Chapitre 2 Rajeunissement du tiers moyen de la face
Rappels anatomiques
Le tiers moyen du visage est issu de la lame infraorbitaire du 2e arc branchial.
Les limites de cette région anatomique sont constituées par :
• en dedans : l’unité nasale et le plan sagittal médian ;
• en dehors : les régions temporale et parotidienne jusqu’au tragus ;
• en haut : une ligne horizontale passant par le canthus externe et la racine de l’hélix ;
• en bas : une ligne horizontale passant par la commissure labiale et le lobule de l’oreille.
Le tissu adipeux du tiers moyen est particulièrement segmenté, comme l’ont mis en évidence Rohrich et al. dans différentes études [1,2].
Ces compartiments graisseux sont séparés par des septums vascularisés qui divisent le tiers moyen en sous-unités anatomiques (fig. 2.1 et 2.2) :
• compartiment nasolabial : limité en dedans par la branche montante du maxillaire, et la zone philtrale ; en dehors par le compartiment graisseux médial de la joue et le suborbicularis oculi fat pad (SOOF ; ou compartiment graisseux orbitaire supérieur) ;
• compartiment orbitaire : tissu adipeux sous-cutané très fin, sous-palpébral. Limité par le relief du rebord orbitaire inférieur. En prolongement vers le bas, on retrouve le compartiment nasolabial, les compartiments médial et médian de la joue ainsi que le SOOF ;
• compartiment latéro-orbitaire : en dehors du rebord orbitaire latéral. Recouvre la portion latérale du SOOF. En dedans du tissu adipeux temporal ;
• suborbicularis oculi fat pad (SOOF ; ou compartiment graisseux orbitaire supérieur) : tissu graisseux sous-jacent à l’orbiculaire de l’œil. Il est divisé en deux régions :
L’ensemble de ces compartiments graisseux a certaines particularités :
• tissu de glissement de la peau et des muscles entre eux, rôle de syssarcose par rapport au plan profond ;
• soumission aux contractions musculaires qui repousse ces compartiments graisseux ;
• les différents compartiments sont séparés par des septums, chaque compartiment étant lui-même segmenté par des septums.
Physiologie du vieillissement du tiers moyen
De très nombreuses hypothèses coexistent pour expliquer le vieillissement complexe et précoce du tiers moyen.
Les signes de ce vieillissement comportent :
• la squelettisation du rebord orbitaire inférieur ;
• l’apparition de la vallée des larmes ;
• l’apparition du sillon nasojugal ;
• le creusement du sillon nasogénien ;
La classification du vieillissement du tiers moyen de Hester [3] est la suivante :
• stade 1 : modification de la ligne intercanthale qui s’oriente vers le bas et le dehors ;
• stade 2 : stade 1 avec descente de la jonction palpébrojugale sous le rebord orbitaire ;
• stade 3 : stade 2 avec descente importante, perte de volume malaires, squelettisation du rebord orbitaire inférieur, creusement du sillon nasogénien ;
• stade 4 : stade 3 avec poches malaires et creusement important du sillon nasogénien.
Les différentes explications de ces signes sont données ci-après.
Ptose
L’hypothèse la plus ancienne est celle de la ptose gravitationnelle des tissus mous le long du support osseux.
Pour Owsley et al. [4], la théorie de la ptose explique le vieillissement du tiers moyen, avec une descente vers le bas et le dedans des volumes tissulaires.
Owsley décrit l’existence de septums fibreux au sein des sous-unités adipeuses. Ces septums sont soumis aux variations de volume secondaires à la compression du tissu adipeux lors de chaque contraction musculaire. La répétition de ces contractions et des séquences allongement/raccourcissement des septums est à l’origine de leur élongation. Les septums ne peuvent alors plus remplir leur fonction de contention, entraînant un relâchement et une ptose des tissus adipeux (fig. 2.3).
Cependant, Lambros [5] a mis en évidence une relative stabilité de l’étui cutané. Son étude sur l’évolution de la position de points de repère cutanés (nævus, etc.) au cours du vieillissement montre l’absence d’une réelle ptose cutanée.
Une récente étude de Gierloff et al. [6] comparant la distance séparant le pôle supérieur des compartiments graisseux et le rebord orbitaire inférieur soutient la thèse de la ptose. Cette étude montre une augmentation de la distance par rapport au rebord orbitaire au cours du vieillissement. Cela témoigne d’une relative ptose de certains compartiments (nasolabial, medial cheek fat pad, partie médiale du deep cheek fat pad).
Redistribution volumique des tissus graisseux
Les travaux de Rohrich et al. [1,2] sur les différents compartiments graisseux de la face ont permis de montrer leur extrême complexité et l’importance que ceux-ci ont dans le tiers moyen.
• d’une augmentation du sillon nasogénien par pseudoptosis lié à la perte de projection antérieure des tissus superficiels ;
• de l’apparition du sillon nasojugal par creusement ;
• du creusement de la vallée des larmes ;
Cette redistribution volumique est retrouvée dans l’étude de Gierloff et al. [6]. Cette étude porte sur les modifications de projection sagittale des compartiments graisseux au cours du vieillissement. Gierloff met en évidence une redistribution du volume depuis le pôle supérieur des compartiments graisseux vers leurs pôles moyen et inférieur.
Vieillissement osseux
Le support osseux du tiers moyen subit également le processus du vieillissement.
Pessa et al. [7] ont montré une rétrusion du maxillaire avec l’âge. Cette perte de projection osseuse a les mêmes effets que la perte volumique du deep cheek fat pad.
L’étude de Kahn et al. [8] a mis en évidence une augmentation de la taille de l’orifice orbitaire avec l’âge. Celle de LeLouarn [9,10] a montré une rétrusion du rebord orbitaire inférieur chez le sujet âgé. Ces éléments expliquent en partie l’apparition de hernies graisseuse palpébrales inférieures avec le vieillissement. De plus, la perte de projection est responsable d’une laxité cutanée qui participe à la formation des poches prémalaires.