4 Psychopathologie des conduites d’endormissement et du sommeil
Généralités
Sommeil : aspect électrophysiologique
la phase de sommeil paradoxal (SP), paradoxal car l’EEG est proche d’un EEG de veille, tandis que le seuil de stimulation d’éveil est particulièrement élevé. Cette phase est encore appelée phase de mouvement oculaire (PMO, rapid eye movement : REM) ou encore phase de sommeil rapide. On constate alors :
la phase de sommeil calme ou lente est dépourvue d’activité motrice, avec des ondes lentes à l’EEG. Cette phase est subdivisée elle-même en stades I, II, III et IV, selon le rythme et l’amplitude des ondes électriques, allant du sommeil léger (stade I) au sommeil profond (stade IV).
Distinction entre sommeil de l’adulte et sommeil de l’enfant
Par rapport au sommeil de l’adulte, celui de l’enfant se distingue par quatre particularités.
Période initiale du sommeil
Chez le nouveau-né et le jeune enfant (avant 2 ans) on observe une phase de SP précoce, 30 à 45 minutes après l’endormissement. En revanche, chez l’enfant plus grand le délai d’apparition du SP est particulièrement long (120 minutes environ), avec une première phase de sommeil paradoxal atypique et incomplète. Certains auteurs voient là une des sources de la fragilité du premier sommeil de l’enfant et des accidents paroxystiques qui surviennent alors tels que les terreurs nocturnes ou le somnambulisme.
Sommeil et rêve
Corrélation électrophysiologique
La fonction du rêve et du SP reçoit des explications variables :
fonction de maturation selon certains qui tirent argument de l’importance quantitative croissante du SP jusqu’à la naissance puis sa décroissance progressive (Roffwarg) ;
fonction de libération et de décharge des tensions instinctuelles (Dement) ;
fonction de programmation (Jouvet), les traces mnésiques laissées par l’expérience diurne étant intégrées, liées et programmées au cours du SP : dans cette dernière hypothèse, le sommeil, en particulier le SP, jouerait un rôle de premier plan dans les capacités d’adaptation entre l’équipement génétique et l’apport de l’environnement. Il serait également à la base des fonctions de rétention mnésique et d’apprentissage.
Abord psychanalytique et psychogénétique
Pour Freud, le rêve est un compromis entre la « réalisation d’un désir imaginaire inconscient » et l’effet de l’abaissement de la censure devenue plus tolérante grâce au sommeil, associé toutefois au maintien de l’activité préconsciente qui préserve le sommeil. Sans revenir ici sur le travail du rêve, c’est-à-dire les mécanismes mentaux qui préludent à l’élaboration onirique (figuration, condensation, déplacement), le rêve est considéré par Freud comme un phénomène passif de décharge des désirs inconscients et comme le « gardien du sommeil » : il permet la continuité de ce dernier en liant l’énergie instinctuelle qui menace le psychisme d’effraction traumatique. Ce rôle de liaison et de maintien de la continuité est repris par Fain et David dans une perspective légèrement différente de celle de Freud : le rêve serait un instrument au service des mécanismes d’intégration du Moi permettant de lier l’énergie instinctuelle du Ça à des représentations psychiques, donc de créer des schèmes d’interactions unissant un affect à une représentation psychique, schèmes à partir desquels l’activité psychique pourrait être progressivement liée (Houzel, Braconnier).
Chez l’enfant, outre l’évolution des besoins quantitatifs en sommeil, la distinction entre récit du rêve et expérience du rêve permet d’aborder le problème de l’apparition de la fonction onirique. L’imagerie du rêve est particulièrement riche, mais ce n’est pas avant 2 ans, 2 ans et demi qu’on peut obtenir un récit de rêve. C’est la raison pour laquelle L.B. Ams considère que le rêve apparaît vers l’âge de 2 ans. En revanche, d’autres auteurs s’attachant non pas au récit, mais à ce qui serait une expérience préverbale, estiment que l’expérience onirique de satisfaction hallucinatoire d’un désir serait beaucoup plus précoce, les divers organisateurs de la vie psychique définis par Spitz servant à en repérer l’évolution (Faim, Kreisler). Il apparaît certain, tant à la lumière des recherches électroencéphalographiques, que de l’observation comportementale de bébés au cours du sommeil, et des acquis de la psychologie du développement, que les préformes du rêve apparaissent dès la première année. La nature des rêves varie : rêve–réalisation de désir, rêve–reviviscence d’événements passés agréables ou non, rêve de punition, rêve d’angoisse ou cauchemars. En fonction du degré de maturation de l’enfant, de ses capacités d’expression, de son vécu propre, le récit du rêve est extrêmement varié. La majorité des études (Foulkes, Zlotowicz, Braconnier) porte sur des enfants entre 6 et 12 ans : ils révèlent d’une part la très étroite relation entre la vie psychique à l’état de veille et l’activité onirique, d’autre part l’évolution de cette activité onirique au cours de la nuit. Les rêves de fin de nuit sont souvent plus agréables, plus riches, tant sur le plan du vocabulaire que sur celui des thèmes rapportés. Les rêves d’angoisse sont particulièrement fréquents, mais certains auteurs pensent que le « bon rêve » subit un refoulement tel qu’il est oublié lors du réveil ; seul le cauchemar serait remémoré, d’où l’apparente fréquence de ceux-ci.
la fusion à la mère (bonne ou mauvaise) ;
l’anéantissement, la disparition ou la mort ;
la séparation, la perte ou l’abandon ;
le renoncement à l’autonomie ou à la maîtrise ;
la menace de l’émergence pulsionnelle et du conflit œdipien.