Chapitre 14
Tumeurs et pseudotumeurs
Kératoacanthome (acanthome kératinisant infundibulaire)
Maladie de Bowen/carcinome épidermoïde in situ
Tumeurs des glandes périanales
Tumeurs et kystes des glandes sudoripares apocrines (épitrichiales)
Lymphome non épithéliotrope (lymphosarcome)
Lymphome épithéliotrope (mycosis fongoïde)
Tumeur vénérienne transmissible (TVT, Sarcome de Sticker)
Kyste folliculaire – kyste d’inclusion épidermique (kyste infundibulaire)
Papillome fibrovasculaire (pendulome)
Kératoacanthome (acanthome kératinisant infundibulaire)
Caractéristiques
Il s’agit d’une tumeur bénigne d’origine folliculaire. Il est peu fréquent chez le chien. Des nodules isolés peuvent apparaître chez des chiens de tous âges et de toute race ; les cas de nodules multicentriques surviennent plus généralement chez les jeunes mâles Elkhound norvégien et Keeshond.
Diagnostic
1. Cytologie (généralement non diagnostique) : débris cellulaires amorphes et cellules épithéliales squameuses kératinisées matures avec des cristaux de cholestérol.
2. Dermatohistopathologie : cavité lamellaire remplie de kératine (pouvant présenter un pore à la surface de la peau) tapissée de cellules épithéliales stratifiées. Une rupture focale peut libérer de la kératine au sein du derme, entraînant une réaction pyogranulomateuse dans le tissu environnant.
Traitement et pronostic
1. L’excision chirurgicale ou au laser est curative si les lésions sont isolées ou peu nombreuses. La cryothérapie peut également être efficace.
2. En cas de lésions multiples, un traitement reposant sur l’administration d’acitrétine à raison de 0,5–2 mg/kg/jour ou d’isotrétinoïne à raison de 1–3 mg/kg/jour PO peut être efficace chez certains chiens. On doit observer une réponse favorable après 3 mois de traitement. Les chiens répondant au traitement requièrent généralement un traitement à vie pour maintenir la rémission. L’administration de vitamine A (8000–10 000 UI/10 kg/jour) serait une alternative thérapeutique moins convaincante.
3. Après exérèse chirurgicale, le pronostic de guérison est bon en cas de lésion isolée. En présence de multiples lésions, les chiens présentent un risque d’apparition de nouvelles tumeurs sur d’autres sites. Le pronostic de guérison des tumeurs multiples est correct à bon avec un traitement médical. Ces tumeurs sont bénignes et ne métastasent pas.
Figure 14.1 Kératoacanthome. Petit nodule kératinisé associé à une tumeur sous-jacente. Le nodule kératinisé peut facilement être confondu avec une croûte.
Dermatose solaire du chat
Caractéristiques
Ce type de dermatose est dû à des lésions actiniques intéressant la peau à poils blancs. Initialement, la peau est brûlée par le soleil, mais suite à une exposition répétée aux rayons ultraviolets, des lésions prénéoplasiques (kératoses actiniques, carcinome épidermoïde in situ) et un carcinome épidermoïde peuvent se développer. Cette affection est fréquente chez les chats âgés d’extérieur et chez les chats d’intérieur qui aiment prendre des bains de soleil.
Diagnostic
1. Généralement fondé sur le signalement, l’historique et les signes cliniques.
2. Dermatohistopathologie : l’examen des lésions précoces peut révéler une hyperplasie épidermique et une dermatite périvasculaire superficielle. Des cellules épidermiques vacuolisées, des kératinocytes dyskératosiques et une dégénérescence basophile de l’élastine (élastose solaire) peuvent être observés. En cas de lésions plus avancées, l’épiderme peut être dysplasique sans invasion à travers la membrane basale (kératose actinique), ou le derme peut être envahi par des nids de cellules épidermiques dysplasiques (carcinome épidermoïde).
Traitement et pronostic
1. Il convient de garder les chats atteints à l’intérieur et d’éviter les bains de soleil entre 9 heures et 16 heures.
2. Si l’exposition au soleil ne peut pas être évitée, il est possible de protéger les oreilles du chat par l’application deux fois par jour d’un écran solaire waterproof (dioxyde de titanium) doté d’un indice de protection solaire (sun protection factor [SPF]) d’au moins 30. L’application est néanmoins déconseillée autour des yeux, du nez ou de la bouche chez le chat.
