3: Procédés complémentaires

Chapitre 3 Procédés complémentaires





Traitement original de la bajoue débutante


J. Huth




Analyse topographique des mécanismes


L’analyse topographique des mécanismes est illustrée à la figure 3.1.



Le ligament mandibulaire de Furnas naît du périoste à 1 cm au-dessus du rebord mandibulaire, dans son tiers antérieur, sur la ligne d’insertion du platysma et de l’abaisseur de l’angle de la bouche (fig. 3.2). Il court horizontalement à 5 mm en éventail vers la peau. Il retient la région cutanée parasymphysaire et s’oppose à la gravité.



Le muscle abaisseur de l’angle de la bouche prend ses insertions périostées sur le rebord basilaire et est étroitement lié aux insertions musculaires du ventre antérieur du platysma (fig. 3.3).



Le rameau labiomentonnier ou marginal antérieur surcroise l’artère sur le rebord basilaire puis se dirige vers la commissure labiale, et court sous le platysma.


L’artère faciale croise le rebord mandibulaire en avant du bord antérieur du masséter, repérable en faisant serrer les dents.


La veine faciale est en arrière de l’artère.


Le ligament mandibulaire de Furnas se situe chez la femme en moyenne à 3,5 cm en arrière de la symphyse et à 3,5 cm en avant du masséter, et crée ainsi un blocage à la descente graisseuse de la joue. Il favorise la formation de la bajoue (fig. 3.4).



Les conclusions anatomochirurgicales s’imposent : il apparaît logique de proposer une section des attaches ligamentaires mandibulaires au rebord osseux basilaire qui permettra un soulagement des tensions musculaires et un comblement de l’espace ainsi libéré par les tissus sous-cutanés voisins (fig. 3.5).




Geste chirurgical


Il est nécessaire de libérer les attaches du muscle abaisseur de l’angle de la bouche sur le rebord mandibulaire en sectionnant le ligament mandibulaire pour créer une unité de glissement de la couverture cutanéo-musculo-graisseuse sur l’ovale du visage. On retrouve ainsi un contour harmonieux, plus arrondi, et on permet un drapage de la mandibule sans zone d’arrêt paramentonnière.


Cette libération peut être réalisée en repérant consciencieusement les attaches musculaires (fig. 3.6A), en cherchant la zone du pli cutanéograisseux qui résiste à la manœuvre de décollement entre pouce et index (3,5 cm) et en palpant le bord antérieur massétérien.



Ce geste peut être réalisé sous anesthésie locale, ou sous anesthésie générale lors d’un autre geste, par section des attaches musculaires osseuses au rebord basilaire, à l’aide du biseau d’une aiguille de 16 Gauge ou d’un trocart intramusculaire (fig. 3.6B).





Le but du traitement est de libérer les attaches des muscles abaisseurs de l’angle de la bouche sur le rebord mandibulaire, en sectionnant le ligament mandibulaire, pour créer ainsi une unité de glissement de la couverture cutanéograisseuse sur l’ovale du visage (fig. 3.8A,B).





Laser et rajeunissement du visage




Généralités







Traitements laser


Le laser, acronyme de light amplification by stimulated emission off radiation, est un procédé qui consiste à sélectionner un faisceau de photons, tous identiques, en phase et en cohérence spatiale et temporelle. Ce faisceau est envoyé lors du tir laser sur la cible que l’on cherche à modifier.


Lors d’un tir laser, trois phénomènes se succèdent :



La connaissance et la compréhension des paramètres de longueur d’onde, d’énergie délivrée (fluence) et de durée d’impulsion (pulse duration) permettent d’utiliser efficacement les lasers.



Ces effets entraînent des dommages réversibles ou irréversibles (dans le cas de nécrose par exemple).



