Chapitre 3. Le maintien à domicile et l’entrée en établissement
1. L’importance de l’accompagnement à domicile
La plupart des personnes âgées souhaitent finir leur vie chez elles, malgré les difficultés progressives qu’elles peuvent rencontrer pour faire face aux activités du quotidien. Il est vrai que les services d’aide et de soins à domicile permettent actuellement de vivre chez soi tout en bénéficiant de soins appropriés.
2. Les limites de l’accompagnement à domicile
Mme C. vit seule à son domicile. Elle se nourrit très mal, sauf le midi quand l’aide à domicile est là. Elle se lève la nuit, ouvre les fenêtres et crie pour appeler les voisins. Elle est dans un grand état d’épuisement. L’auxiliaire de vie qui intervient chez elle alerte son service d’aide.
Fig. 4.3. |
Repas à domicile. |
Le soutien à domicile a ses limites.
L’état de santé de la personne concernée, celui de son conjoint, la présence ou l’absence d’un soutien familial, les limites de la disponibilité des professionnels vont largement déterminer la possibilité de prolonger l’accompagnement à domicile. L’entrée en établissement s’impose alors.
A. Si la personne vit seule
Si la personne vit seule, la limite est évidemment atteinte plus rapidement. La personne malade peut très vite se retrouver en situation de danger en dehors du passage des intervenants professionnels.
Elle est confrontée à différents risques comme :
• le risque d’ingérer des aliments avariés ou des produits non comestibles ;
• le risque d’inverser son rythme jour-nuit et avoir des comportements qui perturbent le voisinage ;
• le risque de se brûler en ne sachant plus régler la température de l’eau, en laissant les plaques de cuisson allumées ;
• le risque d’errance de jour comme de nuit en partant de chez elle sans pouvoir retrouver son chemin.
B. Si la personne vit avec son aidant familial
Les limites seront bien évidemment atteintes plus tardivement, mais parfois au prix de l’épuisement de l’aidant familial. Il est important de pouvoir anticiper cette situation.
La décision d’entrée en établissement est difficile à prendre, aussi bien par la personne concernée que par ses proches, qui doivent parfois assumer la responsabilité de faire un choix à la place de la personne malade et même contre son gré. L’entrée en établissement est souvent vécue comme une séparation sans retour.
L’ASG a un rôle important quant à l’appréciation de cette limite au-delà de laquelle la vie au domicile expose la personne malade ou son conjoint qui l’accompagne quotidiennement à des troubles de santé qui peuvent aller jusqu’à mettre leur vie en péril.
Il doit alors alerter le médecin traitant et la famille de la personne afin d’envisager une entrée prochaine en institution.
C. Reconnaître les limites d’un maintien à domicile
Il est souvent très difficile pour les aidants familiaux, mais aussi pour les aidants professionnels, de reconnaître les limites du maintien à domicile sans le vivre comme une situation d’échec. La plupart du temps, aidants familiaux et aidants professionnels s’investissent pleinement pour permettre à la personne malade de rester vivre dans un environnement familier et sécurisant. Toutefois, malgré la qualité des aides dispensées, l’évolution de la maladie et donc des besoins de la personne requiert un environnement qui assure une aide 24 h sur 24.
L’entrée en institution n’est alors pas un pis-aller, mais une étape nécessaire de l’accompagnement d’une personne atteinte d’une maladie évoluée.
La décision d’une entrée en établissement doit donc se prendre en fonction de l’évolution des besoins de la personne malade et non au regard de l’épuisement de l’aidant familial (ou des aidants professionnels). Sinon naît une trop grande culpabilité pour l’aidant familial et parfois pour l’aidant professionnel qui vont se sentir responsables de cette séparation, vécue comme un abandon.