3. Un traitement à base de β-carotène à raison de 30 mg/chat PO toutes les 12 heures peut être efficace pour guérir les lésions prénéoplasiques. Il est cependant inefficace face à un carcinome épidermoïde déclaré.
4. Un traitement reposant sur l’administration d’acitrétine (rétinoïde de synthèse) à raison de 5–10 mg/chat PO toutes les 24 heures peut être efficace dans le traitement des lésions actiniques non néoplasiques chez certains chats (surveiller la fonction hépatique). La vitamine A peut être utilisée en traitement alternatif moins puissant.
5. L’exérèse chirurgicale, l’ablation au laser, le traitement contre les carcinomes in situ (voir p. 458), ou la cryothérapie peuvent être curatifs.
6. Le pronostic est bon si l’exposition solaire peut être évitée avant le développement d’un carcinome épidermoïde.
Figure 14.3 Dermatose solaire du chat. Des lésions érythémateuses et papuleuses multifocales en région préauriculaire d’un chat blanc sont typiques d’une dermatite actinique. Noter que les croûtes masquent la dermatite initiale.
Figure 14.4 Dermatose solaire du chat. Même chat que sur la figure 14.3. Les croûtes ont été retirées, permettant la mise en évidence de lésions papuleuses et érythémateuses.
Figure 14.5 Dermatose solaire du chat. Alopécie, érythème, érosions et croûtes sur le pavillon auriculaire. Alors que la maladie progresse, des papules se développent et sont accompagnées d’érosions et d’ulcérations, suggérant la progression vers un carcinome épidermoïde.
Figure 14.6 Dermatose solaire du chat. La lésion en partie distale du bord libre du pavillon auriculaire chez ce chat a progressé vers un carcinome épidermoïde à l’origine d’une destruction de l’architecture normale de l’oreille.
Figure 14.7 Dermatose solaire du chat. Érythème et formation de croûtes sur le pavillon auriculaire d’un chat âgé.
Dermatose solaire du chien
Caractéristiques
La dermatose solaire du chien est due à des lésions actiniques de la peau sans pigmentation ou à pigmentation claire, à faible densité pilaire, sur le nez ou le tronc. Après une exposition répétée aux rayons ultraviolets, des lésions prénéoplasiques (kératose actinique, carcinome épidermoïde in situ) peuvent se développer. La dermatose solaire nasale est peu fréquente chez le chien, l’incidence la plus élevée étant rapportée chez les chiens vivant à l’extérieur. La dermatose solaire tronculaire est peu fréquente chez le chien, l’incidence la plus élevée étant rapportée chez le chien d’intérieur aimant prendre des bains de soleil ou laissé dans des zones non ombragées. Les races prédisposées à la dermatose solaire tronculaire sont le Boxer à robe blanche, le Bull Terrier, l’American Staffordshire Terrier, le Beagle, le Dalmatien et le Braque allemand (et le Dogue argentin [NdT]).
Diagnostic
1. Généralement fondé sur l’historique d’une exposition au soleil prolongée, les signes cliniques et l’exclusion des autres hypothèses diagnostiques.
2. Dermatohistopathologie : l’examen de lésions précoces peut révéler une hyperplasie épidermique et une dermatite périvasculaire superficielle. Des cellules épidermiques vacuolisées, des kératinocytes dyskératosiques et une dégénérescence basophile de l’élastine (élastose solaire) peuvent être observés. En cas de lésions plus avancées, l’épiderme peut être hyperplasique et dysplasique sans invasion à travers la membrane basale (kératose actinique, carcinome in situ).
Traitement et pronostic
1. Éviter l’exposition au soleil en particulier entre 9 heures et 16 heures.
2. Si l’exposition au soleil ne peut pas être évitée, appliquer deux fois par jour un écran solaire (dioxyde de titanium) ou un écran total (oxyde de zinc) sur les zones sensibles. Pour les écrans solaires, utiliser des produits waterproof et dotés d’un indice de protection solaire (SPF) d’au moins 30.