Traitements des anomalies de couleur



Couleur brune


Pour les pigmentations brunes, nous préférons traiter les lentigos, lentigines et lentiginoses à l’aide des lasers Q-switched. Il s’agit de lasers solides Nd:Yag Q-switched 1064 ou 532 nm, Alexandrite Q-switched 755 nm ou Ruby Q-switched 694 nm. La particularité de ces lasers réside dans la présence d’une cellule de Pockels dans la cavité optique qui permet de délivrer des puissances extrêmement fortes, de l’ordre des mégawatts, dans des temps ultra brefs (nanosecondes). L’effet tissulaire est photomécanique. La cible est littéralement explosée. Il se crée une onde acoustique avec formation d’un plasma qui protège les structures tissulaires avoisinantes. De ce fait, ces lasers agissent sur les cibles pigmentaires ; ils explosent la mélanine contenue dans les mélanomes. Celle-ci est secondairement digérée par les macrophages ; il y a décoloration de la pigmentation ciblée tandis que l’épiderme et le derme restent intacts [1].


Ces lasers effacent également les pigmentations artificielles comme celles de certains tatouages.


Nous avons choisi de travailler depuis près de 20 ans avec des Nd:Yag Q-switched car la longueur d’onde 1064 nm nous permet de traiter les phototypes très élevés sans risque d’achromie, et que la longueur d’onde 532 mn, également accessible avec ces lasers grâce à un cristal KTP placé sur le trajet du faisceau, nous permet d’effacer les pigmentations très superficielles, donc claires, ainsi que les tatouages artificiels rouges.


Lorsque nous avons fait le diagnostic de la pigmentation, en nous aidant d’un dermoscope afin d’éliminer une lésion nævique ou un carcinome pigmenté, nous avertissons le ou la patient(e) des suites obligatoires : 1 semaine de cicatrisation au cours de laquelle la tache d’origine se recouvre d’une pellicule foncée qui disparaît spontanément pour laisser place à un épiderme rosé ou de couleur normale.


La séance, très rapide, est sensible mais pas suffisamment douloureuse pour nécessiter une anesthésie préalable. L’application d’un topique gras aide à l’élimination de la croûtelle fine. La séance n’est possible que sur une peau qui n’a pas reçu d’exposition solaire depuis 2 mois. L’éviction solaire est obligatoire les 2 mois suivants. Une séance suffit pour procéder à la décoloration des taches disgracieuses. Celles-ci réapparaîtront, selon le mode de vie, entre 1 et 8 ans plus tard. Cette réapparition est due au fait que les mélanocytes sont restés intacts ; seule la mélanine a été détruite.


La prescription de cosmétiques à base de vitamine C et d’acides glycoliques limite la réapparition des lentigos.


Les effets secondaires les plus fréquents sont des dyschromies, une hypochromie sur peau bronzée ou phototype élevé, ou une hyperchromie sur peau métissée avec fort pouvoir d’hyperpigmentation postinflammatoire. En cas de doute, nous n’hésitons pas à procéder à un test laser dont nous n’apprécierons le résultat que 2 mois plus tard.



Couleur rouge


Pour les couleurs rouges, nous avons choisi de travailler avec un Nd:Yag KTP 532 nm depuis 15 ans et un Nd:Yag long pulsed 1064 nm depuis 7 ans. Leur cible est l’oxyhémoglobine. Ils procèdent en une coagulation du sang dans les capillaires ciblés ; on parle de photocoagulation sélective [2].


Avec le laser à colorant pulsé (pulsed by laser), l’effet tissulaire est une photothermolyse sélective. Les durées d’impulsion très courtes, de 0,5 à 5 ms, entraînent une rupture de la paroi des vaisseaux avec apparition d’un purpura durant 1 à 2 semaines.


Les nouvelles générations de lasers à colorant pulsé permettent, en augmentant le train d’ondes, de réduire ou éviter le purpura tout en restant efficaces.


Le choix des durées d’impulsion est large, de 0,5 à 20 ms.


Le laser à colorant pulsé est le laser de référence des angiomes plans. Pour les traitements de toutes les autres dyschromies rouges, nous préférons utiliser l’association Nd:Yag KTP et Nd:Yag long pulsed [3].


