4: Les traumatismes faciaux

Chapitre 4 Les traumatismes faciaux



La fréquence des traumatismes faciaux, les séquelles qu’ils génèrent, les précisions apportées par les moyens d’imagerie expliquent la grande fréquence des demandes d’examens. Les radiographies standards, encore récemment préconisées, ont laissé la place à l’exploration tomodensitométrique qui est devenu l’examen essentiel, et de plus en plus souvent exclusif, dans le bilan de ces traumatismes. L’IRM apporte des éléments supplémentaires dans certaines indications.


Qu’attendre d’un examen tomodensitométrique du massif facial traumatisé ? Déterminer :







Le but de cette exploration, et des reconstructions qui y sont attachées, est de présenter au chirurgien, dans des plans anatomiques facilement interprétables, les différentes lésions afin de planifier la prise en charge. L’interprétation doit être descriptive, mais synthétique. Nous verrons que si les plans de reconstructions classiques (axial, coronal, sagittal) sont indispensables, d’autres axes de reconstructions sont nécessaires pour préciser l’état de certaines structures anatomiques qui ne sont pas axées dans les trois plans sus-mentionnés, comme les muscles oculomoteurs, les canaux optiques…


L’exploration d’un traumatisme du massif facial peut être réalisée en urgence ou de façon différée. Mais souvent, les plaies cutanées et muqueuses associées les transforment en fractures ouvertes, nécessitant une prise en charge chirurgicale rapide. Cette étude peut être réalisée isolément, mais est fréquemment couplée à une exploration encéphalique pour traumatisme associé, voire à d’autres secteurs anatomiques en cas de polytraumatisme. Rappelons la prudence nécessaire dans la prise en charge du patient en cas de traumatisme rachidien associé, qu’il est indispensable d’éliminer, notamment par des coupes TDM, sur un patient inconscient.


Les paramètres d’acquisition et de reconstruction seront décrits précisément dans un but d’optimisation de la dose, d’harmonisation des pratiques.



Techniques d’exploration



Technique d’exploration tomodensitométrique du massif facial traumatisé


L’acquisition tomodensitométrique hélicoïdale est programmée en préparatoire des reconstructions multiplanaires. Le patient est en décubitus dorsal, la tête est mise en position indifférente. Après un mode radio de profil, la zone à explorer est positionnée, du plan occlusal jusqu’au-dessus des sinus frontaux. Elle peut être étendue vers le bas afin de couvrir l’ensemble de la mandibule, voire le rachis cervical ; vers le haut pour explorer l’ensemble de l’encéphale. L’injection n’est pas nécessaire, sauf si la lésion d’un axe artériel est suspectée.


L’acquisition se fait à l’aide de coupes inframillimétriques, avec les constantes suivantes : tension : 100 à 120 kV, charge 80 à 150 mAs, voire 200 mAs en fonction des scanners.


Les reconstructions natives sur le massif facial sont réalisées :





Les reconstructions multiplanaires sont réalisées dans les trois plans de l’espace. Elles sont indispensables :


reconstructions axiales (fig. 4-1) : parallèles au plan palatin ou plan bispinal (passant par l’épine nasale antérieure et l’épine nasale postérieure), étendues du rebord alvéolaire maxillaire jusqu’au-dessus des sinus frontaux ; symétrie droite-gauche parfaite ;

reconstructions coronales (fig. 4-2) : perpendiculaires au plan bispinal, étendues de la pyramide nasale à la partie postérieure du corps du sphénoïde (et prolongées éventuellement vers le temporal, mais le protocole d’acquisition du massif facial n’est pas optimisé pour l’étude fine du temporal). Symétrie droite-gauche parfaite ;

reconstructions sagittales (fig. 4-3) : parallèles au plan sagittal médian, couvrant l’ensemble du massif facial d’un côté à l’autre.




Nous avons vu que les coupes doivent être millimétriques ou inframillimétriques. Un autre élément important est l’espacement des coupes. Un des principes d’interprétation de ces groupes de coupes réside dans le principe suivant : plus les coupes sont jointives, et au mieux chevauchées, meilleure sera la qualité des reconstructions multiplanaires, et plus précise sera l’appréciation de la localisation et la progression des traits de fractures. La visualisation dynamique des coupes, grâce aux logiciels à disposition, facilite l’interprétation. L’archivage et la transmission du nombre important de coupes générées ne posent plus de difficultés (gravage sur support digital, PACS…), seules les images les plus représentatives peuvent être imprimées, accompagnant le compte rendu.


