Chapitre 14. Maladies du système porte et des veines hépatiques
ANATOMIE
• Veine porte
• Veines hépatiques
• Veine splénique
• Veine mésentérique supérieure (VMS)
• Veine gastrique gauche
• Artère hépatique
• Artère mésentérique supérieure (AMS)
• Veine mésentérique inférieure (VMI)
• Veine cave inférieure (VCI)
Les veines abdominales se drainent dans la VCI ou dans le système veineux portal (Fig. 14-1).
Fig. 14-1 |
La VCI infrarénale peut être le siège d’anomalies congénitales (Fig. 14-2).
Fig. 14-2 D’après la Fig. 23-14, de Zwiebel WJ, Introduction to vascular ultrasonography, Philadelphie, WB Saunders, 1994. Reproduction autorisée. |
COLLATÉRALES PORTOSYSTÉMIQUES
En cas d’obstacle au flux veineux portal hépatopète, plusieurs types d’anastomoses entre les vaisseaux portes et les veines systémiques peuvent se développer et constituer des voies de circulation collatérale ou des varices (Fig. 14-3).
Fig. 14-3 |
■ La veine gastrique gauche rejoint la confluence entre la VMS et la veine porte, puis les veines œsophagiennes systémiques près de la jonction gastro-œsophagienne ainsi que des veines autour du lobe gauche du foie.
■ La veine paraombilicale naît de la branche gauche de la veine porte et, après son trajet à travers le ligament rond, rejoint les veines systémiques de la paroi abdominale au niveau de l’ombilic.
■ Les anastomoses splénosystémiques sont visibles dans la région de la tête du pancréas et dans la région œsogastrique.
■ Les afférences de la VMI rejoignent, au niveau du côlon ou du rectum, les veines qui se drainent dans les veines iliaques internes.
■ Les varices rétropéritonéales peuvent former une masse pseudotumorale.
ASPECTS CLINIQUES
Un examen ultrasonographique et Doppler en mode duplex est réalisé chez les patients ayant des signes cliniques de maladie chronique du foie ou de la rate. Les autres investigations qui peuvent être nécessaires chez ces patients sont l’endoscopie, la mesure par voie transjugulaire du gradient de pression veineuse intrahépatique, la biopsie hépatique, la tomodensitométrie, l’imagerie par résonance magnétique et l’angiographie.
PATHOLOGIE RÉGIONALE
Hypertension portale
■ préhépatique :
• thrombose porte ou splénique due à une cirrhose, à des anomalies de la coagulation, à une pathologie tumorale, à un sepsis intra-abdominal ou à des causes inconnues ;
• thrombose de la veine porte ou de la veine splénique en rapport avec une pancréatite, un cancer du pancréas ou un carcinome hépatocellulaire.
■ intrahépatique :
• cirrhose alcoolique ;
• cirrhose posthépatitique ;
• fibrose portale idiopathique.
■ posthépatique (syndrome de Budd-Chiari) :
• thrombose veineuse hépatique ou thrombose de la VCI maladie veino-occlusive ;
• compression extrinsèque d’étiologie tumorale ;
• diaphragme sur la VCI, surtout chez les Asiatiques.
ASPECTS CLINIQUES
Hémorragie digestive
Elle peut être la conséquence d’une augmentation de pression dans les collatérales portosystémiques, plus particulièrement lors de saignement de varices sous-muqueuses du tiers inférieur de l’œsophage, du cardia, ou du fundus de l’estomac. Une hémorragie digestive par rupture de varices est observée chez 50 % des patients ayant une cirrhose, et a une mortalité immédiate > 10 %. Le risque de récidive de l’hémorragie est d’environ 50 %, tandis que la mortalité sans traitement à 1 à 2 ans est estimée à 50 %. Le risque hémorragique est élevé lorsque le flux dans les veines collatérales se draine dans la VCS, et faible lorsqu’il rejoint la VCI. Splénomégalie et anémie en rapport avec l’hypersplénisme sont observées dans 50 % des cas.
Ascite
L’ascite est le plus souvent secondaire à la cirrhose. Elle est fréquemment observée au début de la maladie et est favorisée par la rétention hydrique, l’insuffisance cardiaque et le développement d’une tumeur intrapéritonéale.
Encéphalopathie hépatique
Le foie détoxifie normalement les substances provenant du tractus digestif, et l’inversion du flux porte dans des collatérales portosystémiques peut entraîner l’apparition d’une encéphalopathie hépatique. Les produits de dégradation du métabolisme protéique sont particulièrement toxiques.
Syndrome hépatorénal
C’est une complication grave d’une hépatopathie avancée avec hypertension portale et ascite. Il peut être provoqué par un choc, une infection, une intervention chirurgicale, une paracentèse abondante (évacuation d’un volume important d’ascite) ou des médicaments néphrotoxiques. Il est dû à une vasodilatation splanchnique intense qui diminue le volume sanguin efficace, ce qui entraîne une vasoconstriction rénale. Le syndrome est réversible sous traitement.
Dysfonction endocrinienne
L’hypothyroïdie, la féminisation et l’hypogonadisme chez l’homme sont des signes d’hépatopathie qui sont en rapport avec des défaillances du métabolisme des hormones pituitaires.
Anomalies de la coagulation
L’augmentation du risque de saignement au cours des hépatopathies est la conséquence d’une synthèse défaillante des facteurs de la coagulation.
TRAITEMENT
Le traitement médical vient en première ligne chez tous les patients. Lorsqu’une intervention chirurgicale est nécessaire pour traiter les complications, il peut s’agir :
■ d’un shunt portosystémique ;
■ d’un shunt portosystémique intrahépatique posé par voie transjugulaire (transjugular intrahepatic portosystemic shunting [TIPS]) ;
■ d’une transplantation hépatique.
Shunts portosystémiques
Les shunts portosystémiques constituent la méthode traditionnelle pour décomprimer la circulation veineuse portale. L’objectif est de prévenir la récidive d’hémorragie à partir de varices. Néanmoins, il s’agit d’une intervention chirurgicale majeure dont la mortalité est appréciable ; elle peut se compliquer d’encéphalopathie et risque de gêner l’utilisation des vaisseaux pour les anastomoses d’une éventuelle transplantation hépatique.
Plusieurs techniques sont disponibles (Fig. 14-4). La veine porte, la VMS ou la veine splénique sont anastomosées à la VCI ou à l’une de ses afférences majeures, en particulier la veine rénale gauche.