Chapitre 5 Anatomie chirurgicale de la rhinoplastie
Présentation générale du nez
Aspect général et segmentation du nez – morphologie et esthétique
Nez externe
Morphologie du nez
Le nez se présente anatomiquement comme une pyramide triangulaire à base narinaire inférieure, une racine au niveau de la jonction nasofrontale, une pointe antérieure et deux parois latérales se poursuivant caudalement avec les ailes du nez.
La description morphologique du nez de face et de profil est représentée à la figure 5.1.
Il est classique de décrire les différentes apparences du nez en fonction des proportions respectives du dos du nez (appelé dorsum) et de la projection de la pointe. Le dorsum nasal (fig. 5.2) est regardé selon sa rectitude, sa hauteur et sa longueur ; il peut ainsi être haut ou bas, convexe (nez en tension ou nez busqué), droit ou concave (nez ensellé) (fig. 5.3A,B). La pointe obéit, quant à elle, à trois paramètres : le volume, la rotation et la projection.
Lignes esthétiques du nez
Il existe de nombreuses propositions de classifications reposant sur des proportions, des lignes et des mesures d’angles (fig. 5.4). Elles différencient en général hommes et femmes et parfois les races.
Cependant, il nous a semblé plus simple d’envisager l’analyse esthétique du nez en prenant en compte les relations entre nez et lèvre supérieure (fig. 5.5).
Stratification du nez et plans chirurgicaux de dissection
Le nez est composé de couches anatomiques superposées dans lesquelles cheminent vaisseaux et nerfs. On distingue ainsi successivement (fig. 5.7A–C) la peau, le tissu sous-cutané, le plan musculaire, l’espace décollable sous-musculaire, l’enveloppe périchondro-périostée, puis le squelette ostéocartilagineux et enfin la couche profonde cutanéomuqueuse.
SMAS nasal et muscles du nez
Séparant la couche cutanéograisseuse du plan musculaire, il existe un plan anatomique décollable superficiel. Celui-ci ne doit pas être considéré comme un plan chirurgical car il expose inutilement et dangereusement la peau lors des suites opératoires.
SMAS nasal
Le SMAS nasal (fig. 5.8A–D) représente la couche protectrice de la peau. Il contient tous les muscles de la pyramide nasale. Il se comporte comme une lame porte-vaisseaux qui recouvre toute la pyramide nasale sur sa face externe et s’étend de la région frontoglabellaire jusqu’à la pointe du nez. On lui reconnaît une lame primaire qui se divise et envoie des expansions profondes au niveau de la valve nasale interne – où elle s’insère – et du septum membraneux où elle rejoint des expansions du muscle depressor septi nasi [1]. Puis elle se poursuit superficiellement jusqu’au bord libre des narines latéralement et jusqu’à la columelle médialement. À ce niveau, elle contient les deux artérioles columellaires et descend jusqu’à la lèvre supérieure où elle rejoint les faisceaux du muscle orbicularis labii superficialis. Chirurgicalement, il est important de maintenir la continuité de cette lame et de cheminer dans le plan de dissection qui passe juste au-dessous.
Muscles du nez
Les muscles du nez (fig. 5.9) sont nombreux, pairs et symétriques. Ils affectent la fonction nasale et appartiennent aux muscles de la mimique faciale. On peut distinguer les muscles à fonction mimique prédominante : procerus, levator labii superioris alaeque nasi, depressor septi nasi et parfois compressor narium, volontiers concernés par l’utilisation de la toxine botulique. Les muscles dilatateurs des narines forment un groupe à part : myrtiformis (abaisseur du plancher narinaire), dilatateur propre, dilatateur antérieur ; ce groupe présente de nombreuses variations anatomiques. Enfin, on trouve le transversus nasalis, muscle de la valve nasale, dont l’origine sur le maxillaire en dehors de la fossette myrtiforme peut parfois faire penser à un faisceau du muscle myrtiformis.
Peau vestibulaire et muqueuse nasale
La couche profonde se divise en peau et en muqueuse avec une transition au niveau de la plica nasi.
Vaisseaux et nerfs du nez – anesthésie locorégionale
Vascularisation du nez
Artères du nez (fig. 5.10)
Les artères du nez sont des branches des artères faciales et ophtalmiques. Il existe de nombreuses variations dans leurs distributions. On distingue habituellement les artères longitudinales, qui sont les artères angulaires et dorsales. Ces dernières vont s’anastomoser avec les artères columellaires qui arrivent de la lèvre supérieure. Les artères transversales, qui sont les artères marginales et latérales, courent de part et d’autre des bords du cartilage alaire, la première le long du bord caudal et l’autre dans la valve nasale à la jonction triangulo-alaire. De plus, il existe parfois une artère qui longe le bord narinaire et une autre artère transversale au niveau du radix. Ces artères transversales sont très exposées lors des rhinoplasties car elles sont situées précisément sur les voies d’abord du nez.
Arcades artérielles et anastomoses transfaciales et intercarotidiennes (fig. 5.11)
Ces artères forment en fait un système anastomotique intercarotidien et transfacial bien objectivé par les travaux Doppler [2]. Les anastomoses artérielles permettent une inversion du flux artériel en fonction des circonstances physiologiques ou pathologiques. De ces anastomoses partent les ramifications terminales sous forme de plexus sous-dermique alimenté par des perforantes.