3. En cas d’infection secondaire, administrer des antibiotiques systémiques appropriés pendant 2 ou 3 semaines.
4. Un traitement à la vitamine A (8000–10 000 UI toutes les 24 heures) ou à l’acitrétine (0,5–1 mg/kg PO toutes les 24 heures) peut être efficace et permettre la guérison chez les chiens atteints de dermatose solaire tronculaire.
5. Le pronostic est variable suivant la chronicité des lésions. En évitant l’exposition au soleil, les lésions précoces de dermatose solaire nasale bénéficient généralement d’une guérison complète. En revanche, les lésions nasales ulcérées et chroniques guérissent généralement avec des cicatrices, la persistance de l’exposition au soleil pouvant ensuite permettre le développement d’un carcinome épidermoïde. En cas de dermatose solaire tronculaire précoce, le pronostic est bon si l’on évite l’exposition solaire. En cas d’exposition continue au soleil, la probabilité d’apparition d’un carcinome épidermoïde est élevée. La peau du tronc endommagé par le soleil est également prédisposée au développement d’un hémangiome ou d’un hémangiosarcome.
Figure 14.9 Dermatose solaire du chien. Alopécie et érythème généralisés intéressant l’ensemble de la face et du tronc chez un Bull Terrier.
Figure 14.10 Dermatose solaire du chien. Alopécie et érythème avec dermatite papuleuse sur le museau. (Remerciements à D. Angarano.)
Figure 14.11 Dermatose solaire du chien. Vue rapprochée de la face latérale du thorax chez un chien atteint de dermatite solaire. La peau est érythémateuse et accompagnée d’une alopécie à l’aspect « mité ». Les zones pigmentées peuvent apparaître déprimées ou atrophiées, en raison d’une tuméfaction de la peau non pigmentée environnante.
Figure 14.12 Dermatose solaire du chien. Dermatite solaire focale mettant en évidence une peau alopécique et érythémateuse. Noter que les follicules pileux sont partiellement obstrués, formant des comédons pouvant subir une inflammation ou une infection secondaire.
Figure 14.13 Dermatose solaire du chien. Dermatite solaire généralisée sur le ventre d’un Boxer. La peau est érythémateuse et œdématiée avec des zones focales de cicatrices. Plusieurs nodules ulcérés, pouvant être des carcinomes épidermoïdes, sont apparents.
Figure 14.14 Dermatose solaire du chien. Cette zone focale d’ulcération sur le scrotum d’un Boxer a évolué vers un carcinome épidermoïde.
Figure 14.15 Dermatose solaire du chien. Cette grande plaque érythémateuse sur l’abdomen provient d’une dermatite solaire chronique associée à un carcinome épidermoïde. Les régions pigmentées de la peau sont protégées et sont donc épargnées.
Figure 14.16 Dermatose solaire du chien. Vue rapprochée de l’abdomen d’un chien atteint d’une dermatite solaire. Noter que les régions pigmentées semblent déprimées ou atrophiées. Cette illusion s’explique par une tuméfaction de la peau non pigmentée environnante.
Figure 14.17 Dermatose solaire du chien. Nodule focal avec ulcération et suintement. Cette lésion a évolué vers un carcinome épidermoïde.
Figure 14.18 Dermatose solaire du chien. Dermatite érythémateuse sévère avec éruption de papules coalescentes dues à une exposition au soleil.
Figure 14.19 Dermatose solaire du chien. Érythème sévère affectant uniquement les zones non pigmentées de la peau sur le ventre d’un Boxer.
Carcinome épidermoïde
Caractéristiques
Le carcinome épidermoïde est une tumeur maligne des kératinocytes qui représente 15 % des tumeurs cutanées chez le chat et 5 % des tumeurs cutanées chez le chien. Il survient plus généralement sur une peau non pigmentée, à faible densité pilaire, endommagée par le soleil et pouvant faire suite à une kératose actinique (solaire). Une infection à papillomavirus a récemment été mise en cause dans le développement de tumeurs chez le chien en raison de la mise en évidence d’antigène de papillomavirus jusque dans 50 % des cas de carcinomes épidermoïdes du chien. Le carcinome épidermoïde est fréquent chez le chien, l’incidence la plus élevée étant rapportée chez les chiens âgés. Les tumeurs induites par une exposition au soleil et situées sur les flancs ou le ventre sont plus généralement rencontrées chez les races de chiens présentant une peau faiblement pigmentée telles que le Dalmatien, le Beagle, le Whippet et le Bull Terrier anglais à robe blanche. Cette affection est courante chez le chat, l’incidence la plus élevée étant rapportée chez les chats blancs âgés. L’incidence des carcinomes épidermoïdes induits par le soleil est plus élevée dans les zones très ensoleillées.
