Chapitre 5. Les signes cognitifs
1. La place des troubles cognitifs dans la maladie
La maladie d’Alzheimer est une pathologie complexe à appréhender. Il faut se méfier des explications simplistes. On peut tenter de la définir selon différentes approches.
Par exemple, on peut l’appréhender en s’attachant à deux grands types de symptômes : des symptômes productifs et des symptômes dits déficitaires.
Parler de symptômes productifs, c’est évoquer l’apparition de symptômes qui n’existaient pas avant la maladie : il s’agit de la survenue de quelque chose de nouveau. Une personne, par exemple, va présenter des troubles du comportement. Elle qui était si calme devient irritable, ou angoissée. Avec le temps et l’évolution de la maladie, ces symptômes vont constituer ce qu’on appelle les SPCD (syndromes psychologiques et comportementaux des démences).
Les troubles des fonctions cognitives appartiennent davantage à l’autre grand type de manifestations : les symptômes déficitaires. C’est à la description de ces symptômes que va s’attacher le présent chapitre.
Il s’agit de l’apparition de déficits, d’atteintes des fonctions supérieures qui auparavant fonctionnaient correctement. Par exemple, le langage, la mémoire fonctionnent moins bien : des manques du mot apparaissent, des oublis aberrants se multiplient. Autre exemple, Mme B., auparavant véritable « cordon-bleu », n’est plus capable de réaliser une modeste tarte aux pommes.
2. Les fonctions cognitives
Les fonctions cognitives sont un ensemble de fonctions du cerveau aboutissant à la connaissance, à la maîtrise de l’environnement, grâce à la perception, l’attention, la mémoire, le langage, le savoir-faire, le raisonnement…
Dans la maladie d’Alzheimer, ces fonctions vont s’altérer.
Il est essentiel d’avoir toujours à l’esprit qu’il s’agit d’une maladie neurologique et non d’un phénomène normal du vieillissement. Autrefois, un fatalisme grotesque expliquait les troubles cognitifs par l’avancée en âge (on parlait de la « vieillerie »), aujourd’hui il faut combattre cette croyance qui peut retarder le diagnostic et la prise en soins.
Même s’ils évoluent de manière hétérogène et de manière progressive, les troubles des fonctions supérieures vont affecter, après des années d’évolution, la totalité des fonctions cognitives : atteinte du fonctionnement de la mémoire, des fonctions dites instrumentales (langage, praxies et gnosies), troubles des fonctions exécutives et des capacités attentionnelles.
Il est important d’avoir à l’esprit qu’il n’existe pas de signes spécifiques de cette maladie. Tous les symptômes décrits plus loin peuvent en effet apparaître lors d’une autre affection.
De plus, la maîtrise d’un vocabulaire précis permet de donner des informations pertinentes et d’être un interlocuteur de qualité vis-à-vis du médecin ou de la famille.
3. La mémoire
La mémoire est un outil de communication et d’élaboration de projet. Elle est consubstan- tielle à la vie, c’est-à-dire mêlée à tous les moments de la vie. C’est la capacité à acquérir des informations (par les cinq sens par exemple), à les conserver et à les restituer à la demande.
Pour mémoriser plusieurs mécanismes sont nécessaires :
• l’encodage : après réception, l’information est traitée pour être mémorisée ;
• le stockage : on dépose les souvenirs, l’information codée, dans une boîte que l’on remplit d’informations, d’événements plus ou moins agréables… On stocke ces informations ;
• la récupération : on doit être capable d’aller rechercher les informations et de les restituer lorsqu’on en a besoin.
Fig. 1.8. |
Schéma du fonctionnement de la mémoire |