13: Instrumentation IRM et modalités pratiques des explorations

Chapitre 13 Instrumentation IRM et modalités pratiques des explorations



L’IRM est une technique complexe, qui nécessite de la part de l’opérateur une bonne connaissance de l’appareillage et surtout des paramètres d’exploration permettant d’optimiser la qualité de l’image (voirChapitre 8). Elle suppose aussi le respect de quelques règles quant à l’accueil, l’installation et la surveillance du patient afin d’assurer sa sécurité et favoriser le rendement diagnostique pour un résultat optimal, sans oublier les règles de sécurité qui doivent s’appliquer au personnel.


Le déroulement d’une exploration IRM doit tenir compte de ces éléments matériels et humains et respecter une chronologie stricte pour éviter toute erreur préjudiciable au patient ou à la réussite de l’examen.



Instrumentation IRM



L’aimant principal


Il s’agit de l’élément de base de l’appareil. Il produit le champ image qui doit être intense et homogène.


L’intensité de image est un des éléments conditionnant la qualité d’image : le rapport signal sur bruit augmente en même temps que lui (voirChapitres 2 et 8). Sur les appareils commerciaux actuels, elle varie de 0,2 à 3 Tesla (et jusqu’à 11 T sur des appareils de recherche).


L’homogénéité de champ est assurée par des bobines additionnelles de correction, appelées bobines de shim.


Les hauts champs, tout en permettant l’obtention d’un signal élevé, présentent cependant certains inconvénients : diminution du contraste en image, majoration des artéfacts de mouvement, de déplacement chimique et de susceptibilité magnétique.


Néanmoins, ils sont plus performants dans les applications spectroscopiques.


Les aimants peuvent être classés en trois catégories selon leur type.






Les bobines de gradient


Les gradients de champs magnétiques réalisent une variation graduelle de champ magnétique dans l’espace, permettant le codage spatial de l’image (voirChapitre 6).


Il faut, au minimum, deux bobines pour produire un gradient de champ magnétique. Selon l’axe z (celui de image), les bobines sont placées en configuration dite de «Maxwell», qui est la plus simple : deux bobines sont placées face à face, le courant électrique circulant en sens inverse dans une bobine par rapport à l’autre ce qui permet de produire un gradient linéaire de champ magnétique (fig. 13-1).



En ce qui concerne les axes x et y, on utilise une configuration dite de «Golay», composée, pour chaque gradient, de quatre bobines en forme de selle de cheval. Dans ce cas, ce sont les quatre arcs se faisant directement face qui contribuent à la production du gradient (fig. 13-2).



D’une manière générale, il faut souligner que, dans tous les cas, les gradients produisent des modifications de champs magnétiques qui s’ajoutent ou se retranchent de image.


Ainsi, l’appareil comprend trois paires de bobines, une pour chaque orientation dans l’espace, l’ensemble constituant ce qu’on appelle un «canon de gradients» (fig. 13-3).Ces bobines sont alimentées à une cadence plus ou moins rapide selon le type de séquence produisant, ainsi, le bruit caractéristique de fonctionnement de l’appareil. En effet, lorsqu’on injecte du courant électrique dans une bobine, les forces de Laplace générées se manifestent sous forme mécanique en faisant «vibrer» la bobine : cette vibration est à l’origine de la nuisance sonore de l’IRM. Ce bruit est proportionnel à l’intensité du courant injecté et au champ magnétique statique (voir plus loin «La sécurité en IRM»).



Les performances des gradients sont d’une grande importance dans la détermination de certains paramètres des séquences (épaisseur de coupe, champ de vue, matrice, temps d’acquisition, TE minimum). Les caractéristiques déterminant les performances d’un gradient sont, essentiellement, l’amplitude maximale (en milliTesla par mètre – mT/m), le temps de montée (en microsecondes – µs) et la vitesse de montée (en Tesla/mètre/seconde – T/m/s) (voirAnnexe 12). Certaines séquences comme l’écho-planar, par exemple, sollicitent énormément les gradients.



Les antennes


Elles permettent l’émission des impulsions RF et la réception du signal. Le signal RMN étant extrêmement faible, l’antenne de réception doit être d’excellente qualité, afin d’obtenir le rapport signal sur bruit le plus élevé.


On distingue globalement deux types d’antennes.




Les antennes de surface


Elles sont uniquement réceptrices (l’antenne corps étant émettrice). Elles sont appliquées le plus près possible des régions explorées.


Trois considérations découlent de leur utilisation :





Ainsi, les antennes de surface favorisent un rapport signal sur bruit élevé, ce qui permet d’utiliser des champs d’exploration plus petits et de diminuer l’épaisseur de coupe, d’où une augmentation de la résolution spatiale (voxels plus petits).


Le gain en rapport signal sur bruit augmente lorsque le diamètre de l’antenne diminue (permettant une meilleure résolution spatiale) mais au détriment du volume exploré (voirfig. 13-4).