Diagnostic et stades
1. Cytologie (généralement non diagnostique) : les cellules varient d’un stade peu différencié (petites cellules épithéliales rondes avec un cytoplasme basophile) à un stade de cellules épithéliales plus matures, grandes, angulées, non kératinisées avec un cytoplasme abondant, des noyaux de rétention et une vacuolisation périnucléaire.
2. Dermatohistopathologie : masses irrégulières de kératinocytes atypiques qui prolifèrent vers le bas et envahissent le derme.
3. Réaliser un bilan d’extension approfondi : cytologie/biopsie des nœuds lymphatiques régionaux et radiographies thoraciques à trois vues afin de détecter la présence de métastases.
Traitement et pronostic
1. Le traitement de choix est l’exérèse chirurgicale complète et précoce qui inclut l’amputation des tumeurs digitées. Les tissus excisés doivent subir un examen histopathologique afin d’exclure une exérèse partielle (confirmer les marges saines). L’ablation au laser peut convenir en cas de lésions superficielles.
2. La cryothérapie ou l’ablation au laser peuvent être appropriées en cas de petites lésions superficielles.
3. En cas de lésions non résécables ou partiellement résécables, une radiothérapie adjuvante (en particulier la radiothérapie à faisceaux électroniques) ou le Strontium-90 (une forme de radiothérapie superficielle) peuvent être efficaces.
4. Alternativement, pour les lésions non résécables, une chimiothérapie intralésionnelle (cisplatine, carboplatine, 5-fluorouracile), une hyperthermie locale ou une thérapie photodynamique peuvent être efficaces dans certains cas. La chimiothérapie systémique présente une efficacité moins constante dans le traitement du carcinome épidermoïde.
5. Il convient d’éviter l’exposition future aux rayons ultraviolets afin de prévenir l’apparition de nouvelles lésions induites par le soleil (voir « Dermatose solaire »).
6. Chez le chien, le pronostic est variable en fonction du stade de différenciation et du site de la lésion. La plupart des tumeurs sont invasives localement et métastasent lentement, bien que les carcinomes épidermoïdes digités aient tendance à être plus agressifs et puissent métastaser plus spontanément. Chez le chat, le pronostic dépend de la taille et du stade de différenciation, les tumeurs de petite taille bien différenciées présentant un meilleur pronostic que celles de grande taille ou peu différenciées.
Figure 14.21 Carcinome épidermoïde. Petite tumeur ulcérée sur le planum nasal non pigmenté d’un chat.
Figure 14.22 Carcinome épidermoïde. Érythème, ulcération et croûtes sur le nez d’un chat blanc adulte. Les lésions initiales étaient typiques d’une dermatose solaire.
Figure 14.23 Carcinome épidermoïde. Une exérèse chirurgicale radicale a été nécessaire afin de retirer l’intégralité de la tumeur. La correction chirurgicale aurait été bien plus aisée si elle avait été réalisée plus tôt. (Remerciements à R. Seamen.)
Figure 14.24 Carcinome épidermoïde. Destruction tissulaire sévère et prolifération tumorale sur la face et le tissu périoculaire chez un chat. (Remerciements à S. McLaughlin.)
Figure 14.25 Carcinome épidermoïde. Nécrose et croûtes sur le bord distal de l’oreille chez un chat blanc adulte.
Figure 14.26 Carcinome épidermoïde. Destruction tissulaire sévère de l’ensemble du bord distal du pavillon auriculaire due à la progression d’un carcinome épidermoïde. Un diagnostic et une intervention thérapeutique précoces offrent une meilleure issue esthétique.
Figure 14.27 Carcinome épidermoïde. Le carcinome épidermoïde a progressé au-delà du pavillon auriculaire. La résection chirurgicale de cette tumeur sera difficile et supposera une chirurgie reconstructrice extrême.
Figure 14.28 Carcinome épidermoïde. Une amputation de l’oreille de ce chat a été réalisée afin de retirer la tumeur. Un diagnostic et une intervention thérapeutique précoces offrent une meilleure issue esthétique.