Lorsque la pathologie est une érythrose, nous utilisons une longueur d’onde courte : 532 nm. En envoyant des fluences élevées avec des temps d’impulsion courts, moins d’une dizaine de millisecondes, nous envisageons, selon le type d’érythrose, 2 à 5 séances espacées de 6 semaines. Les séances sont désagréables ; la sensation de brûlure est d’autant plus intense que l’érythème est important et que la surface à traiter est grande. Le refroidissement est interdit, au risque de provoquer un spasme vasculaire rendant la cible inexistante. Après la séance, l’application de pack de froid ou de rouleau réfrigérant soulage notablement le ou la patient(e). Les suites sont relativement discrètes ; au pire, quelques croûtelles fines disparaissent en 4 jours. Le lendemain d’une séance proche des paupières inférieures, peut apparaître un œdème palpébral qui durera 2 jours. Si l’érythrose et importante et le ou la patient(e) consentant(e), on peut réduire le nombre de séances en diminuant suffisamment la durée d’impulsion pour rompre les parois vasculaires et créer un purpura qui disparaîtra en 1 à 2 semaines. L’éviction solaire est obligatoire 2 mois avant et 2 semaines après la séance.


Lorsque la pathologie est une couperose, nous choisissons le Nd:Yag KTP pour la couperose fine, avec les mêmes suites précédemment citées, ou le Nd:Yag long pulsed pour les télangiectasies plus épaisses. Les fluences envoyées sont élevées : 380 J/cm2 ; les temps d’impulsion, moyens : 10 ms avec un spot de 1,5 mm. Avec ce laser, on peut observer des petits tronçons de sang coagulé, donc noirs, qui seront phagocytés en une semaine par les macrophages.


Un maquillage adapté les camoufle facilement. Ce laser est d’une remarquable efficacité sur les vaisseaux de gros diamètre superficiels ou profonds. Il efface les varicosités du nez en 1 ou 2 séances.


Un système de refroidissement intégré permet de subir la séance sans anesthésie préalable, même pour des localisations très sensibles comme les ailes du nez. L’exposition solaire est autorisée 2 semaines après la séance que l’on peut pratiquer sur phototype élevé ou peau bronzée sans risque d’achromie puisque le laser de longueur d’onde 1064 nm n’a pas d’action sur la cible mélanique superficielle.



Traitements de l’hyperpilosité


L’hypertrichose faciale, ou présence anormale de poils visibles sur des zones habituellement glabres, comme l’hirsutisme, ou la présence d’une hyperpilosité sur les zones androgénodépendantes s’observent à la suite de situations pathologiques ou lors de la périménopause. Cela constitue une cause fréquente de consultation. Après avoir éliminé une cause pathologique, nous procédons aux séances lasers si celles-ci s’avèrent être la bonne indication. En effet, les lasers épilatoires, dont l’effet est photothermique, sont capables de détruire la mélanine de la tige et du bulbe si la densité de mélanine est suffisante et s’il s’agit d’une eumélanine et non d’une phéomélanine. En clair, la pilosité idéale est constituée de poils noirs et de diamètres suffisants. Selon le phototype de la patiente, nous choisirons une longueur d’onde autour des 755 nm de l’Alexandrite, particulièrement efficace et sans risque de dyschromie sur les peaux claires, ou un Nd:Yag long pulsed sur les peaux bronzées et les phototypes IV à VI [4].


