2: La cellule

2 La cellule




Le cycle cellulaire




image Les différentes phases


Le cycle cellulaire est constitué de deux phases : l’interphase et la mitose qui se succèdent en alternance (figure 2.1).





image La mitose


Elle donne deux cellules filles chacune à 2n chromosomes. Elle est notée phase M. Les deux chromatides de chaque chromosome se séparent donnant deux lots de 2n chromosomes à une chromatide chacun. La quantité d’ADN diminue de moitié mais pas le nombre de chromosomes. Chaque cellule fille est identique à la cellule mère. Même si la mitose se déroule en continu, on la divise en quatre étapes (figure 2.2).








image Régulation


Le cycle cellulaire est déclenché par plusieurs facteurs de croissance par exemple l’EGF (Epithelial Growth Factor) facteur de croissance des cellules épithéliales ou encore les IGF qui stimulent la multiplication de nombreuses variétés de cellules pendant le développement embryonnaire.


Le cycle cellulaire est aussi régulé essentiellement par des Cdk (kinases cyclines-dépendantes) qui sont activées par des cyclines. Des CKI (kinases cyclines-dépendantes inhibitrices) interviennent aussi mais en inhibant les Cdk.


La cellule après une mitose peut entrer en phase de quiescence mitotique (repos) plus ou moins longue, cette phase est notée G0. Pendant G0 la cellule différenciée assure ses fonctions.



image La régulation du cycle cellulaire est d’une grande précision, très peu d’erreurs se produisent. Cependant certaines cellules peuvent échapper à cette régulation et se diviser de manière incontrôlée notamment si des mutations touchent les protéines régulatrices du cycle.


Le processus tumoral est caractérisé par une prolifération anormale de cellules qui aboutit à une hyperplasie (augmentation quantitative d’un tissu ou d’une lignée cellulaire). Ces cellules peuvent rester localisées dans leur tissu d’origine et constituer une tumeur bénigne. Cette tumeur est très généralement entourée d’une capsule fibreuse bien délimitée. Sa vitesse de croissance est faible et une ablation chirurgicale permet en général une guérison sans récidive.


Exemples de tumeur bénigne :




Les cellules peuvent aussi être mal différenciées ou indifférenciées, formant une tumeur irrégulière fortement vascularisée (néoangiogenèse), appelée tumeur maligne ou cancéreuse à vitesse de croissance élevée. Ces cellules peuvent ensuite envahir des tissus voisins puis lointains, par voie sanguine ou lymphatique, formant des métastases (masses cancéreuses secondaires). On parle alors de cancer invasif.


Exemples de tumeur maligne :





La prolifération de cellules normales est contrôlée grâce à des gènes mais aussi par le système immunitaire. Les mitoses sont régulées par de nombreux gènes. Les proto-oncogènes sont des gènes activateurs qui favorisent la prolifération cellulaire. Les anti-oncogènes ou gènes suppresseurs de tumeur sont eux, des gènes qui freinent cette prolifération. Un équilibre adapté aux besoins de l’organisme s’établit dans l’expression de ces différents gènes. De plus, une cellule ne se multiplie pas indéfiniment car à chaque mitose, les segments d’ADN situés aux extrémités des chromosomes appelés télomères se raccourcissent. Ce raccourcissement aboutit à la mort programmée de la cellule ou apoptose.


Des mutations génétiques de plusieurs types peuvent être à l’origine des cellules cancéreuses. Les oncogènes peuvent devenir hyperactifs suite à une mutation ponctuelle ou encore suite à l’intégration d’un ADN d’origine viral. Les anti-oncogènes eux, sont de deux types : ceux qui maintiennent l’intégrité du génome (correction des erreurs de la réplication) et ceux qui régulent les fonctions cellulaires (contrôle de la prolifération et de l’apoptose).


Ces mutations peuvent avoir lieu dans les cellules germinales, et sont dans ce cas héréditaires (6 à 8 % des cancers totaux), ou dans les cellules somatiques.


En général, des systèmes réparateurs interviennent grâce à des gènes de réparation de l’ADN évitant l’apparition d’un cancer. Cependant de nombreux facteurs favorisent l’apparition d’un cancer.


Les facteurs endogènes (qui viennent de l’organisme) sont :




Les facteurs exogènes (qui viennent de l’extérieur de l’organisme) sont nombreux ; ce sont par exemple :









Les différenciations cellulaires


Chez les métazoaires, organismes pluricellulaires, les cellules se sont spécialisées pour assurer différentes fonctions comme par exemple la communication, la digestion, l’absorption ou encore la reproduction. La différenciation cellulaire permet cette spécialisation des cellules.



image Les cellules souches


Une cellule souche est capable tout en se renouvelant indéfiniment de donner naissance à une ou plusieurs lignées de cellules différenciées. Une cellule souche pluripotente peut donner naissance à tous les types de cellules existants dans un organisme, une cellule souche totipotente peut donner un organisme entier.


