13 PiCCO®
Matériel (figure 13.1)
Cathéter veineux central non spécifique.
Cathéter artériel spécifique à thermodilution composé de polyuréthane, équipé d’une thermistance à son extrémité pour le recueil de la courbe de thermodilution et d’une lumière distale pour mesurer la pression artérielle (analyse du signal de pression artérielle par la technique du contour de l’onde de pouls).
Une seconde thermistance = détecteur de température de l’injectat, joint au kit de monitorage permettant de mesurer la température de l’injectat lors des mesures par thermodilution.
Dispositif d’insertion Seldinger (introducteur, guide métallique et dilatateur.).
Set de pression spécifique composé d’un capteur de pression avec dispositif de rinçage standard intégré (débit : 3 mL/h) et clapet d’arrêt intégré, chambre à gouttes avec aiguille de perfusion, tubulure, pince à roulette avec robinet à trois voies.
Un litre de sérum physiologique à hépariner ou non selon les pratiques locales.
Principe de fonctionnement
Il permet de calculer le débit cardiaque par deux méthodes de mesure distinctes :
une méthode intermittente : le DC (débit cardiaque par thermodilution transpulmonaire) ;
couplée à une méthode continue : le DCC (débit cardiaque continu par analyse du contour de l’onde de pouls).
De plus, il permet d’évaluer les volumes liquidiens cardiaques et pulmonaires.
Thermodilution transpulmonaire (figure 13.2)
Courbe de thermodilution
Pour déterminer le temps exponentiel de chute de la courbe, on transfère la courbe de thermodilution avec le changement de température (concentration de l’indicateur) sur la base d’une échelle logarithmique (ln) et la variation du temps sur une échelle linéaire (lin). Si on représente la courbe de thermodilution comme une courbe linéaire sur une échelle logarithmique, la chute de l’indicateur donne à peu près une fonction linéaire. On définit deux points : le point de départ se situe à 85 % de la température maximale et le point final à 45 % de la température maximale (voir figure 13.2). La différence de temps est déterminée et appelée temps de chute (downslope time – DSt) :
Calcul de différents indices hémodynamiques
déterminer le débit cardiaque (DC) ;
calculer les volumes traversés (volumes de diffusion intrathoracique de l’indicateur thermique).
Mesure du débit cardiaque
Le cycle respiratoire n’influe pas sur les mesures effectuées avec la technologie PiCCO®, puisque la courbe de thermodilution dure environ 20 secondes : pendant que le bolus transite du système veineux central vers l’accès artériel, le débit cardiaque (DC) de la thermodilution transpulmonaire est moyenné au cours de plusieurs cycles de respiration et n’est ainsi pas soumis à une trop importante dispersion (= mesure discontinue).
Volumes hydriques intrathoraciques (tableau 13.1 et figure 13.3)
Nom | Volumes hydriques intrathoraciques | |
---|---|---|
VTIP | Volume thermique intrapulmonaire : VTIP = DSt × DC = VSP + EPEV | « Le plus gros volume » intercalé entre les différents volumes en série, que sont les grosses veines et les quatre cavités cardiaques, regroupe le secteur hydrique intra- et extravasculaire pulmonaire, y compris le secteur intra-alvéolaire. |
VTIT | Volume thermique intrathoracique : VTIT = DC × MTt = VTDG + VSP + EPEV | Volume total (de distribution intra- + extravasculaire) parcouru par le bolus entre le point d’injection et le point de mesure = indice de précharge cardiaque |
VSIT* | Volume sanguin intrathoracique : VSIT = 1,25 × VTDG = VTVG + VSP | Volume intravasculaire uniquement (tous les volumes sanguins télédiastoliques cardiaques et pulmonaires) = indice de précharge cardiaque ou de volémie |
VTDG | Volume télédiastolique global : VTDG = VTIT − VTIP VTDVG = DC (TTM − TD) | Quantité de sang contenue dans les quatre cavités cardiaques et l’aorte descendante = indice volumétrique de précharge biventriculaire, bonne approximation de la précharge |
VSP | Volume sanguin pulmonaire | |
EPEV | Eau pulmonaire extravasculaire : EPEV = VTIT − VSIT EPEV = (DC × MTt) − VSIT | Volume thermique extravasculaire dans le poumon : quantifie le liquide stocké dans le tissu pulmonaire, à l’extérieur des capillaires pulmonaires (= teneur en eau du poumon) |
IPVP | Indice de perméabilité vasculaire pulmonaire : PVP = EPEV/VSP | Rapport EPEV sur volume sanguin pulmonaire |
IFC | Indice de fonction cardiaque : IFC = DC/VTDG | Rapport du débit cardiaque et du volume télédiastolique global = indicateur de la performance cardiaque (équivalent à une fraction d’éjection cardiaque globale) |
FEG | Fraction d’éjection globale : FEG = VES/(VTDG/4) | Rapport entre le volume d’éjection systolique (VES) et le quart du volume télédiastolique global (VTDG) = indice global de la fonction cardiaque Détection d’une dysfonction ventriculaire droite et/ou gauche, sans qu’il soit toutefois possible de déterminer lequel des deux ventricules est défaillant |
* Il a été établi au sein d’une population de patients de réanimation que le volume sanguin intrathoracique est supérieur au VTDG de 25 %.
Analyse du contour de l’onde de pouls
L’analyse du contour de l’onde de pouls est fondée sur la relation de proportionnalité entre le volume d’éjection systolique ventriculaire gauche et la surface (A) sous la partie systolique de la courbe de pression artérielle (figure 13.4) : l’aire sous la portion systolique (A) de la courbe de pression artérielle est proportionnelle au VES (au moins au niveau aortique) :
K = facteur de calibration obtenu par thermodilution transpulmonaire.
Le DC est inversement proportionnel à l’aire sous la courbe de thermodilution.
Le débit cardiaque continu est égal au volume d’éjection systolique multiplié par la fréquence cardiaque (lequel est indiqué à chaque pulsation du cœur).
Autres indices hémodynamiques
calculer un index de contractilité ventriculaire gauche ;
prédire la réponse hémodynamique au remplissage vasculaire à l’aide des variations de la pression artérielle pulsée (variabilité respiratoire de la PA).
Indice dynamique prédictif de la réponse au remplissage vasculaire
La mesure battement à battement du volume d’éjection permet également le calcul continu et automatique (estimation) du pourcentage de variation du volume d’éjection ou variabilité du volume d’éjection (VVE) sur une période flottante de 30 secondes = traduction de l’état de précharge dépendance (figure 13.6).
Mesure de l’eau pulmonaire extravasculaire (EPEV)
L’EPEV est égale à la différence entre le VTIT et le VSIT :