Les systèmes de refroidissement intégrés aux lasers préservent la mélanine épidermique et rendent les séances supportables sans anesthésie préalable. Avec l’Alexandrite, nous utilisons des fluences de l’ordre de 20 J/cm2 avec des spots de 15 mm et des temps d’impulsion de 20 ms. Avec le Nd:Yag long pulsed, nous utilisons en général 35 J/cm2 avec des spots de 10 mm pour des temps de 5 ms. Ces paramètres indicatifs sont à modifier selon le type de poils (plus épais, on diminuera les fluences et, on pourra également augmenter le temps d’impulsion) et la couleur de la peau (plus foncée, on augmentera le temps d’impulsion et diminuera les fluences). Cela implique que l’épilation des poils fins sur phototype élevé est peu efficace et que les poils roux, blonds, gris ou blancs ne peuvent pas être détruits par les lasers épilatoires. Nous informerons la patiente des limites de cette technique ; nous insisterons sur l’importance de la régularité des séances et lui expliquerons qu’elle ne doit pas épiler les poils qui pourraient apparaître avant la séance suivante au risque de compromettre l’efficacité du traitement.


Les séances sont rapides ; un passage est généralement suffisant pour détruire les poils visibles qui se recroquevillent, carbonisés, ou sont éjectés lors du tir laser. Lors des premières séances, quelques jours sont parfois nécessaires pour que la surface lasérisée soit débarrassée des poils inesthétiques. On avertira la patiente qui aura le droit de tirer sur ces résidus pilaires avec une pince. Ensuite, on attendra qu’une deuxième vague de pousse apparaisse pour procéder à la séance suivante. En moyenne, sur les mentons et lèvres nous annonçons une dizaine de séances espacées du temps de repousse des poils, c’est-à-dire de 4 à 6 semaines. Au fil du temps, les séances sont de plus en plus espacées. À la fin du traitement, lorsque la pilosité résiduelle n’est plus faite que de quelques rares poils terminaux ou de poils encore nombreux mais miniaturisés, nous passons à des séances d’épilation par électrolyse. Nous conseillons une éviction solaire de 4 à 5 jours après chaque séance et nous attendons 3 semaines après une exposition solaire avant une épilation par laser Nd:Yag long pulsed. Avec l’Alexandrite (pour les phototypes I à IV), nous nous assurons que la surface à traiter n’est plus hâlée.


En dehors du risque sérieux de stimulation pilaire paradoxale, plus fréquemment retrouvé chez les jeunes femmes méditerranéennes au statut hormonal instable, les risques majeurs des épilations laser sont des brûlures dues à l’utilisation de mauvais paramétrages ou d’un laser de longueur courte sur un phototype élevé [5, 6].


Bien pratiquée, l’épilation laser n’apporte pas simplement la dépilosité espérée ; nous avons aussi la satisfaction d’observer un véritable lissage de la région traitée. Cela explique que cette technique soit proposée avec succès dans les pili incarnati.



Traitements des anomalies de tonicité


En prévention ou en traitement du vieillissement, lorsque la peau perd son élasticité, que le tiers inférieur du visage commence à se ptoser, que l’ovale se déforme, que quelques rides fines marquent le cou, nous proposons des séances de tightening ou plus précisément de dermal tightening avec le laser Nd:Yag long pulsed. Depuis 2006, nous avons pratiqué des séances de dermal tightening sur plus de 100 patientes dont l’indication de lifting n’était pas encore justifiée mais dont les signes de perte de tonicité étaient évidents.


Nous obtenons cet effet par action thermique sur le derme en épargnant l’épiderme grâce à son refroidissement efficace simultané.


L’augmentation consécutive de la température dermique à 45 °C entraîne la libération de heat shock proteins (HSP) 70 et l’activation du TGF-β [7]. Lors des phénomènes inflammatoires, on a pu mesurer que la fibronectine et le collagène I diminuent ainsi que le rapport collagène I/collagène III, ce qui déclenche un processus de régénération. La stimulation des fibroblastes est à l’origine d’un néocollagène observé en microscopie électronique [810].


Nous pratiquons 4 séances espacées de 3 à 4 semaines. Ces séances douloureuses nécessitent une anesthésie de contact 40 minutes avant le traitement.