On distingue les cellules souches de tissus embryonnaires et les cellules souches des organismes adultes. Pour la première catégorie, il en existe trois sortes : les cellules souches embryonnaires (ES), les cellules embryonnaires germinales (EG) et les cellules de carcinome embryonnaire (EC). Ces cellules sont pluripotentes. Les premières cellules embryonnaires jusqu’au stade 32 blastomères sont totipotentes, au-delà de ce stade elles sont pluripotentes. Le contrôle de leur multiplication est parfois assuré par des protéines appelées oncoprotéines qui n’interviennent plus après la vie fœtale sauf en cas de cancer.


Concernant les cellules souches d’un organisme adulte, leur multiplication assure le remplacement des cellules qui meurent (cellules lésées ou cellules âgées). La mort cellulaire programmée est un phénomène intracellulaire appelé apoptose (figure 2.3). Seuls certains organes ou tissus renouvellent leurs cellules à partir de cellules souches comme la moelle osseuse, la peau ou les épithéliums de revêtement. Ces cellules souches adultes sont soit unipotentes ne donnant qu’un seul type de cellules différenciées soit multipotentes pouvant donner plusieurs types de cellules. Par exemple les spermatogonies et les ovogonies à l’origine respectivement des gamètes mâles ou spermatozoïdes et des gamètes femelles ou ovocytes sont unipotentes. Les cellules souches hématopoïétiques de la moelle osseuse rouge ou hématopoïétique à l’origine de toutes les catégories de cellules sanguines sont pluripotentes. Elles donnent naissance à neuf lignées, la cellule souche lymphoïde (CFU-L) évoluant en lymphocytes T et B et la cellule souche myéloïde (CFU-GEMM) étant à l’origine de toutes les autres cellules sanguines (érythrocytes ou hématies, thrombocytes ou plaquettes, monocytes, granulocytes et mastocytes) (tableau 2.I).



Tableau 2.I Les trois compartiments (cellules souches, cellules déterminées et cellules en voie de maturation) et les lignées de l’hématopoïèse





image



image Intérêt thérapeutique


La thérapie cellulaire consiste en l’introduction de cellules souches adultes saines afin de remplacer des cellules malades ou mortes chez un individu. Ces cellules peuvent être prélevées chez le patient lui-même. Par exemple cette thérapie permet des greffes de la peau en cas de brûlures graves ou encore des greffes de moelle osseuse dans le cas de leucémies. Actuellement des essais expérimentaux sont réalisés pour traiter l’insuffisance cardiaque qui fait suite en général à un infarctus du myocarde (IDM). La partie du cœur nécrosée ne peut pas se régénérer. Aussi le prélèvement de cellules de moelle osseuse du patient, leur mise en culture puis leur implantation dans le cœur permettraient à ces cellules de se différencier en cellules musculaires cardiaques. Elles remplaceraient alors une partie des cellules mortes et assureraient à nouveau le fonctionnement de la zone nécrosée. D’autres pathologies comme les maladies d’Alzheimer et de Parkinson ou encore le diabète commencent à être traitées par thérapie cellulaire. L’utilisation de cellules souches embryonnaires pose le problème éthique de l’utilisation d’embryons humains, qu’ils soient surnuméraires provenant d’une aide médicale à la procréation (AMP) ou procréation médicalement assistée (PMA), ou qu’ils soient crées par clonage thérapeutique. L’utilisation de cellules souches embryonnaires est interdite en France mais les recherches sur ces cellules sont autorisées à condition que les embryons soient des embryons surnuméraires issus de l’AMP et qu’ils ne fassent plus l’objet d’un projet parental. Les clonages thérapeutiques et reproductifs sont interdits (loi de 2004).


La loi de bioéthique de juillet 2011 autorise la recherche sur des cellules souches embryonnaires mais dans un cadre bien précis.




Les types et les structures cellulaires




image Les structures cellulaires


Nous traiterons ici des cellules constitutives de l’organisme humain c’est-à-dire des cellules eucaryotes animales dont la taille est de l’ordre de quelques microns (μm) ou dizaines de microns (figure 2.5).




image Les membranes


Elles sont les structures qui délimitent la cellule d’une part et les organites d’autre part. Elles assurent les échanges entre les différents compartiments.


image La membrane plasmique délimite la cellule et la sépare du milieu extracellulaire. Elle est formée d’une double couche lipidique dans laquelle sont enchâssées des protéines (figure 2.6). Au microscope électronique elle présente trois feuillets, deux feuillets externes de 2,5 nm séparés par un feuillet central de 3 nm (figure 2.7).