Figure 14.29 Carcinome épidermoïde. Tumeur ulcérée de grande taille sur la hanche d’un Basset Hound.
Figure 14.30 Carcinome épidermoïde. Vue rapprochée du chien de la figure 14.29. Cette tumeur en relief est dotée d’un ulcère profond associé à une destruction tissulaire formant un cratère central.
Figure 14.31 Carcinome épidermoïde. Zone focale de carcinome in situ sur le pavillon auriculaire d’un chat blanc. Le pavillon auriculaire est éclairé par l’arrière afin de mettre en évidence les lésions érythémateuses focales.
Figure 14.32 Carcinome épidermoïde. Un laser au dioxyde de carbone (CO2) est utilisé pour l’ablation du tissu néoplasique focal. Cette technique permet de bénéficier de marges bien délimitées et de minimiser les dommages aux tissus sains environnants.
Figure 14.33 Carcinome épidermoïde. Même chat que sur la figure 14.32. L’ablation de la tumeur laisse une lésion ulcérée focale.
Figure 14.34 Carcinome épidermoïde. Même chat que sur la figure 14.32. 3 semaines après l’intervention, la zone focale est guérie et le poil commence à repousser. Un diagnostic et une intervention thérapeutique précoces offrent une meilleure issue esthétique.
Figure 14.35 Carcinome épidermoïde. Carcinome épidermoïde en région préauriculaire chez un chat blanc.
Figure 14.36 Carcinome épidermoïde. Même chat que sur la figure 14.35. L’ablation des tumeurs a été réalisée au laser CO2 et a permis la guérison. Un diagnostic et une intervention thérapeutique précoces offrent une meilleure issue esthétique.
Maladie de Bowen/carcinome épidermoïde in situ
Caractéristiques
La maladie de Bowen est une tumeur superficielle multifocale issue des kératinocytes. Les lésions peuvent survenir sur une peau pigmentée ou sur une peau non exposée aux rayons ultraviolets. La maladie de Bowen survient chez les animaux âgés. Elle est peu fréquente chez le chat et rare chez le chien. Chez le chat, les lésions sont probablement induites par une infection à papillomavirus.
Traitement et pronostic
1. En cas de lésions isolées ou peu nombreuses, l’exérèse chirurgicale ou l’ablation au laser peuvent être curatives, mais de nouvelles lésions peuvent survenir sur d’autres sites.
2. Les lésions dont l’épaisseur ne dépasse pas 2–4 mm peuvent être traitées par plésiothérapie au Strontium-90.
3. Une publication fait mention d’un chien ayant répondu favorablement à l’application topique de 5-fluorouracil (fréquence et durée du traitement non spécifiées), ayant entraîné une régression des lésions cutanées et le contrôle de l’apparition de nouvelles lésions.
4. L’acitrétine administrée à raison de 5–10 mg/chat PO toutes les 24 heures peut être efficace dans certains cas.
5. L’application topique d’imiquimod 5 % en crème sur les lésions peut aider en tant que traitement immunomodulateur. Il convient de l’appliquer toutes les 24 à 48 heures jusqu’à obtenir une réponse (typiquement en 2 ou 3 semaines). (Il est possible d’utiliser une collerette afin de prévenir le léchage pendant le traitement). Surveiller les fonctions hépatiques.
6. Le pronostic de guérison est réservé car de nouvelles lésions peuvent continuer à se développer. La progression des lésions in situ vers un carcinome épidermoïde invasif est possible.
Figure 14.37 Maladie de Bowen. Des lésions multifocales, croûteuses et papuleuses sur la peau pigmentée d’un chat adulte sont typiques de ce syndrome.
Figure 14.38 Maladie de Bowen. Lésions multifocales, croûteuses et papuleuses sur la face. Noter la nature discrète et subtile des lésions.
Figure 14.39 Maladie de Bowen. Lésions pigmentées multifocales. L’étendue des lésions peut aisément passer inaperçue en l’absence de tonte.
Figure 14.40 Maladie de Bowen. Des lésions multifocales, croûteuses et papuleuses sur la peau pigmentée d’un chat adulte sont typiques de ce syndrome.