Une première phase est pratiquée avec une pièce à main de 10 mm, pendant 50 ms, à 50 J/cm2 et un refroidissement simultané par tétrafluoroéthane en spray intégré dans la pièce à main. Nous réalisons trois passages successifs sur chaque zone anatomique. La deuxième phase, ou painting, se fait avec une pièce à main de 6 mm de diamètre pendant 0,25 ms à 15 J/cm2. Cela consiste, avec une fréquence rapide, en un mouvement de balayage de façon à chauffer chaque zone anatomique jusqu’à ce que la sensation de cuisson rende le soin désagréable.


La séance dure au total une vingtaine de minutes pour le traitement des pommettes jusqu’aux clavicules. Les suites sont simples ; la peu est rosie avec parfois des macules rouges, apparues lors de la première phase, de la taille des spots – elles disparaissent spontanément en quelques heures.


Après un effet bonne mine immédiat spectaculaire, mais transitoire, le résultat durable n’est observé par la patiente que plusieurs semaines après les séances.


Dans notre étude, 70 % des patients ont remarqué un gain de tonicité, de fermeté, avec une amélioration notable de la texture de leur peau. Nous annonçons avant le traitement que le maximum d’efficacité est observé 6 mois après la dernière séance et que des séances d’entretien, selon les cas une tous les 4 à 6 mois, sont nécessaires.



Traitements des anomalies de surface


Depuis l’apparition du laser CO2 pulsé en 1991, les technologies ne cessent d’évoluer à la recherche de la machine idéale qui permettra de retrouver une peau lisse en un minimum de séances et avec le moins de suite possible (fig. 3.11) [11].



Si les lasers CO2 pulsés restent des lasers de référence du relissage cutané tant dans leur efficacité que dans la durabilité des résultats, ils sont aujourd’hui peu pratiqués. En effet, les suites extrêmement lourdes (le derme est mis à nu), la cicatrisation longue, l’érythème postinflammatoire de plusieurs mois, l’achromie définitive retardée, etc. font réfuter par la majorité des patients ces traitements lorsqu’on leur propose [12].


Les lasers CO2 pulsés sont des lasers ablatifs, impulsionnels, de 10 600 nm, longueur d’onde dont la cible est l’eau. Chaque passage de laser entraîne par photocoagulation une ablation de 40 microns de couche de peau [13]. Ces traitements se pratiquent sous anesthésie locale, tronculaire, régionale ou générale selon le patient, la surface à traiter et l’indication.


Lors de la cicatrisation, un nouvel épiderme est fabriqué. Une néocollagenèse non cicatricielle à l’origine de la remise en tension dermique est observée en même temps que le lissage épidermique.





Lasers fractionnés


En 2004, Rox Anderson a inventé le concept de photothermolyse fractionnée. Celle-ci consiste en un fractionnement du relissage laser qui ne se pratique plus en une séance unique mais en plusieurs successives. En effet, en réduisant la taille des spots, en augmentant l’énergie délivrée par pulse, en laissant des intervalles de peau saine entre chaque spot, la cicatrisation est plus rapide, les suites plus simples et l’éviction socioprofessionnelle quasi nulle. Cela est possible grâce au fait que, à partir des intervalles de peau saine, les cellules souches intactes migrent instantanément après l’impact laser dans les « puits » de peau lasérisée ou microzones thermiques (MTZ) pour les restaurer.


Selon la longueur d’onde d’émission du laser, on distingue les lasers fractionnés non ablatifs (lasers infrarouges) dont l’effet tissulaire est une photocoagulation et les lasers fractionnés ablatifs à l’origine d’une photovaporisation.


L’eau est le chromophore principal de l’ensemble de ces lasers fractionnés.



Lasers fractionnés non ablatifs


Il s’agit de lasers infrarouges : 1550 nm, 1540 nm, 1500 nm, 1440 nm, etc. [16].


L’effet thermique produit au niveau du derme épargne l’épiderme. On obtient la création de MTZ de photocoagulation de densité, de profondeur et de tailles variables, sans destruction épidermique en fonction de l’effet recherché. La réépithélialisation est faite en moins de 72 heures, la néocollagenèse plusieurs semaines après [17].


