique (différenciation pour les adénocarcinomes) ;
État des limites chirurgicales de résection :
• état de la limite de résection pancréatique (saine/envahie).
Si saine : marge minimale (en mm) ;
• état de la limite de résection biliaire si DPC (saine/envahie).
Si saine : marge minimale (en mm) ;
• état des limites rétropéritonéale et vasculaires (au contact de l’axe veineux mésentérico-porte et de l’artère mésentérique supérieure) : saine/envahie.
Si saine : marge minimale (en mm).