Figure 14.41 Maladie de Bowen. Papules coalescentes formant une plaque sur la peau non pigmentée d’un chat.
Carcinome basocellulaire
Caractéristiques
Les tumeurs des cellules basales sont des néoplasmes ayant pour origine les cellules basales de l’épiderme, des follicules pileux, des glandes sébacées ou des glandes sudoripares ; il s’agit de tumeurs au comportement généralement bénin. Ces tumeurs sont peu fréquentes chez les vieux chiens, le Cocker Spaniel, le Caniche, le Shetland, le Kerry Blue Terrier et le Siberian Husky étant peut-être prédisposés. Elle est fréquente chez le chat âgé (15 à 26 % de l’ensemble des tumeurs cutanées félines), avec une prédisposition possible des chats siamois, himalayen et persan.
Diagnostic
1. Cytologie : les tumeurs des cellules basales contiennent des petites cellules épithéliales rondes à cuboïdes relativement uniformes avec un cytoplasme basophile peu abondant ; ces cellules peuvent être disposées en amas ou en rubans. Les carcinomes basocellulaires peuvent présenter des critères standard de malignité, mais peuvent être difficiles à différencier cytologiquement des tumeurs bénignes.
2. Dermatohistopathologie : masse intradermique ou sous-cutanée, non encapsulée, souvent lobulée, composée de cordons ou de nids de cellules basales néoplasiques. Les tumeurs peuvent être pigmentées ou kystiques, ou encore présenter des zones centrales de différenciation épidermoïde.
Traitement et pronostic
1. L’exérèse chirurgicale est le traitement de choix. Les tissus excisés doivent subir un examen histopathologique afin d’exclure l’exérèse totale (confirmer les marges saines).
2. La cryothérapie ou l’ablation au laser peuvent être utiles pour les tumeurs plus petites.
3. Le pronostic est bon. Les tumeurs des cellules basales sont bénignes et les carcinomes basocellulaires sont dotés d’un faible grade de malignité et ne métastasent que très rarement.
Tumeurs des follicules pileux
Caractéristiques
Les tumeurs des follicules pileux apparaissent généralement comme des néoplasmes bénins des cellules germinales des follicules pileux. Elles sont classées en fonction de la direction de la différenciation annexielle. Elles sont fréquentes chez le chien et rares chez le chat. Les trichoépithéliomes et les pilomatrixomes sont les tumeurs folliculaires les plus fréquentes.
Trichoépithéliome
Le trichoépithéliome est une tumeur bénigne de cellules qui se différencient en direction des structures des follicules pileux et des tiges pilaires. Il est fréquent chez le chien et peu fréquent chez le chat, l’incidence la plus élevée étant rencontrée chez les animaux de plus de 5 ans. Chez le chien, le Basset Hound, le Golden Retriever, le Berger allemand, le Schnauzer nain, le Caniche royal et les Épagneuls seraient prédisposés. Chez le chat, le persan serait prédisposé. Les tumeurs apparaissent généralement sous la forme de masses multilobées, isolées (souvent multiples chez les Bassets), alopéciques, fermes, blanches à grises, pouvant s’ulcérer. La taille des tumeurs est comprise entre 1 mm et 2 cm voire plus. Elles intéressent généralement le tronc et les membres chez le chien et la tête, la queue et les membres chez le chat.
Pilomatrixome
Ce néoplasme bénin est issu des cellules du bulbe ou de la matrice du poil. C’est une tumeur peu fréquente chez le chien et très rare chez le chat qui affecte les animaux âgés de 5 à 10 ans. Chez le chien, le Kerry Blue Terrier, le Caniche et le Bobtail pourraient être prédisposés. Les tumeurs sont des masses dermiques ou sous-cutanées isolées, souvent alopéciques, fermes, parfois ulcérées ou calcifiées, bien circonscrites, en forme de dôme ou de plaque, pouvant être kystiques ou pigmentées, de taille comprise entre 1 et 10 cm et intéressant généralement le tronc.
Trichoblastome
Cette tumeur apparaît généralement comme un néoplasme bénin des cellules issues de l’épithélium germinatif primitif du poil. Elle est peu fréquente chez le chien et le chat d’âge moyen. Chez le chien, le Caniche et le Cocker Spaniel semblent prédisposés. Les tumeurs de taille comprise entre 1 et 2 cm apparaissent sous la forme de nodules isolés alopéciques, fermes, et en forme de dôme. Ces lésions intéressent plus généralement la tête et le cou chez le chien et la moitié crâniale du tronc chez le chat.