Les indications de ces lasers sont la prise en charge du vieillissement cutané facial et extrafacial, les cicatrices d’acné, les cicatrices atrophiques, certains troubles de la pigmentation ; ils donnent aussi un espoir dans le traitement des vergetures et dans la porokératose actinique des membres.




Lasers fractionnés ablatifs


Ces lasers permettent une vaporisation des tissus en laissant des intervalles de peau saine (fig. 3.12) afin d’obtenir une cicatrisation plus rapide et une éviction sociale moindre ainsi que des effets secondaires plus prévisibles. Ils permettent de traiter également des cicatrices chéloïdes (fig. 3.13).




La technologie du fractionnement est possible avec les lasers ablatifs CO2 et Erbium Yag.


Le laser CO2 à 10 600 nm associe des effets ablatifs et des effets thermiques : les lasers Erbium à 2940 nm ou 2790 nm ont une affinité dix fois supérieure pour l’eau et donc moins d’effet thermique.


Le principe du fractionnement est le même que dans le cas précédent – créer les mêmes MTZ, mais dans le cas des lasers ablatifs, par vaporisation des tissus et de l’épiderme.


Les lasers ablatifs pulsés font une abrasion photomécanique. Leur action est réalisée sur un plan horizontal. Avec les lasers fractionnés, on recherche l’action sur un plan vertical avec effet tenseur.


Avec le CO2 fractionné, selon l’indication, le phototype, nous choisissons un effet photoablatif ou un effet thermique en modulant les temps d’impulsion et les fluences [18] (fig. 3.14).



Nous avons préféré un laser CO2 fractionné pour le traitement du vieillissement facial et extrafacial photo-induit, les cicatrices d’acné, les peaux épaisses et séborrhéiques, les hyperplasies sébacées, certaines cicatrices post-traumatiques ou chirurgicales, etc.



Déroulement du traitement

Il se décline en 1 à 3 séances espacées de 2 mois au minimum, pouvant nécessiter une anesthésie topique ou par air froid pulsé.


Sur une peau de phototype inférieur à V, démaquillée, nettoyée et séchée (protection oculaire par coque obligatoire), la pièce à main est posée perpendiculairement à la peau. Les tirs sont jointifs et recouvrent toute la zone à traiter. La séance dure une dizaine de minutes pour un visage (fig. 3.15 et 3.16 ; imagevidéo 3.3).





Les suites opératoires peuvent être minimes, avec peu ou pas d’éviction socioprofessionnelle, ou plus importantes, avec œdèmes, rougeurs et suintements pouvant durer plus de 8 jours. Le traitement pré-laser comporte l’application de pommade anesthésiante de contact au moins 1 heure avant la séance. En cours de séance, l’application d’un pack de glace est agréable. Les soins post-traitement comportent un nettoyage au sérum physiologique, puis l’application de crème cicatrisante et de Fucidine® jusqu’à disparition des croûtelles.


Dans ce cas, un érythème postcicatriciel peut persister 3 à 4 semaines. Selon la durée d’impulsion choisie, nous pouvons observer un saignement punctiforme avec croûtelles secondaires.


L’éviction socioprofessionnelle sera plus longue. Nous avons, hélas, remarqué que plus les suites étaient lourdes, meilleurs étaient les résultats. Nous associons souvent pour des régions marquées, comme le plissé solaire, dans la même séance, un passage en mode ablatif de toute la surface épidermique puis un deuxième passage en mode fractionné. Les suites sont alors plus longues, mais les résultats plus satisfaisants (fig. 3.17).



Les effets secondaires sont les mêmes que pour les lasers non ablatifs : pigmentation, folliculite, risque infectieux (herpes, acné). La prévention du risque de surinfection herpétique est indispensable [19].


Les lasers fractionnés sont des lasers permettant de s’adapter à chaque patient et, chez un même patient, à chaque zone anatomique en jouant sur l’énergie et l’espacement des points.


L’indice de satisfaction des patients est élevé, et les résultats sont souvent visibles.


