43: Nécroses

Chapitre 43 Nécroses


La nécrose est la conséquence d’une ischémie et elle se traduit par une insensibilité à tous les modes puis par une peau noire et dévitalisée dont les limites se dessineront par rapport à la peau saine attenante (sillon d’élimination) en quelques jours. La nécrose doit toujours être considérée comme une urgence médicale ou médicochirurgicale jusqu’à preuve du contraire. Diagnostiquer la nécrose au stade de plaque de nécrose noire est trop tardif. Le diagnostic précoce n’est pas toujours simple et nécessite de l’expérience. Les signes suivants doivent attirer l’attention : zone indolore au sein d’une région douloureuse, pâleur ou baisse de la température cutanée dans une zone érythémateuse, teinte particulièrement foncée d’un purpura. Il faut alors s’aider d’une aiguille (SC ou IM) et piquer dans les zones suspectes. Cette piqûre doit faire mal. Si ce n’est pas le cas et si le sujet n’a pas de neuropathie, c’est un signe de gravité. Le retrait l’aiguille induit un saignement. Si ce saignement manque, il s’agit d’une nécrose évolutive et il est impératif d’en déterminer la cause et de mettre en œuvre, sans retard aucun, les mesures thérapeutiques appropriées. L’apparition d’une nécrose peut soit être le signe de gravité d’une affection cutanée (dermohypodermite infectieuse), soit être l’expression cutanée d’une maladie systémique généralement grave (CIVD, calciphylaxie, etc.).


Le contexte clinique, l’extension de la nécrose et les signes associés sont essentiels pour porter le diagnostic (p. ex. : chez un sujet immunodéprimé ou diabétique insulinodépendant en acidocétose avec une nécrose localisée, il faut en priorité évoquer une mucormycose).



Tableau 43.1 Principales causes de nécroses
























Mécanisme Principales causes
Obstructions vasculaires non thrombotiques Angiodermite nécrotique
Artérite
Calciphylaxie
Dissection vasculaire et plaie artérielle directe
Embolies (cardiaques, de cristaux de cholestérol, graisseuse)
Ergotisme et médicaments (dihydroergotamine + macrolides, vasopresseurs, bléomycine, etc.)
Formes vasculaires de l’acrokératose paranéoplasique
Hématome compressif
Ischémie aiguë
Maladie de Buerger
Phlegmatia coerulea
Pseudoxanthome élastique
Vasculite (PAN, Wegener, vasculite leucocytoclasique nécrosante, etc.)
Thromboses vasculaires Angioendothéliomatoses réactionnelles
CIVD (dans le cadre d’un purpura fulminans méningococcémique, d’une septicémie à Gram -, etc.)
Cryoprotéines (cryofibrinémie, agglutinines froides, etc.)
Déficit complet en protéine de la coagulation Hémopathies (Vaquez, thrombocythémie, etc.)
Nécrose aux anticoagulants
Paraprotéinémie (myélome, Waldenstrom, cryoglobulinémie à fort composant monoclonal, etc.)
SAPL catastrophique
Thalassémie, drépanocytose
Infections Ecthyma gangréneux
Fasciite nécrosante et autres dermohypodermites infectieuses (de Fournier, gangrène gazeuse, etc.)
Méningococcémie
Divers, notamment chez l’immunodéprimé : zona et varicelle, aspergillose, mucormycose, bacille du charbon, amibiase, noma, diphtérie, syphilis, rickettsioses, Stnenotrophomonas maltophilia, etc.
Agents physiques Brûlure (thermique, électrique, chimique, rayons X, etc.)
Gelure
Traumatisme mécanique
Iatrogènes et toxiques Anticoagulants (nécrose coumarinique)
Bléomycine
Dermatite livédoïde de Nicolau (injection intra-artérielle accidentelle)
Ergotisme
Extravasation accidentelle de chimiothérapie, de canulation d’artère, etc.
Injection intradermique ou hypodermique de produits déconditionnés (ex. : Subutex, Propofan)
Morsure de serpent et d’araignée
Saturomètre digital des malades en réanimation
Vasoconstricteurs (adrénaline, dopamine, etc.)
Autre Pityriasis lichénoïde aigu ulcéronécrotique

PAN : périartérite noueuse ; CIVD : coagulation intravasculaire disséminée ; SAPL : syndrome des anticorps antiphospholipides.


Apr 23, 2017 | Posted by in DERMATOLOGIE | Comments Off on 43: Nécroses

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access