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Les 10 compétences infirmières en rhumatologie dans l’UE 2.7

Évaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans le domaine infirmier

Évaluation de l’état clinique et psychosocial du malade

L’évaluation de la situation clinique du patient repose sur un recueil de données très exhaustif. Il s’agit également d’identifier les ressources et potentiels du patient afin de maintenir au maximum son autonomie et d’adapter précisément sa prise en charge.

Après analyse complète de l’ensemble des données, l’infirmière construit son raisonnement clinique. Elle peut émettre différentes hypothèses interprétatives, avant d’établir un ou plusieurs diagnostics infirmiers, lesquels serviront de base logique pour mettre en œuvre les diverses actions de soins infirmiers, adaptées spécifiquement au patient, et hiérarchisées par ordre de priorité selon le caractère d’urgence du problème décelé.

Définition du diagnostic infirmier

Un diagnostic infirmier est l’énoncé d’un jugement clinique sur les réactions aux problèmes de santé présents ou potentiels, ou aux processus de vie d’une personne, d’une famille ou d’une collectivité. Les diagnostics infirmiers seront la base pour choisir les interventions de soins dont l’infirmière est responsable.

Exemples de diagnostics infirmiers prévalents en rhumatologie :

• douleur aiguë ;

• douleur chronique ;

• impotence fonctionnelle ;

• mobilité physique réduite ;

• fatigue ;

• déficit de soins personnels :

– se laver, effectuer ses soins d’hygiène,

– se vêtir et/ou soigner son apparence,

– utiliser les toilettes,

– s’alimenter ;

• constipation ;

• image corporelle perturbée ;

• perte d’espoir ;

• connaissances insuffisantes ;

• anxiété ;

• perturbation des relations sociales ;

• isolement social ;

• stratégies d’adaptation inefficaces ;

• stratégies d’adaptation inefficaces d’une collectivité ;

• prise en charge inefficace du programme thérapeutique.

Diagnostics prévalents en rhumatologie

• Maladies entraînant un handicap prolongé, chronique :

– rhumatismes inflammatoires chroniques ;

– maladies systémiques ;

– arthroses ;

– rachialgies chroniques, cervicales ou lombaires.

• Maladies entraînant un handicap temporaire :

– crises d’arthrite aiguë, isolées ou au cours d’un rhumatisme inflammatoire ;

– poussées douloureuses d’arthrose ;

– lumbago, torticolis ;

– crises de névralgie sciatique, crurale ou cervicobrachiale ;

– tendinites et pathologies périarticulaires ;

– infections ostéoarticulaires ;

– fractures ostéoporotiques.

• Cancers métastasés à l’os : cancers du sein, de la prostate, du poumon, etc.

• Myélome, lymphomes osseux, etc.

Concevoir et conduire un projet de soins infirmiers

Cette compétence a pour objectif l’élaboration du projet de soins. Le plan de soins permet d’organiser ce projet, de hiérarchiser les priorités puis de l’appliquer.

Une vraie dynamique pluriprofessionnelle s’inscrit dans le parcours de soins du patient, faisant intervenir à des temps différents : médecin rhumatologue (éventuellement chirurgien, médecin anesthésiste, l’équipe du bloc opératoire), infirmières, aides-soignantes, kinésithérapeute, assistante sociale si besoin, médecin référent pour la prise en charge de la douleur et psychologue, si le patient le souhaite.

Le projet de soins est le résultat d’un raisonnement clinique infirmier riche et spécifique à chaque patient : il permet de mettre en évidence les problèmes de santé et les risques éventuels encourus par le patient.

L’objectif de cette démarche pour l’infirmière est d’adapter les actions de soins d’ordre préventif ou correctif en transmettant les différents problèmes décelés aux professionnels concernés (médecin, kinésithérapeute, assistante sociale, etc.).

Le projet de soins ainsi mis en œuvre est ensuite évalué par l’infirmière avec l’ensemble des professionnels de santé, réajusté et réadapté au plus près des attentes du patient et/ou de son entourage.

Pour établir un projet de soins, l’infirmière doit suivre une méthode précise afin d’organiser son raisonnement clinique.

Méthodologie de la démarche de soins

Définition

Il s’agit de la suite ordonnée des opérations. Elle vise à dispenser des soins individuels continus et adaptés aux besoins d’une personne soignée.

Elle comporte plusieurs étapes :

• recueil des données ;

• observation clinique ;

• projet de soins ;

• évaluation des actions et corrections éventuelles.

Projet de soins

Il est relatif à la prise en charge globale du patient. Il s’applique à toute personne prise en charge en milieu hospitalier ou extrahospitalier et comporte deux volets.

Soins relatifs à l’application des prescriptions médicales

Ce sont les soins directs, c’est-à-dire les soins proprement dits, et les soins indirects (ex. : la prise de rendez-vous). Ils comprennent :

• l’application de la prescription médicale (ex. : prise de médicaments par la personne ou administration en IV ou IM par l’IDE) ;

• la surveillance de l’efficacité du traitement, selon la pathologie et son évolution ;

• la surveillance des effets indésirables des thérapeutiques ou des soins prescrits (également nommés, sur les notices pharmaceutiques « effets non souhaités ou gênants »).

Soins relevant du rôle propre infirmier

Ils sont regroupés sous la dénomination « plan de soins infirmiers » et sont listés à partir des diagnostics infirmiers posés.