La double couche lipidique est imperméable et fluide. Les lipides se déplacent dans la membrane par déplacements latéraux, par rotation ou encore par un mouvement de bascule d’une couche à l’autre appelé flip-flop (figure 2.8).




Parmi les protéines, les protéines intrinsèques ou intramembranaires, ou encore transmembranaires, possèdent un pôle hydrophobe et un pôle hydrophile. Elles occupent la totalité ou la quasi-totalité de l’épaisseur de la membrane. Ce sont des récepteurs ou encore des canaux ioniques.


Les protéines périphériques ou extrinsèques sont hydrophiles. Elles s’insèrent dans la bicouche lipidique soit du côté extracellulaire soit du côté cytosolique.


Les protéines membranaires assurent différentes fonctions :

















image Les lysosomes


Ils sont délimités par une simple membrane. Ils présentent une grande diversité de taille et de forme. Cependant ils contiennent tous des enzymes – des hydrolases – qui fonctionnent à un pH bas, d’environ 5. La membrane doit donc résister à ce pH. Les hydrolases sont capables de digérer des débris cellulaires (autophagie), des micro-organismes phagocytés (phagocytose) et de dégrader des molécules ingérées par endocytose. Les composés simples obtenus sont transportés jusque dans le cytosol à travers la membrane lysosomale et peuvent être utilisés par la cellule. La membrane lysosomale peut être rompue, libérant les enzymes dans le cytosol ; la cellule, dans ce cas, est détruite.



image Les maladies lysosomales sont nombreuses. Elles peuvent être dues à des facteurs environnementaux ou à des agents infectieux, mais elles peuvent aussi avoir une origine génétique.


Dans les pneumoconioses, certaines particules inhalées, comme les poussières de charbon ou d’amiante, vont être phagocytées par des macrophages. Il se forme des phagosomes intracellulaires qui vont fusionner avec les lysosomes formant des phagolysosomes. Mais les particules vont rompre la membrane du phagolysosome, les enzymes sont alors libérées dans le cytosol et détruisent les macrophages. Les enzymes agissent ensuite sur les cellules des alvéoles pulmonaires provoquant une sclérose (durcissement d’un tissu).


Certains agents pathogènes comme les streptocoques (bactéries) agissent en lysant la membrane des lysosomes des cellules phagocytaires, entraînant leur mort. Ces cellules mortes libèrent ainsi dans l’organisme les bactéries qui vont envahir d’autres cellules.


La synthèse de la membrane lysosomale est sous le contrôle de gènes. La mutation de ces gènes peut entraîner une fusion exagérée des membranes, donnant naissance à des lysosomes géants. La membrane lysosomale est de plus très perméable. Le patient, dans ce cas, souffre notamment d’une baisse de ses défenses immunitaires, d’une splénomégalie (augmentation du volume de la rate), d’une hépatomégalie (augmentation du volume du foie) et d’une hypertrophie (augmentation du volume d’un organe) des ganglions lymphatiques…


Enfin des mutations des gènes responsables de la synthèse des enzymes lysosomales peuvent être à l’origine de maladies. La maladie de Pompe par exemple est due à un déficit en enzyme α-glucosidase acide qui permet la dégradation du glycogène. L’absence de cette enzyme est responsable de l’accumulation de glycogène dans les lysosomes qui deviennent volumineux. Cette maladie aboutit à la mort dès la première année de la vie. La mucolipidose de type II est une autre maladie très rare qui est due à l’absence d’hydrolases dans les lysosomes. Ces enzymes sont bien fabriquées mais l’appareil de Golgi ne les reconnaît pas correctement. Cette reconnaissance des hydrolases nécessite leur phosphorylation qui normalement se fait par l’action d’une autre enzyme, la transférase. Cette dernière étant absente ou défectueuse, il n’y a pas de phosphorylation. L’appareil de Golgi, au lieu de transporter les hydrolases vers les lysosomes, les sécrète et les libère dans le sang.





image Les mitochondries (figure 2.13)


Elles sont constituées d’une membrane externe et d’une membrane interne qui délimitent deux compartiments la chambre externe et la chambre interne ou matrice. La membrane interne forme des replis appelés crêtes mitochondriales où se trouve la chaîne respiratoire, lieu de synthèse de l’ATP. La matrice est le lieu où se déroule le cycle de Krebs, mais aussi la β-oxydation des acides gras. La mitochondrie est l’organite qui fournit de l’énergie à la cellule en milieu aérobie (voir chapitre 1, les molécules du vivant). Elle est aussi le principal réservoir de calcium de la cellule, et joue un rôle prépondérant dans l’apoptose. Elle possède son propre génome qui lui permet de synthétiser une douzaine de protéines. Les autres protéines (99 %) sont importées du cytoplasme.




May 13, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 2: La cellule

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