Chapitre 2 Le phénomène de résonance magnétique
Modèle classique
Vecteur d’aimantation macroscopique (état d’équilibre) : champ magnétique principal
En l’absence d’un champ magnétique externe, les protons () d’un échantillon tissulaire sont orientés de façon aléatoire en tous sens : la somme des vecteurs d’aimantation élémentaire microscopique () est nulle et il n’y a pas de vecteur d’aimantation macroscopique () (fig. 2-1). Soumis à un champ magnétique extérieur (régnant dans le tunnel), les protons s’orientent selon la direction de ce dernier avec apparition d’un vecteur d’aimantation macroscopique dont il nous faut détailler et préciser ici l’origine :
équation de Larmor, où ω0 est la fréquence angulaire de Larmor ou fréquence angulaire de précession proportionnelle à 1 et γ le rapport gyromagnétique (spécifique à chaque noyau);
Après ces quelques précisions (où nous avons fait appel à des concepts de mécanique quantique), reprenons l’exemple de la figure 2-1. Si l’échantillon considéré contient 2 millions (+ 4) protons, soumis à , ils vont se répartir en deux populations de 1 million de protons antiparallèles et 1 million + 4 protons parallèles. Au total, lorsqu’on fait la somme () de tous les vecteurs d’aimantation élémentaire microscopique, il ne restera que 4 protons parallèles (car le million de protons parallèles et antiparallèles s’annulent «deux par deux»). Ce sont ces 4 protons parallèles en excès (surnombre) qui vont être à l’origine de l’apparition d’un vecteur d’aimantation macroscopique . Pour des raisons didactiques, nous n’utiliserons maintenant plus que la notion de vecteur macroscopique (lié à la différence de répartition entre les deux populations de protons, mais résultant en fait de la somme de tous les vecteurs d’aimantation microscopique) et nous négligerons ainsi les «deux autres millions» de protons.
À l’équilibre, ce vecteur d’aimantation macroscopique est aligné sur selon Oz, sans composante transversale dans le plan xOy perpendiculaire à Oz (sans aimantation transversale). En effet (fig. 2-3), les protons s’alignent selon , précessant autour de avec un angle donné : ce qui fait apparaître une composante longitudinale (aimantation longitudinale); à l’équilibre, on l’appelle . De plus, il y a une «dispersion» des composantes transversales élémentaires dans différentes directions (on dit que les protons sont déphasés, nous y reviendrons) : il n’y a donc pas de composante transversale résultante. croît avec la concentration en protons par unité de volume appelée densité de protons et avec la force du champ (fig. 2-4). Il n’est pas possible de mesurer directement le vecteur d’aimantation macroscopique à l’équilibre (selon Oz), car il est «infiniment petit» par rapport à . Pour pouvoir le mesurer, il faut le basculer dans le plan xOy par un deuxième champ magnétique (ou onde de radiofréquence).
Perturbation de l’état d’équilibre : champ magnétique tournant ( ) ou onde RF
L’état d’équilibre que nous venons de décrire peut être perturbé par apport d’énergie par un champ (électro-)magnétique tournant (seule la composante magnétique joue un rôle en IRM). est appliqué dans le plan xOy selon Ox. Pour qu’il y ait transfert d’énergie à ce système en état d’équilibre, il faut que la fréquence de rotation du champ magnétique tournant soit égale (synchronisée) à la fréquence de Larmor spécifique des protons dans le champ donné : on dit alors que les deux systèmes sont en résonance (). La fréquence de Larmor étant située dans le domaine de fréquence des ondes radiophoniques, le champ est une onde (électromagnétique) de radiofréquence (onde RF)2.
Qu’est-ce que le phénomène de «résonance» ? La condition de résonance est facile à comprendre par quelques exemples :
Revenons à nos protons; lorsque nous sommes à la condition de résonance :
Il est nécessaire ici de préciser qu’il ne faut pas confondre ces trois fréquences angulaires :
Ce mouvement de double précession est difficile à (se) représenter dans l’espace. Nous allons tenter de l’expliciter à l’aide d’un robot (automate, ou encore d’un agent de la circulation à un carrefour : c’est plus facile à comprendre qu’à décrire !). Ce robot est debout, sur une plate-forme circulaire horizontale qui peut pivoter sur un axe vertical (fig. 2-5) (l’axe vertical pieds-tête est l’axe Oz). Ses deux bras sont tendus, le bras gauche vers le haut dans le prolongement de l’axe du corps (selon Oz) et le bras droit sur le côté perpendiculaire par rapport au corps (selon Ox′). Le robot tourne en permanence sur lui-même (autour d’Oz) et donc le bras gauche précesse à la fréquence angulaire ω0 autour de . Son bras gauche (en haut) représente le vecteur d’aimantation macroscopique . À chaque fois qu’il claque des doigts de la main droite (champ appliqué selon Ox′), il abaisse devant lui le bras gauche (toujours tendu) vers le bas (dans le plan zOy′). Nous observons alors de l’extérieur une double précession que nous allons décomposer en ses deux «précessions élémentaires» :
Fig. 2-5 Mouvement de double précession ( et ) explicité à l’aide d’un robot.