25 Sectorisation et structures de soins en psychiatrie de l’enfant1
Le secteur : principes généraux
Calquée sur le modèle du secteur adulte, l’existence du secteur de psychiatrie infanto-juvénile a progressivement émergé des textes réglementaires à partir du texte princeps du 15 mars 1960 qui précise simplement que l’hospitalisation en service de pédopsychiatrie doit se faire uniquement sous le régime du placement libre.
Il y a actuellement en France environ 800 secteurs adultes pour 300 secteurs infanto-juvéniles.
Le tableau 25.1 résume les principales missions de la psychiatrie infanto-juvénile.
* Dépistage précoce des difficultés psychiques des enfants et des adolescents, au besoin en participant activement au fonctionnement des structures médicales (maternité, pédiatrie, hôpital général), sociales (crèches, PMI) ou scolaires.
Comme pour la psychiatrie adulte, la sectorisation se fonde sur cinq principes d’organisation (George et Tourne, 1994) :
un partage territorial : l’aire géodémographique du secteur de psychiatrie infanto-juvénile correspond à 200 000 habitants, soit 40 à 50 000 enfants de 0 à 16 ans. Cette population couvrant trois secteurs de psychiatrie générale (67 000 habitants pour un secteur), les secteurs de psychiatrie infanto-juvénile ont d’abord été appelés « intersecteurs » ;
la mise en place d’une équipe pluridisciplinaire (pédopsychiatre, psychologue, orthophoniste, psychomotricien, psychopédagogue, infirmier, éducateur spécialisé et travailleurs sociaux).
le développement d’un équipement diversifié, associant structures publiques et privées, placé au plus près des populations à servir : lieux de consultations, hôpitaux de jour, centres d’accueil à temps partiel, institutions spécialisées fonctionnant en externat, en internat ou en prise en charge à domicile (cf. chap. 27) ;
lorsque la population est importante ou que la zone géographique est étendue (zone rurale), plusieurs équipes sont créées afin de faciliter l’accés aux soins ;
une intégration aux soins généraux : soit directement (présence de l’équipe dans les services pédiatriques ou en maternité par exemple) ; soit indirectement (prestation de conseils et de formation auprès des médecins et de l’ensemble du personnel soignant) ;
l’intégration aux instances de concertation au plan départemental et régional, comme par exemple le conseil de santé mentale et les commissions scolaires ad hoc.
Principaux dispositifs de soins
Certaines structures dépendent directement de l’intersecteur, citons :
les centres de consultations : centre médico-psychologique (CMP), centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP) ;
l’hospitalisation temps plein ;
le centre d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP) ;
enfin d’autres unités encore peu développées : unités mère–bébé, foyer thérapeutique pour adolescents.
Centre médico-psychologique (CMP)
Animé par une équipe pluridisciplinaire, il est le pivot de l’organisation des soins : unité d’accueil et de coordination, organisant des actions de prévention, de diagnostic, de soins ambulatoires et d’interventions à domicile. Le CMP peut comporter des antennes (établies de façon conventionnelle) auprès de toute institution ou établissement nécessitant des prestations psychiatriques : en 1993, la moyenne était de cinq CMP par secteur. Il faut cependant noter l’existence d’une disparité dans les équipements et le fonctionnement selon l’implantation urbaine ou rurale et la nature de l’hôpital de rattachement (CHS ou CHG).
La réticence du public à venir consulter au secteur de psychiatrie infanto-juvénile tient certes à l’image de la spécialité, du moins telle que la véhicule la psychiatrie générale, mais plus encore à la concurrence qu’elle est venue représenter pour les institutions de l’enfance inadaptée déjà implantées : CMPP, institutions diverses, médicosociales (George et Tourne, 1994).
Plus récemment ont été constitués, pour les très jeunes enfants (0 à 6 ans), des centres d’action médico-sociale précoce (CAMSP) ; certains sont directement rattachés à l’intersecteur, d’autres ont un fonctionnement associatif et sont souvent spécialisés dans un type de pathologie (déficience sensorielle, motrice, anomalies génétiques, etc.). CAMSP et CMP ont un fonctionnement similaire.
Hôpital de jour
Organisation matérielle
En général de taille moyenne accueillant 25 à 30 enfants, l’hôpital de jour est ouvert cinq jours par semaine, les enfants restant dans leur famille le soir, les week-ends et une partie des vacances. Souvent sont organisés des « lieux de vie » où un petit groupe d’enfants (de quatre à huit) est avec un ou deux soignants appelés référents. Ce lieu de vie représente le cadre institutionnel à partir duquel se ramifient les diverses approches thérapeutiques propres à chaque enfant. Il représente un lieu de socialisation, d’échange avec le groupe et d’établissement de repères ou limites.
Actions thérapeutiques
Le travail avec la famille est également important, qu’il s’agisse des rencontres informelles (sur le pas de la porte) à l’arrivée ou au départ quotidien, de réunions avec les soignants autour de l’enfant ou enfin de groupes de parents allant du simple groupe de parole abordant les problèmes les plus concrets au groupe thérapeutique proprement dit. Le va-et-vient de l’enfant entre l’hôpital de jour et sa famille représente un des éléments forts de la stratégie thérapeutique. Il existe nécessairement des zones d’opposition, d’alliance, de silence, de transgression, de soumission, etc., qui chacune représente une reprise transférentielle d’un conflit psychique. Le travail institutionnel d’élaboration psychique consiste en une reprise de ces dernières lignes conflictuelles : travail de groupe indispensable pour accéder à une prise de conscience des divers types de relations établies par l’enfant et/ou ses parents avec tel ou tel soignant ou enfant. Ce transfert institutionnel ne peut être analysé qu’en travail de groupes : groupes de patients, travail de synthèse des soignants. Pour cette raison, les réunions institutionnelles sont indispensables. Cependant une « bonne » institution veille à ce que ces réunions n’empiètent pas de façon excessive sur la disponibilité et la présence des adultes auprès des enfants, et surtout, que le projet de soins de l’enfant ne se confonde pas avec la seule dynamique institutionnelle, le privant alors de propositions thérapeutiques plus centrées sur sa problématique.