21 Monitorage sous ventilation invasive
Monitorage des pressions des voies aériennes (Paw)
Définition
Pression de crête = pression inspiratoire de pointe (PIP) = pression de pic = pression inspiratoire maximale (Pmax) : pression maximale des voies aériennes atteinte au cours de la phase inspiratoire du cycle respiratoire (phase d’insufflation) mesurant la pression motrice totale nécessaire pour dilater les poumons, la paroi thoracique et le circuit patient–ventilateur jusqu’à un volume donné sur une période de temps donnée.
Pression de plateau (Pplat) : pression régnant au sein des alvéoles en fin d’inspiration dans des conditions statiques (lorsque le débit inspiratoire est nul).
Pression moyenne : moyenne de la pression pendant un cycle complet (Ti + Te), intégrée sur la totalité du cycle respiratoire.
Pression expiratoire positive (PEP) : pression résiduelle maintenue dans les voies aériennes pendant l’expiration afin de lutter contre le collapsus alvéolaire de fin d’expiration.
Pression transpulmonaire (Pplat − Ppleurale) : pression motrice d’ouverture des alvéoles.
Principes physiologiques
En ventilation contrôlée, les pressions des voies aériennes (Paw) reflètent :
les pressions des voies intrathoraciques (dépendant des propriétés résistives et élastiques de l’ensemble du système respiratoire) ;
les pressions qui règnent dans le circuit du respirateur (dépendant des débits, des volumes et de la PEP générés par le ventilateur).
Pression maximale
Mesurée au niveau de la pièce en Y, elle se décompose en trois parties :
2 Pression résistive liée aux forces résistives (résistances des voies aériennes et de la sonde d’intubation) (figure 21.2)
Elles sont liées en grande partie au débit de gaz qui traverse les voies respiratoires.
3 Pression expiratoire totale (figure 21.1)
Pression alvéolaire mesurée dès lors que tout débit expiratoire a cessé ; la pression alvéolaire moyenne en fin d’expiration, mesurée au cours d’une pause télé-expiratoire, peut être :
nulle (c’est-à-dire équivalente à la pression atmosphérique) ;
positive s’il existe une PEP extrinsèque (pression télé-expiratoire positive, PEPe) ;
supérieure à la valeur affichée par le ventilateur s’il existe une PEP intrinsèque.
Figure 20.1 Schématisation de la pression expiratoire totale et de ses deux composantes : PEPe et auto-PEP.
PEPe : pression extrinsèque (ou externe) = PEP que l’on règle sur le respirateur.
Pression de plateau (figure 21.2)
Elle correspond à la vraie pression de distension alvéolaire.
Trois types d’auto-PEP
Hyperinflation dynamique avec limitation du débit expiratoire intrinsèque : réduction du calibre des voies aériennes limitant le débit expiratoire à l’origine d’une auto-PEP et d’une hyperinflation dynamique (patients BPCO).
Hyperinflation dynamique sans limitation du débit expiratoire intrinsèque, conséquence d’un réglage inadapté des paramètres ventilatoires de la machine ou lié au régime ventilatoire du patient :
Activité excessive des muscles expiratoires sans hyperinflation dynamique : importante activité musculaire expiratoire générant une pression alvéolaire, souvent avec des volumes pulmonaires normaux ou même bas.
Hyperinflation dynamique (HD)
Le volume télé-expiratoire est supérieur à la CRF.
Bien que l’auto-PEP et l’hyperinflation dynamique soient habituellement synonymes, l’auto-PEP n’implique pas nécessairement l’hyperinflation dynamique (ex. : lors de l’activité excessive des muscles expiratoires).
Facteurs impliqués dans le développement de l’auto-PEP
• Volume délivré excessif (ex. : valeur trop élevée de l’aide inspiratoire).
• Temps expiratoire inadéquat (trop court !).
• Impédance du circuit augmentée.
• Débits inspiratoires de pointe faibles.
• Fréquence respiratoire élevée.
• Obstruction des voies aériennes à l’expiration/collapsus dynamique des voies aériennes (augmentation des résistances bronchiques, débit expiratoire diminué).
Matériel
Respirateur avec écran permettant :
d’afficher les signaux de débit et de pression des voies aériennes en fonction du temps ;
la possibilité de fixer transitoirement sur l’écran les signaux pour mesurer des valeurs instantanées à l’aide d’un curseur.
N.B. : logiciels d’analyse pour mesurer la PEP intrinsèque (PEPi ou auto-PEP) statique et dynamique.
Procédure de mesure
Pression de plateau
Méthode statique : méthode la plus simple et la plus sûre.
Condition préalable : s’assurer qu’il n’y a pas d’effort respiratoire spontané du patient au cours de la manœuvre, pour que cette mesure soit fiable.
Mesure pouvant être réalisée aussi bien en pression contrôlée qu’en volume contrôlé.
Réaliser une pause télé-inspiratoire en appuyant sur la touche spécifique du respirateur. N.B. : principe de la pause télé-inspiratoire = interruption de flux en fin d’inspiration ce qui annule les pressions résistives, la valve inspiratoire se ferme sans que la valve expiratoire ne s’ouvre ; après l’occlusion télé-inspiratoire la pression de pic chute à la première valeur de la pression de plateau qui représente la pression alvéolaire maximale. Actuellement, son monitorage est continu sur la plupart des respirateurs récents.
Régler le plateau télé-inspiratoire : pause télé-inspiratoire (de 0,2 à 0,5 s) réalisée à la demande sur la plupart des ventilateurs ; cette pause est synchronisée automatiquement avec la fréquence respiratoire et le Ti réglé.
Auto-PEP
Détection sur l’écran du respirateur : monitorage de la courbe débit-volume.
L’auto-PEP est suspectée sur la simple observation de la courbe du débit expiratoire et l’absence de son retour à zéro en fin d’expiration avant l’inspiration suivante (figures 21.3 et 21.4).
Figure 21.3 La persistance d’un débit en fin d’expiration permet de détecter le phénomène d’auto-PEP.
La décroissance du débit expiratoire est « harmonieuse » suivant une courbe de type exponentiel.
La courbe du débit expiratoire ne suit plus le modèle exponentiel mais a trois caractéristiques :
Mesure de l’auto-PEP
Quand ?
Mesure à intervalles réguliers indispensable :
mesure quotidienne au minimum par clinicien chez tout patient ventilé, quelle que soit la pathologie et à chaque changement des conditions de ventilation ;
dès qu’il est constaté sur l’écran qu’un flux expiratoire persiste à la fin de l’expiration (absence du retour à zéro du signal de débit avant que ne débute l’inspiration suivante).