Tricholemmome
Il s’agit d’une tumeur bénigne de cellules qui se différencient en direction de la gaine épithéliale externe du follicule pileux. Elle est rare chez le chien et le chat, affectant des animaux âgés de 5 à 13 ans. Chez le chien, le Lévrier afghan pourrait être prédisposé. Les tumeurs apparaissent sous la forme de nodules circonscrits et fermes de taille comprise entre 1 et 7 cm, intéressant généralement la tête et le cou.
Trichofolliculome
Cette tumeur bénigne du follicule pileux pourrait en réalité être un hamartome folliculaire ou pilosébacé plutôt qu’un néoplasme au sens propre. Elle est rare chez le chien et le chat et on ne connaît aucune prédisposition d’âge ou de race ni du site de prédilection. Les tumeurs apparaissent sous forme de nodules isolés en forme de dôme pouvant présenter une dépression ou un orifice central contenant des poils ou un matériau sébacé.
Pore dilaté de Winer
Il s’agit d’une tumeur bénigne ou d’un kyste du follicule pileux. Elle est peu fréquente chez les vieux chats et apparaît sous la forme d’une masse ferme ou d’un kyste solitaire (de taille inférieure à 1 cm) avec un orifice central rempli de kératine. La kératine peut parfois former une corne cutanée. Les nodules intéressent plus fréquemment le tronc, la tête et le cou.
Diagnostic
1. Cytologie (souvent non diagnostique) : les tumeurs des follicules pileux sont caractérisées par la présence de cellules épithéliales squameuses kératinisées matures et de débris cellulaires amorphes. On observe de façon occasionnelle des petites cellules uniformes de type basal.
2. Dermatohistopathologie : les tumeurs des follicules pileux sont classées en fonction du pattern histologique et de l’aspect des cellules tumorales basaloïdes. Suivant le type tumoral, les masses peuvent être solides ou kystiques et peuvent contenir de la kératine.
Traitement et pronostic
1. Une observation sans traitement est raisonnable car ces tumeurs sont bénignes.
2. L’exérèse chirurgicale est curative.
3. Le pronostic est bon. Les tumeurs bénignes des follicules pileux ne sont pas localement invasives, ne métastasent pas et ne récidivent que rarement après exérèse chirurgicale. Bien qu’extrêmement rares, des cas de pilomatrixomes métastatiques avec complications neurologiques ont été rapportés chez deux chiens.
Figure 14.46 Tumeurs des follicules pileux. Ce petit nodule non suintant est typique de ces tumeurs.
Figure 14.47 Tumeurs des follicules pileux. Petit nodule pigmenté. Noter la ressemblance avec les tumeurs des cellules basales, les tumeurs apocrines et les mélanomes.
Figure 14.48 Tumeurs des follicules pileux. Ce kyste de grande taille en face ventrale du thorax d’un chien courant croisé âgé est associé à une tumeur folliculaire.
Figure 14.49 Tumeurs des follicules pileux. Nodule kystique et alopécique en région cutanée périoculaire.
Figure 14.50 Tumeurs des follicules pileux. Tumeur de grande taille, kystique et alopécique sur la hanche d’un chien.
Tumeurs des glandes sébacées
Caractéristiques
L’hyperplasie nodulaire des glandes sébacées, les épithéliomes sébacés et les adénomes sébacés sont des tumeurs bénignes des sébocytes. Ces tumeurs sont fréquentes chez les chiens âgés, l’incidence la plus élevée étant rapportée chez le Caniche, le Cocker Spaniel, le Schnauzer nain et les Terriers (adénome/hyperplasie sébacés) ainsi que chez le Shih Tzu, le Lhasa Apso, le Siberian Husky et le Setter irlandais (épithéliomes sébacés). Les tumeurs bénignes des glandes sébacées sont peu fréquentes chez les chats âgés, le persan étant potentiellement prédisposé. Les adénocarcinomes des glandes sébacées sont des tumeurs malignes rares du chien et du chat âgés. Chez le chien, le Cocker Spaniel est prédisposé.