Ils représentent un réel progrès grâce aux possibilités de traitement de régions extrafaciales.


Les séquelles irréversibles sont rares (dyschromies, cicatrices) en regard du très grand nombre de procédures pratiquées depuis 5 ans.




Références



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[19] Tan K.L., Kurniawati C., Gold M.H. Low risk of postinflammatory hyperpigmentation in skin types 4 and 5 after treatment with fractional CO2 laser device. J Drugs Dermatol. 2008;7(8):774–777.



Radiofréquence cutanée



La perte de tonicité cutanée est une plainte habituelle des patients après 50 ans. Le désir de rajeunissement était présent déjà dans l’ancienne Égypte, comme en témoignent les écrits des papyrus en 1560 avant J.-C.


L’évolution rapide des lasers de resurfacing a été possible par une demande croissante des patients pour des méthodes non invasives. Cependant, leur préférence va aux lasers non ablatifs, ou aux lasers fractionnés, qui donnent une amélioration plus subtile et plus rapide de la texture cutanée, moins de risques de complication, et une éviction sociale moins longue. La radiofréquence est fondée sur une réaction totalement différente de la réaction photothermale des lasers. Ceux-ci utilisent l’énergie lumineuse pour créer de la chaleur, alors que la radiofréquence produit un courant électrique qui génère de la chaleur à travers des résistances que sont le derme et les tissus sous-cutanés, en particulier le tissu graisseux, de haute impédance [1, 2].



Principe de la radiofréquence


C’est l’émission d’ondes radio, sous formes de vagues de hautes fréquences allant de 1 méga Hertz (MHz) à 30 giga Hertz, elles-mêmes subdivisées en sous-catégories. La fréquence du secteur (220 V, 380 V) est de 50 Hz, celle de l’électrochirurgie est de 500 Hz, celle utilisée en radiochirurgie est de 1 à 4 MHz, celle de la télévision est de 5 MHz, et celle des micro-ondes est de 2500 MHz.


Plus la fréquence est importante, plus la longueur d’onde diminue (fig. 3.18). Les fréquences médicalement concernées sont les hautes fréquences de 1 Mhz à 4 Mhz dont la longueur d’onde est de l’ordre de 100 m. Les lésions tissulaires créées sont inversement proportionnelles à la longueur d’onde. Ainsi, plus le générateur est puissant, plus la longueur d’onde est courte, moins les lésions sont importantes, et mieux elles cicatrisent [35]. En effet, l’impédance des tissus (qui est la résistivité d’un corps en fonction de la fréquence du courant appliqué) diminue en fonction de la fréquence du courant qui les traverse.



Les utilisations sont différentes selon le mode de réglage et le type de machine, monopolaire ou bipolaire, choisi.



Caractéristiques des générateurs de radiofréquence


Pratiquée depuis plus de 50 ans aux États-Unis, la radiofréquence a été utilisée et mise au point par un dentiste. Son utilisation s’est diversifiée vers la chirurgie et a su évoluer depuis, en particulier vers la radiofréquence cutanée, technique utilisée pour créer un échauffement dermique profond. Elle ne s’adresse qu’au relâchement cutané modéré du visage et du corps, ou aux rides peu profondes.


Plusieurs appareils sont disponibles sur le marché, et leur utilisation dépend de leur puissance. À puissance égale (en MHz), leur efficacité est équivalente. Leur utilisation dépendra donc des pièces à mains proposées. Nous n’évoquerons ici que les appareils monopolaires.


L’appareil Elmann® Surgitron Dual RF S 5, ou Pellevé, est un générateur puissant, dernière génération, de 4 MHz, monopolaire.


Ses utilisations sont multiples, chirurgicales et médicales, et variables selon le mode d’énergie choisi délivré par le générateur [6]. En fonction de la filtration des ondes par le générateur, on obtient des effets différents :


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Apr 27, 2017 | Posted by in CHIRURGIE | Comments Off on 3: Procédés complémentaires

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