Mais nous devons recourir à d’autres plans de reconstructions lorsque les traits de fracture sont susceptibles de s’étendre à des structures dont les axes s’écartent des trois plans de base :


exploration des parois et du contenu des orbites. En raison de l’orientation en avant et en dehors des orbites, les plans de reconstruction prennent comme référence l’axe du nerf optique (globe oculaire en position indifférente) :

plan sagittal d’orbite : sagittal oblique (fig. 4-4 et 4-5) dans l’axe du nerf optique ; permet d’explorer le nerf optique, les muscles droit supérieur, releveur de la paupière supérieure, droit inférieur, la paroi supérieure et surtout la paroi inférieure de l’orbite,

plan coronal d’orbite : perpendiculaire à l’axe du nerf optique (fig. 4-6 et 4-7) ; permet de bien apprécier le plancher orbitaire, ses fractures et déplacements. Les coupes antérieures permettent de visualiser le petit oblique, ainsi que le tendon antérieur du muscle grand oblique, post-trochléaire, et le muscle qui lui fait suite ;

plan du canal nasofrontal. En raison de son inclinaison [1] en bas et en arrière (l’axe du canal forme avec le plan horizontal un angle ouvert en arrière, variable en fonction de l’embryogenèse du canal et de la morphologie nasosinusienne, toujours obtus [110 à 150°]), les plans de reconstruction optimaux du canal nasofrontal sont le plan sagittal paramédian, le plan axial, et surtout le plan frontal incliné en haut et en avant (fig. 4-8) ;













Les reconstructions surfaciques ou 3D avec rendu de volume peuvent compléter les reconstructions multiplanaires, apportant une vue d’ensemble sur les déplacements osseux et la position des traits, notamment avant chirurgie réparatrice à visée esthétique, mais elles ne remplacent pas ces études multiplanaires, beaucoup plus précises.




Biomécanique des fractures du massif facial


De nombreux travaux ont décrit les éléments anatomiques qui en grande partie régissent les différents types de traumatismes maxillofaciaux et leurs classifications. La connaissance de ces classifications est nécessaire pour comprendre la progression des traits et analyser les structures susceptibles d’être touchées : l’acquisition tomodensitométrique effectuée, les trois plans de reconstruction indispensables sont réalisés et analysés. Devront être alors analysés :




Le massif facial adulte est à considérer comme une unité fonctionnelle [3, 4] et classiquement décrit comme constitué de zones de renfort et de zones de faiblesse. Les zones de renfort, solides et protectrices, sont formées de poutres horizontales et de piliers verticaux [57]. Ces piliers et poutres servent à amortir les sollicitations des forces masticatrices, et se répartissent ainsi :




Ces poutres et piliers sont formés d’os compact de type haversien et d’os spongieux. Entre ces structures résistantes se trouvent des cavités à contenu aérique ou tissulaire (fosses nasales, sinus paranasaux, orbites) dont les parois sont fines, légères, fragiles, cassant en « coquille d’œuf » [8]. Les parois des sinus frontaux, qui sont situés audessus de la poutre horizontale supérieure, sont plus solides. La répartition des lignes de résistance du massif facial en piliers verticaux se justifie par les contraintes de la mastication, et est beaucoup moins adaptée aux contraintes horizontales, qui constituent les directions les plus fréquentes des impacts maxillofaciaux.


Les signes directs de fracture sont ceux que l’on peut retrouver sur n’importe quelle structure osseuse (solution de continuité, déplacements, angulation, désaxation, chevauchement, élargissement de sutures…), mais les particularités anatomiques du massif facial doivent être prises en compte : sutures, fissures, canaux vasculaires et nerveux, finesse de certaines structures, déhiscences anatomiques… Les traits de fracture une fois visualisés, leur direction, leur progression doivent être reconnues, suivies, les atteintes potentielles importantes (canaux optiques, lacrymaux, nasofrontaux, carotidiens, parois orbitaires, étage antérieur, apophyses ptérygoïdes…) seront vérifiées.


Les signes indirects regroupent les épanchements intrasinusiens, l’emphysème des parties molles, les tuméfactions.


Insistons encore sur la détection des lésions associées (encéphaliques, rachidiennes…).

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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 4: Les traumatismes faciaux

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