Diagnostic
1. Grosseurs distinctes d’aspect verruqueux ou en chou-fleur.
– Hyperplasie/adénome sébacé(e) : les cellules s’exfolient en groupes et ressemblent à des cellules sébacées normales, avec un cytoplasme bleu pâle spumeux et de petits noyaux sombres.
– Épithéliome sébacé : petites cellules épithéliales relativement uniformes, parfois mélaniques, associées à un faible nombre de cellules sébacées.
– Carcinome sébacé : cellules de type basal extrêmement basophiles avec un pléomorphisme cellulaire et nucléaire.
– Hyperplasie sébacée : multiples lobules sébacés matures élargis accompagnés d’une seule couche périphérique de cellules basaloïdes germinatives et d’un conduit central. On n’observe aucune figure de mitose.
– Adénome sébacé : observation comparable à l’hyperplasie sébacée mais entrecoupées d’un nombre plus important de cellules basaloïdes germinatives et de sébocytes immatures. On observe une faible activité mitotique et une perte d’organisation autour du conduit central.
– Épithéliome sébacé : multiples lobules de cellules épithéliales basaloïdes entrecoupées d’un tissu collagénique réactif et d’une inflammation tissulaire secondaire. On met en évidence une activité mitotique relativement importante. Il est possible d’observer des zones dispersées de différenciation sébacée, de métaplasie squameuse ou de mélanisation.
– Adénocarcinome des glandes sébacées : lobules mal définis de cellules épithéliales de grande taille avec des degrés variés de différenciation sébacée et de vacuolisation cytoplasmique. Les noyaux sont grands et l’activité mitotique est modérément élevée.
Traitement et pronostic
1. L’observation sans traitement est raisonnable en cas de tumeur bénigne des glandes sébacées.
2. L’exérèse chirurgicale (ablation au laser ou cryochirurgie) en cas de tumeur bénigne des glandes sébacées est généralement curative en cas de lésions esthétiquement inacceptables ou de lésions représentant une gêne pour l’animal.
3. L’exérèse chirurgicale complète est recommandée en cas d’adénocarcinome des glandes sébacées.
4. Le pronostic est bon. Les tumeurs bénignes des glandes sébacées ne sont pas invasives localement, ne métastasent pas et ne récidivent que rarement après exérèse chirurgicale. Les adénocarcinomes des glandes sébacées sont infiltrants localement et intéressent parfois les nœuds lymphatiques régionaux, mais les métastases à distance sont peu fréquentes.
Figure 14.52 Tumeurs des glandes sébacées. Cet adénome sébacé intéressant le planum nasal met en évidence l’aspect en chou-fleur caractéristique.
Figure 14.53 Tumeurs des glandes sébacées. Cet adénome sébacé persiste depuis quelques années avec une progression lente.
Figure 14.54 Tumeurs des glandes sébacées. Cet adénome sébacé situé sur le pavillon auriculaire illustre la taille et la forme caractéristiques de ces tumeurs.
Figure 14.55 Tumeurs des glandes sébacées. Les adénomes sébacés sont généralement de petite taille (la taille d’une gomme du crayon), mais peuvent évoluer vers des lésions plus importantes.
Figure 14.56 Tumeurs des glandes sébacées. Multiples adénomes sébacés sur le pied. Certains chiens développent des tumeurs multiples réparties sur l’ensemble du corps.
Figure 14.58 Tumeurs des glandes sébacées. L’ablation au laser au dioxyde de carbone (CO2) constitue une bonne méthode de traitement des patients atteints de nombreux adénomes sébacés.
Figure 14.59 Tumeurs des glandes sébacées. Tumeur de grande taille sur la tête d’un Cocker Spaniel âgé illustrant la forme en chou-fleur caractéristique de ce type de tumeur.
Tumeurs des glandes périanales
Caractéristiques
Il s’agit le plus souvent de grosseurs bénignes issues des glandes circumanales (hépatoïdes), pouvant apparaître secondairement à une stimulation androgénique. Les adénomes périanaux sont fréquents chez les mâles âgés entiers et peu fréquents chez les femelles et les mâles castrés. Les adénocarcinomes des glandes périanales sont peu fréquents et surviennent à la même fréquence chez les mâles et les femelles âgés, qu’ils soient stérilisés ou non.