SYNDROME CLINIQUE

La myalgie épidémique est une cause rare de douleur thoracique. Également désignée par les termes de maladie de Bornholm ou de pleurodynie épidémique, la myalgie épidémique est provoquée par une infection aiguë par les virus Coxsackie. Ce type de virus, qui est transmis par voie fécale ou orale, est extrêmement contagieux en raison d’une période prolongée d’excrétion virale pouvant atteindre 6 semaines. Chez certains patients, le système immunitaire limite l’infection à une fièvre légère ou à des symptômes pseudogripppaux qui sont alors désignés par le terme de grippe d’été . Dans d’autres cas se développe une infection à part entière se manifestant par une pleurodynie et une toux.

Il existe une variation saisonnière des cas de myalgie épidémique, 90 % d’entre eux survenant au cours de l’été et de l’automne, le pic d’apparition correspondant au mois d’août. Aucun sexe n’est touché plus que l’autre, mais la maladie survient plus fréquemment chez les jeunes adultes et, parfois, chez les enfants. La douleur est d’intensité sévère, et elle est décrite comme aiguë et de type pleurétique. La douleur se déclenche en crises paroxystiques pouvant durer jusqu’à 30 minutes.

SIGNES ET SYMPTÔMES

L’examen physique montre un tableau clinique de pathologie aiguë (figure 46.1). La pâleur et la fièvre sont constamment présentes, de même que la tachycardie. Les patients souffrent de malaise, de mal de gorge et d’arthralgies. L’examen de la paroi thoracique ne met en évidence que des anomalies physiques minimes, bien qu’un frottement pleural puisse parfois être décelé. Au cours des épisodes douloureux paroxystiques, le patient atteint de myalgie épidémique tente de soutenir ou de protéger la zone affectée. Une inspiration profonde ou un mouvement de la paroi thoracique augmente très sensiblement la douleur.

Figure 46.1 Une aspiration profonde augmente fortement la douleur de la myalgie épidémique.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL

Comme dans le cas de la chondrite costale, de la douleur des articulations costosternales, du syndrome de Tietze, ou des fractures costales, un grand nombre de patients présentant une myalgie épi-démique consultent d’abord leur médecin pour ce qu’ils pensent être une crise cardiaque. Si la zone innervée par le nerf sous-costal est touchée, les patients pensent souffrir d’une maladie de la vésicule biliaire. Statistiquement, les enfants présentant une myalgie épidé-mique souffrent d’une douleur abdominale plus souvent que les adultes, et cette douleur peut être attribuée à une appendicite, débouchant sur des interventions chirurgicales inutiles. Contrairement à la plupart des autres causes de douleur de la paroi thoracique, qui sont de nature musculosquelettique ou neuropathique, la douleur de la myalgie épidémique est de nature infectieuse. Les signes généraux associés à la myalgie épidémique peuvent conduire le clinicien à envisager comme diagnostic le plus probable une pneumonie, un empyème et parfois une embolie pulmonaire.

Comme cela a été mentionné, la douleur de la myalgie épidémi-que est souvent confondue avec une douleur provenant du cœur ou de la vésicule biliaire, ce qui peut amener le patient à consulter un service d’urgences, et conduire à la réalisation de bilans cardiaques et gastro-intestinaux inutiles. Si un traumatisme est intervenu, une myalgie épidémique peut être présente simultanément à des fractures de côtes ou des fractures du sternum lui-même, qui peuvent ne pas être révélées par des radiographies standard. Il est alors nécessaire de réaliser une scintigraphie osseuse pour les mettre en évidence. Le syndrome de Tietze, qui est une tuméfaction douloureuse du cartilage costochondral supérieur associée à une infection virale, peut être confondu avec une myalgie épidémique.

Une douleur neuropathique affectant la paroi thoracique peut également être confondue ou coexister avec un syndrome costoster-nal. Des exemples de ce type de douleur comprennent les polyneu-ropathies diabétiques et le zona aigu touchant les nerfs thoraciques. Il ne faut jamais négliger l’éventualité de pathologies affectant les structures du médiastin qui peuvent parfois être difficiles à diagnostiquer. Des processus pathologiques entraînant l’inflammation de la plèvre, notamment une embolie pulmonaire, une infection et une tumeur, doivent également être évoqués.