26 Demande de soins et consultation thérapeutique
Plus encore que dans la pathologie mentale de l’adulte, il est difficile dans l’abord des difficultés psychologiques de l’enfant de séparer ce qui procède d’une démarche d’investigation, d’analyse des conduites dans leurs dimensions synchronique et diachronique (point de vue développemental) de ce qui procède d’une démarche thérapeutique ou de ses prémices : en même temps que les parents évoquent devant le clinicien l’histoire de leur enfant ils peuvent grâce à la pertinence de ses éventuelles remarques prendre conscience de l’histoire individuelle et familiale d’un symptôme.
Au total donc, avant de prendre une décision, il est souhaitable d’évaluer successivement la place du symptôme, le lieu de la souffrance, le niveau de la demande mais également la dynamique familiale.
Sens du symptôme
Fonction de la conduite symptomatique
des manifestations d’inadéquation entre l’enfant et les exigences extérieures : ce sont des conflits externes dus à des pressions inadéquates de l’environnement, soit parce qu’elles sont en discordance avec le niveau maturatif atteint par l’enfant, soit parce qu’elles atteignent une intensité excessive ou insuffisante (conflit externe de A. Freud et Nagera). Cette compréhension renvoie à la notion de trouble de l’adaptation dans l’ICD-10 ou le DSM ;
des manifestations dues à un conflit naturel, inhérent au développement de l’enfant lui-même, conflit transitoire, souvent spontanément régressif, mais qui par sa nature peut entrer en résonance avec un conflit externe et menace ainsi de perdurer (cf. figure 15.1 pour les symptômes obsessionnels compulsifs) ;
des manifestations qui témoignent d’un réel conflit interne où le symptôme prend ici, comme chez l’adulte, la signification d’un compromis mais qui, en plus, par sa seule présence peut entraver le développement ;
des manifestations qu’on pourrait dire « séquellaires » : conduites qui à un stade précédent furent l’expression d’un conflit particulier, puis qui ont perdu ce sens premier quand ce niveau conflictuel a été dépassé grâce à la maturation. Dans certains cas elles persistent sous forme d’habitude ou de trait de comportement, sont intégrées et syntones au Moi de l’enfant, sont reconnues et acceptées par la famille. Il n’est pas rare que ces conduites servent alors de point de fixation pour l’expression de tout nouveau conflit et deviennent de ce fait largement surdéterminées ;
des manifestations secondaires à une difficulté méconnue de l’entourage et de l’enfant lui-même. Certains troubles du comportement ou situation de refus scolaire peuvent clairement être la conséquence d’un trouble méconnu de l’apprentissage du langage écrit ou de la coordination motrice.
Lieu de la souffrance
Souffrance des parents
Enfin la souffrance parentale peut simplement refléter le rejet : certains parents semblent plus soucieux de leur propre confort et veulent avant tout être « débarrassés » d’une conduite chez leur enfant qui les gêne, les importune. Ils ne cherchent pas à comprendre l’enfant, et à leur manière externalisent le conflit (c’est le système nerveux, les glandes de l’enfant, ou l’école, la société, etc.). Les conduites symptomatiques de l’enfant ne sont souvent que la traduction d’un désir de relation avec ses parents ou d’un renoncement abandonnique à cette même relation.