24 Pression intra-abdominale
Définition1
Pression intra-abdominale (PIA) : pression ambiante, jugée égale en tout point, régnant au sein de la cavité abdominale exprimée en mmHg.
Hypertension intra-abdominale (HIA) : élévation persistante de la pression intra-abdominale au-delà de 12 mmHg (PIA ≥ 12 mmHg).
Syndrome du compartiment abdominal (SCA) : HIA incontrôlée, rapide (PIA > 20 mmHg ± PPA < 60 mmHg), soutenue (trois lectures consécutives espacées de 4 heures) et nouvelle dysfonction/défaillance viscérale2 (ne relevant pas d’un autre processus).
Pression de perfusion abdominale (PPA) : au cours de l’HIA, la perfusion abdominale peut être compromise selon la relation suivante, PPA = PAM − PIA.
Gradient de filtration (GF) = pression de filtration glomérulaire (PFG) − pression tubulaire proximale (PTP) = PAM − 2 × PIA.
Mesure de la PIA
Mesures directes de la PIA
Au cours de procédures cœlioscopiques : au moyen d’un capteur de pression, placé ou relié à un cathéter dans la cavité péritonéale.
Au travers des drains de Redon laissés en place au décours d’une intervention chirurgicale ou d’une procédure radiologique interventionnelle (évacuation d’un épanchement liquidien, ponction d’abcès, ponction de kyste…), par introduction de microtransducteurs de pression directement au travers de l’orifice de drainage.
Mesures indirectes de la PIA
Mesure intragastrique utilisant des sondes à ballonnet remplies de 50 à 100 mL de liquide :
Mesure intrarectale : elle n’est plus guère utilisée, quoique bien corrélée à la pression gastrique. Application en pratique clinique fastidieuse et mal acceptée par le personnel soignant.
Mesure intravaginale : de réalisation complexe, actuellement abandonnée. Application en pratique clinique fastidieuse et mal acceptée par le personnel soignant.
Mesure cave inférieure : de réalisation simple, elle est normalement supérieure de 0,5 à 4,5 mmHg à la PIA mais varie dans le même sens. Fortement corrélée à la PIA.
Monitorage en « milieu liquidien fermé »
Monitorage continu en « milieu liquidien fermé »
Avantages et inconvénients de cette méthode (tableau 24.1)
Avantages | Inconvénients |
---|---|
Permet un monitorage de la PIA de manière continue chez des patients anuriques, après injection dans la vessie de 50 mL de sérum physiologique Limitations des manipulations de matériel Non consommatrice de temps une fois le calibrage effectué Analyse des variations de PIA au cours du temps | Compliance vésicale altérée au cours du séjour en réanimation devant toutefois être pris en compte afin de ne pas surestimer les valeurs de PIA mesurées |
Techniques de mesure de la PIA via la pression intragastrique
SNG avec ballonnet intraluminal, connecté à un robinet simple relié à une seringue et un transducteur de pression ;
mesure de la PIA : en fin d’expiration, après injection de 3 mL d’air dans le ballonnet (au maximum) ;
chez les patients en ventilation spontanée, le positionnement intragastrique du ballonnet est confirmé par examen des variations des courbes de pression au cours du cycle ventilatoire ; la constatation de valeurs négatives de PIA rend compte de la position intra-œsophagienne du ballonnet, reflétant la pression pleurale à l’inspiration ;
mesures réalisées en « milieu gazeux fermé » : la position du transducteur de pression n’a pas d’incidence sur les valeurs mesurées à condition que le « zéro de pression » soit réalisé en lien avec la pression atmosphérique ;
les inconvénients sont les erreurs de mesure en rapport avec :
Monitorage discontinu en « milieu liquidien fermé »
Mesure de la PIV = méthode de référence.
La mesure de la PIA via la pression intravésicale (PIV) s’effectue par :
dispositif spécifique : système raccordé à une sonde vésicale de Foley et muni d’une colonne de liquide graduée et d’un filtre surmontant une pièce en Y permettant de mesurer directement la pression vésicale en mettant la colonne en position verticale et en lisant les graduations (Holtech Medical®) ;
montage « artisanal » : mesure de la PIV via une sonde de Foley.
Matériel (méthode « artisanale ») (figure 24.1)
Soluté de Nacl à 0,9 %, 500 mL sous poche à pression.
Tubulure à pression motorisée.
Module + câble PI (pression invasive) et un support.
Procédure de mise en place (figure 24.2)
Principe : montage en série d’une sonde de Foley, du système de mesure – relié à un transducteur de pression via une tubulure souple, en continuité avec une poche de soluté contenant du sérum physiologique (sous poche à pression) – et d’un système collecteur d’urines.
Connecter un dispositif de mesure de prise de pression invasive à une poche de 500 mL de soluté isotonique de NaCl 0,9 % placée dans une poche de contre-pression gonflée à 300 mmHg. N.B. : lors des mesures de la PIV, la vacuité vésicale doit être vérifiée.
Insérer avec une asepsie rigoureuse un angiocathéter de calibre 18 G dans la membrane de prélèvement située sur la ligne de recueil des urines.
Retirer l’aiguille de l’angiocathéter en laissant le cathéter plastique en place dans la membrane et dirigé vers la vessie.
Clamper la sonde urinaire en aval immédiat du site de prélèvement supportant le cathlon avant l’ouverture du système de mesure du transducteur de pression.
Figure 24.2 Schémas de montage sur la prise de pression intravésicale (méthode artisanale).
a. Cathlon 18 G dans la chambre de prélèvement d’urine (1) et clampage (2) ;
b. Injection de 25 à 50 mL de sérum physiologique ;
c. Tête de pression (positionnée au niveau de la crête iliaque, en médio-axillaire).