2: Le phénomène de résonance magnétique

Chapitre 2 Le phénomène de résonance magnétique



La résonance magnétique nucléaire (RMN) consiste à étudier les modifications d’aimantation des noyaux d’une substance sous l’action conjointe de deux champs magnétiques : un champ magnétique statique fixe élevé (image) et un champ électromagnétique tournant (image) (onde électromagnétique ou de radiofréquence). Ce sont ces notions que nous allons aborder dans ce chapitre.


Nous venons de voir que le noyau d’hydrogène est constitué d’une particule chargée positivement, le proton, qui en tournant autour de lui-même induit un moment magnétique élémentaire microscopique (analogie : petit aimant) représenté par un vecteur d’aimantation image. Lorsque les protons sont placés dans un champ magnétique externe image, ils vont avoir tendance à s’orienter dans la direction de ce dernier (analogie : aimant ou boussole dans le champ magnétique terrestre).


Contrairement aux aimants qui s’alignent parfaitement dans un champ magnétique externe, tous orientés dans le même sens (sud-nord), les protons vont se distribuer en deux populations tournant autour de image avec un certain angle (précession) : l’une orientée dans le sens de image (parallèle) et l’autre dans le sens contraire à image (antiparallèle). Cela est lié au fait que les protons (particules très petites) ne suivent pas stricto sensu les règles de la mécanique classique (de Newton), mais obéissent en fait aux postulats de la mécanique quantique. Nous allons séparer ce chapitre en deux parties, l’une qui abordera le problème en se référant principalement à la mécanique classique et l’autre à la mécanique quantique, les deux modèles ayant été utilisés pour décrire le phénomène de résonance magnétique. Ces approches, bien que nécessitant initialement un effort «supplémentaire» de la part du lecteur, méritent toutes deux d’être exposées car elles sont «complémentaires», facilitant la compréhension du phénomène. Le modèle classique permet de mieux comprendre le phénomène à l’échelle macroscopique (approche «géométrique»), et le modèle quantique le phénomène à l’échelle de l’atome (approche «énergétique»). Ces deux approches présentent fort heureusement une certaine cohérence. Le modèle quantique est, par ailleurs, indispensable pour aborder par la suite les phénomènes de relaxation.



Modèle classique


La description du phénomène de résonance magnétique par la mécanique classique, historiquement décrit en premier (par Purcell en 1946), permet de bien aborder les notions de «double» précession, utiles pour comprendre comment, lors de la résonance, il y aura «bascule» du vecteur d’aimantation macroscopique par l’onde de radiofréquence. Comme nous sommes en fait (pour les protons) en mécanique quantique et non en mécanique classique, nous ferons appel à quelques concepts indispensables de mécanique quantique déjà évoqués plus haut.



Vecteur d’aimantation macroscopique (état d’équilibre) : champ magnétique principal image


En l’absence d’un champ magnétique externe, les protons (image) d’un échantillon tissulaire sont orientés de façon aléatoire en tous sens : la somme des vecteurs d’aimantation élémentaire microscopique (image) est nulle et il n’y a pas de vecteur d’aimantation macroscopique (image) (fig. 2-1). Soumis à un champ magnétique extérieur (régnant dans le tunnel), les protons s’orientent selon la direction de ce dernier avec apparition d’un vecteur d’aimantation macroscopique image dont il nous faut détailler et préciser ici l’origine :








Après ces quelques précisions (où nous avons fait appel à des concepts de mécanique quantique), reprenons l’exemple de la figure 2-1. Si l’échantillon considéré contient 2 millions (+ 4) protons, soumis à image, ils vont se répartir en deux populations de 1 million de protons antiparallèles et 1 million + 4 protons parallèles. Au total, lorsqu’on fait la somme (image) de tous les vecteurs d’aimantation élémentaire microscopique, il ne restera que 4 protons parallèles (car le million de protons parallèles et antiparallèles s’annulent «deux par deux»). Ce sont ces 4 protons parallèles en excès (surnombre) qui vont être à l’origine de l’apparition d’un vecteur d’aimantation macroscopique image. Pour des raisons didactiques, nous n’utiliserons maintenant plus que la notion de vecteur macroscopique (lié à la différence de répartition entre les deux populations de protons, mais résultant en fait de la somme de tous les vecteurs d’aimantation microscopique) et nous négligerons ainsi les «deux autres millions» de protons.