Le projet de soins sera complété et suivi à l’aide des transmissions, ciblées ou non. Le rôle infirmier et les responsabilités qui en découlent sont abordés dans cet ouvrage.

Plan de soins infirmiers

Il comporte :

• le diagnostic infirmier : titre, étiologie, signes (ou facteurs de risque, s’il s’agit d’un diagnostic infirmier de « risque de ») ;

• les objectifs de soins : formulés en termes positifs de capacités pour le patient, ils suggèrent les critères permettant l’évaluation des soins dispensés ;

• les interventions infirmières (ou actions infirmières) ;

• le dispositif d’évaluation des soins prévus et/ou dispensés.

La planification permet à l’IDE d’organiser les soins au sein d’une équipe pluridisciplinaire. Elle résulte de la programmation des soins prévus ; elle regroupe de façon chronologique en termes de priorité :

• les soins sur prescription médicale ;

• les soins relevant du rôle propre de l’infirmière ;

• les soins relevant des autres intervenants de soins (aide-soignante, soins confiés en kinésithérapie, diététique, bloc opératoire, etc.).

La planification consiste à fixer des objectifs de soins et les délais pour les atteindre, à programmer les actes de soins infirmiers et à organiser leur mise en œuvre ainsi que leur évolution.

Situation intégrative

Patient atteint de crise de goutte

M. G., 65 ans, a été hospitalisé en urgence pour une arthrite aiguë du genou droit. Depuis 3 ans, il a fait plusieurs accès de goutte du gros orteil traités par la colchicine ; il a eu pendant quelques mois de l’allopurinol (Zyloric) comme traitement de fond, mais il l’a interrompu récemment de lui-même car il n’avait pas eu de crise depuis 3 mois. Son genou, qui est très augmenté de volume, va être ponctionné.

L’infirmière fait le point sur les problèmes actuels posés par ce patient :

– il s’agit d’un sujet ayant des antécédents d’accès de crise de goutte qui fait une nouvelle crise articulaire, de siège inhabituel pour lui ;

– les circonstances de la crise sont un voyage, l’interruption du traitement.

Diagnostic infirmier prioritaire

Manque de connaissances concernant l’observance de son traitement

Cause

Le patient ne savait pas que le traitement habituel devait être pris de façon continue.

Signe

N’ayant plus de crise depuis 3 mois, il a décidé de cesser de prendre son traitement de fond.

Conséquences

Crise de goutte ayant nécessité une hospitalisation d’urgence.

Objectif du projet de soins

M. G. aura intégré d’ici la fin de son hospitalisation les connaissances nécessaires pour éviter la récidive de crises de goutte.

Actions infirmières

– L’aider à préciser les autres circonstances possibles de la crise comme, par exemple, un écart de régime, avec prise d’une boisson alcoolisée dont il savait qu’elle avait déjà déclenché une crise auparavant.

– Lui rappeler les conseils qu’il n’a pas suivis :

– que certaines circonstances sont susceptibles de déclencher une crise : interventions chirurgicales, voyages, traumatismes, certains aliments spécifiques à un malade, d’où l’utilité, parfois, d’administrer préventivement de la colchicine ;

– qu’il ne doit pas interrompre ses médicaments sans avis médical, même en cas de crise de goutte intercurrente qui doit être traitée par la colchicine ;

– que le taux d’uricémie remonte en quelques jours après interruption de l’allopurinol.

– Lui rappeler les objectifs du traitement. Le traitement de la crise aiguë repose sur la colchicine. Celui de la maladie goutteuse est en général l’allupurinol ou Zyloric. Ils ont des objectifs différents : ils se complètent mais ne se remplacent pas.

– Évaluer ensuite que M. G. a bien compris les informations transmises, en le questionnant lors de soins, en l’aidant à reformuler aussi les connaissances qui lui sont transmises pour mieux les intégrer.

– Se montrer disponible pour répondre à ses questions et être à l’écoute de ses craintes.

Accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens

Cette compétence concernera les points suivants :

• assurer les besoins quotidiens du malade, en particulier du fait du handicap lié :

– aux circonstances de l’hospitalisation,

– à la pathologie elle-même (aiguë, comme dans une sciatique, une névralgie crurale, ou chronique, comme devant une polyarthrite),

– aux nécessités d’un geste thérapeutique (repos strict après une infiltration épidurale) ;

• prévoir ce qui, au cours du séjour, sera utile au malade pour restaurer et améliorer son état :

– accompagnement et conseils pour une éventuelle rééducation, y compris l’auto-rééducation,

– conseils pour limiter le risque de récidive (sciatique, par exemple) ;

• promouvoir la santé, comme par exemple :

– après une fracture rappeler l’utilité de prévoir un traitement de l’ostéoporose chez les sujets âgés ou sous corticothérapie prolongée ;

– rappeler les circonstances et médications responsables de chutes chez le sujet âgé.

Mettre en œuvre des actions à visée diagnostique et thérapeutique

La pratique de la rhumatologie conduit l’infirmière à mettre en œuvre des soins :

• à visée diagnostique (rôle d’assistante du médecin) :

– préparer le matériel pour une ponction articulaire évacuatrice,

– rassurer le patient sur l’innocuité du geste,

– organiser la réalisation d’examens complémentaires (radiographies, échographies, prélèvements sanguins) ;

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