Chapitre 14 Chirurgie orthognathique de l’adulte et esthétique faciale
Introduction
La chirurgie orthognathique ou chirurgie des bases osseuses maxillomandibulaires a pour but de corriger les malpositions des bases osseuses et la malocclusion qui leur est le plus souvent associée.
Généralités
Le terme de chirurgie orthognathique vient du grec ortho (droit) et gnathos (mâchoire). Le développement de cette chirurgie récente, dont l’essor date de ces 30 dernières années et qui est devenue une spécialité en soi, n’a été rendu possible que grâce au concours de l’orthopédie dentofaciale [1]. La collaboration du chirurgien et de l’orthodontiste permet de planifier ces interventions correctrices avec précision et de les exécuter avec rigueur.
Anomalies de position des dents dans le sourire : bilan et plan de traitement
Lors du sourire, les lèvres s’écartent, la lèvre supérieure découvre l’arcade dentaire maxillaire dans la portion comprise entre les prémolaires. Normalement, les incisives sont visibles sur toute leur hauteur et seule la ligne festonnée de la sertissure gingivale doit être apparente. Les anomalies de découvrement dentaire au sourire peuvent se faire dans le sens de l’excès si une hauteur trop importante de gencive est visible lors du sourire (on parle alors de sourire gingival) ; mais aussi dans le sens de l’insuffisance de découvrement dentaire, de l’asymétrie ou de l’obliquité du plan d’occlusion.
Plan de traitement
L’établissement du plan de traitement d’un patient présentant une dysmorphose maxillomandibulaire nécessite une évaluation systématique qui implique l’ensemble des acteurs engagés dans le protocole orthodontico-chirurgical. En pratique quotidienne, l’examen de routine comprend les éléments suivants.
Évaluation de l’esthétique faciale
Les points importants dans l’évaluation esthétique du patient sont :
• le contact bilabial au repos et la distance éventuelle qui sépare les deux lèvres sur un visage parfaitement détendu. En l’absence de contact bilabial au repos, la fermeture forcée de la bouche entraîne une contraction des muscles du menton conférant au visage un aspect crispé ;
• l’existence ou non d’un sourire gingival que l’on peut considérer comme dysharmonieux lorsqu’il est excessif ;
• la présence ou non d’une asymétrie des milieux interdentaires maxillaire, mandibulaire et la position du menton.
Bilan radiographique
Le bilan comprend une téléradiographie crâniofaciale de profil, une radiographie panoramique dentaire et un bilan long cône rétroalvéolaire.
La téléradiographie crâniofaciale de face est réservée à l’étude des asymétries.
Évaluation de l’occlusion
L’évaluation se fait dans les trois plans de l’espace, antéropostérieur, transversal et vertical. Elle constitue un élément fondamental dans la mise en place du plan de traitement. La recherche d’une position maxillomandibulaire stable et de référence est nécessaire au diagnostic de l’anomalie dento-maxillo-faciale. Dans les asymétries, il faut être attentif à détecter les occlusions de convenance ou de fonction, à l’origine de fausses latérognathies mandibulaires.
Évaluation des articulations temporomandibulaires et des troubles fonctionnels
L’étude du couple articulation temporomandibulaire (ATM)–occlusion est réalisée dans les mouvements antéropostérieurs, verticaux et latéraux d’ouverture, propulsion et diduction, préalablement à tout traitement. Les symptômes en lien avec l’ATM sont colligés. Schématiquement, un protocole orthodontico-chirurgical permet de stabiliser, voire d’améliorer les problèmes d’ATM (par l’équilibration des forces occlusales qu’il permet), mais rarement de les aggraver.
Classification des anomalies de position des dents dans le sourire
Les principales anomalies de position des dents dans le sourire sont décrites ci-dessous selon une approche clinique chirurgicale esthétique « extra-orale » du tiers inférieur de la face, terrain d’action majeur du chirurgien orthognathique. Il s’agit d’une approche arbitrairement verticale (visage de face) ; les anomalies sagittales (visage de profil) sont pratiquement toujours combinées et concordantes. Le tiers inférieur de la face étant lui-même sous-divisé en trois tiers, nous nous intéresserons à l’étage supérieur (tiers supérieur), puis à l’étage inférieur (deux tiers inférieurs) (fig. 14.1).