À l’équilibre, ce vecteur d’aimantation macroscopique image est aligné sur image selon Oz, sans composante transversale dans le plan xOy perpendiculaire à Oz (sans aimantation transversale). En effet (fig. 2-3), les protons s’alignent selon image, précessant autour de image avec un angle donné : ce qui fait apparaître une composante longitudinale image (aimantation longitudinale); à l’équilibre, on l’appelle image. De plus, il y a une «dispersion» des composantes transversales élémentaires dans différentes directions (on dit que les protons sont déphasés, nous y reviendrons) : il n’y a donc pas de composante transversale image résultante. image croît avec la concentration en protons par unité de volume appelée densité de protons et avec la force du champ image (fig. 2-4). Il n’est pas possible de mesurer directement le vecteur d’aimantation macroscopique à l’équilibre (selon Oz), car il est «infiniment petit» par rapport à image. Pour pouvoir le mesurer, il faut le basculer dans le plan xOy par un deuxième champ magnétique (ou onde de radiofréquence).





Perturbation de l’état d’équilibre : champ magnétique tournant (image ) ou onde RF


L’état d’équilibre que nous venons de décrire peut être perturbé par apport d’énergie par un champ (électro-)magnétique tournant image (seule la composante magnétique joue un rôle en IRM). image est appliqué dans le plan xOy selon Ox. Pour qu’il y ait transfert d’énergie à ce système en état d’équilibre, il faut que la fréquence de rotation image du champ magnétique tournant soit égale (synchronisée) à la fréquence de Larmor image spécifique des protons dans le champ donné image : on dit alors que les deux systèmes sont en résonance (image). La fréquence de Larmor étant située dans le domaine de fréquence des ondes radiophoniques, le champ image est une onde (électromagnétique) de radiofréquence (onde RF)2.


Qu’est-ce que le phénomène de «résonance» ? La condition de résonance est facile à comprendre par quelques exemples :






Revenons à nos protons; lorsque nous sommes à la condition de résonance :





Il est nécessaire ici de préciser qu’il ne faut pas confondre ces trois fréquences angulaires :





Ce mouvement de double précession est difficile à (se) représenter dans l’espace. Nous allons tenter de l’expliciter à l’aide d’un robot (automate, ou encore d’un agent de la circulation à un carrefour : c’est plus facile à comprendre qu’à décrire !). Ce robot est debout, sur une plate-forme circulaire horizontale qui peut pivoter sur un axe vertical (fig. 2-5) (l’axe vertical pieds-tête est l’axe Oz). Ses deux bras sont tendus, le bras gauche vers le haut dans le prolongement de l’axe du corps (selon Oz) et le bras droit sur le côté perpendiculaire par rapport au corps (selon Ox′). Le robot tourne en permanence sur lui-même (autour d’Oz) et donc le bras gauche précesse à la fréquence angulaire ω0 autour de image. Son bras gauche (en haut) représente le vecteur d’aimantation macroscopique image. À chaque fois qu’il claque des doigts de la main droite (champ image appliqué selon Ox′), il abaisse devant lui le bras gauche (toujours tendu) vers le bas (dans le plan zOy′). Nous observons alors de l’extérieur une double précession que nous allons décomposer en ses deux «précessions élémentaires» :




image

Fig. 2-5 Mouvement de double précession (image et image) explicité à l’aide d’un robot.


Le robot est debout, sur une plate-forme circulaire horizontale qui peut pivoter sur un axe vertical (l’axe vertical pieds-tête est l’axe Oz). Ses deux bras sont tendus, le bras gauche vers le haut dans le prolongement de l’axe du corps (selon Oz) et le bras droit sur le côté perpendiculaire par rapport au corps (selon Ox′). Le robot tourne en permanence sur lui-même (autour d’Oz) et donc le bras gauche précesse à la fréquence angulaire «image» autour de image. Son bras gauche (en haut) représente le vecteur d’aimantation macroscopique image. À chaque fois qu’il claque des doigts de la main droite (champ image appliqué selon Ox′), il abaisse devant lui le bras gauche (toujours tendu) vers le bas (dans le plan zOy′). Nous observons alors de l’extérieur une double précession que nous allons décomposer en ses deux «précessions élémentaires» :


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Jun 17, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 2: Le phénomène de résonance magnétique

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