Chapitre 3 Lésions planes
Macule
Si la lésion n’est pas palpable, il s’agit d’une modification localisée de la couleur de la peau. Ces lésions sont classiquement appelées macules si elles mesurent moins de 2 cm et taches (patch chez les Anglophones) si elles mesurent plus. Cette séparation des macules et des taches selon leur diametre n’a aucun intérêt pratique et le terme de macule sera donc utilisé pour désigner les modifications localisées de la couleur de la peau quelle que soit leur taille. Les macules sont classées en fonction de leur couleur.
Une macule peut résulter d’une anomalie siégeant exclusivement dans l’épiderme (ex. : vitiligo, lentigine : fig. 3-1 et 3-2), dans le derme (ex. : pétéchie, exanthème maculopapuleux médicamenteux : fig. 3-3), ou dans l’épiderme et le derme (ex. : hyperpigmentation post-inflammatoire : fig. 3-4). Les macules peuvent être classées selon leur couleur et les effets de la vitropression. Les macules dyschromiquespeuvent être blanches (ex. : vitiligo : fig. 3-1), pigmentées (ex. : lentigo : fig. 3-2), bleu gris (ex. : tache mongolique : fig. 3-5) ou jaunes (ex. : xanthome plan).
Fig. 3-2 Macules pigmentées. Lentigo. Macules brunes multiples des lèvres. Il s’agit de lentigo des muqueuses. Lorsqu’ils sont comme ici multiples et sur les lèvres, il faut savoir évoquer la possibilité d’un syndrome de Peutz-Jeghers [cf. chapitre 15), dont elles peuvent être le marqueur. Dans ce syndrome, les lentigos sont associés à une polypose digestive et à un surrisque de certains cancers non digestifs.
Les macules rouges méritent une mention spéciale du fait de leurs particularités séméiologiques et de leur fréquence. Elles peuvent résulter d’une vasodilatation active ou passive (ex. : exanthème, cyanose : fig. 3-3 et 3-6) ou par accumulation sanguine intravasculaire (ex. : angiome : fig. 3-7). Elles disparaissent alors à la vitropression, par opposition aux macules purpuriques qui résultent de dépôts extravasculaires de globules rouges et qui persistent à la vitropression (fig. 3-8).
Érythème
L érythème est une rougeur localisée (fig. 3-9) ou diffuse de la peau, s’effaçant à la vitropression, permanent ou paroxystique, parfois réticulée (livédo) (fig. 3-10), parfois bleutée (érythrocymose). La couleur varie du rose pâle au rouge foncé. L’érythème s’associe souvent à une desquamation pour réaliser des lésions érythématosquameuses (cf. fig. 2-7).
Fig. 3-10 Livédo. Un érythème qui dessine des mailles. Ici, le livédo est pathologique. Il est différent du livédo physiologique [cf. fig. 22-1), fréquent, notamment chez les nouveau-nés, dont les mailles sont fines, régulières et fermées. Chez ce malade, les mailles sont épaisses (≥ 1 cm), très violacées, et ne se ferment pas toujours. Ce type de livédo est la traduction d’une vasculopathie thrombosante. Dans cet exemple, le livédo est symptomatique d’un syndrome de Sneddon, où il s’associe à des accidents vasculaires cérébraux itératifs.