Les antennes de surface peuvent présenter des formes variées pour s’adapter aux différentes régions de l’organisme : boucles plates circulaires, rectangulaires, incurvées, antennes souples, antennes endocavitaires, etc.


Pratiquement toutes les antennes sont, aujourd’hui, à polarisation circulaire (on dit aussi antennes en quadrature). En effet, elles sont constituées d’un bobinage capable de détecter deux composantes orthogonales (en quadrature) d’un signal de radiofréquence, ce qui apporte un gain en rapport signal sur bruit de 40 % à la réception (fig. 13-5).



Aujourd’hui, la plupart des antennes de surface comprennent plusieurs éléments : ce sont les antennes en «réseau phasé» ou «phased array coils». Il s’agit de combiner le bon rapport signal sur bruit produit par une antenne de petit diamètre (qui ne permet d’imager qu’un faible volume) avec l’exploration d’un grand champ de vue. Pour ce faire, il faut placer, dans un même support, plusieurs antennes de petit diamètre : chaque antenne possède sa propre chaîne de réception du signal et peut recevoir le signal de la «zonethinsp;» qu’elle couvrethinsp;; on obtient ainsi une image (et également un plan de Fourier) par antenne (petit champ de vue), toutes ces images étant ensuite combinées en une seule image en «réseau» (grand champ de vue) (fig. 13-6).



Cette technique est actuellement utilisée pour la majorité des antennes disponibles. D’une manière générale, le nombre d’éléments de réception, par antenne, est en constante augmentation. En outre, on associe couramment plusieurs antennes en réseau phasé afin de «couvrir» un grand volume d’exploration. De plus, l’utilisation de ces antennes constitue un prérequis pour les techniques d’acquisitions parallèles (voirChapitre 9). Une «panoplie» représentative des antennes couramment utilisées est illustrée dans la figure 13-7.



Cependant, la multiplication des éléments d’antenne impose des contraintes matérielles importantes, en particulier en ce qui concerne le nombre de canaux de réception disponibles sur l’appareil. En effet, au niveau de la chaîne de réception, le signal provenant de chaque élément d’antenne est dirigé, après amplification, vers un convertisseur analogique-numérique (CAN) (ou ADC – analog-digital converter) : c’est ce qu’on appelle un canal de réception. Une technologie récente intègre ces CAN directement au niveau des antennes, supprimant ainsi la contrainte liée au nombre de canaux de réception.




Contraintes sur l’environnement et sur l’opérateur


La présence d’un champ magnétique intense impose certaines règles (voir plus loin «La sécurité en IRM») :




En ce qui concerne l’«espace radiofréquences», la protection contre les ondes radio parasites extérieures est assurée par une cage de Faraday, constituée d’un assemblage de plaques de cuivre ou de plaques d’inox amagnétique (la continuité de cette protection est assurée partout, même au niveau de la porte et de la baie vitrée de contrôle).



Accueil du patient


Comme d’autres explorations d’imagerie, l’examen d’IRM est souvent «impressionnant» pour le patient, d’autant plus que ce dernier sera positionné dans un tunnel d’une longueur non négligeable (même si les tunnels actuels sont de plus en plus courts). Pour que l’exploration se déroule dans de bonnes conditions, quelques précautions s’imposent.


Tout d’abord informer, rassurer : des explications (même très brèves) concernant le déroulement de l’examen et le fonctionnement de l’appareil faciliteront la coopération ultérieure du patient durant les séquences et donc son immobilité. Cet aspect psychologique de la prise en charge du patient n’est jamais à négliger, surtout chez ceux qui sont anxieux ou chez les patients se disant claustrophobes (peu de patients sont véritablement claustrophobes).


Une affiche installée en salle d’attente (ou éventuellement une vidéo fonctionnant en boucle) permet de lui fournir les explications concernant le déroulement de l’examen d’IRM.


Les personnes qui le désirent peuvent se faire accompagner durant l’examen (en particulier les enfants), à condition de respecter pour elles les mêmes précautions d’usage.


Faire retirer au patient tous les objets préjudiciables à la qualité de l’exploration ou pouvant être attirés par l’aimant (effet missile des objets ferromagnétiques : clés, pièces de monnaie, pinces à cheveux, fermetures Éclair, agrafes de soutien-gorge. Faire retirer les objets risquant d’être endommagés (montres, cartes de crédit, etc.).


Le déshabillage complet du patient n’est pas une nécessité absolue si tous les objets précités ont été retirés (même si, dans la pratique, il est plus prudent de le faire déshabiller et de lui faire revêtir une chemise d’hôpital à lacets).


Les personnes hospitalisées nécessitent quelques précautions supplémentaires : éliminer les chemises d’hôpital avec des boutons-pression, les électrodes ECG non spécifiques à l’IRM, les seringues électriques, etc.


Enfin, il faut veiller au respect des contre-indications, élément essentiel pour la sécurité des patients. Elles sont liées essentiellement à la présence du champ magnétique statique image, aux effets de l’onde RF et aux effets des gradients (voir plus loin «La sécurité en IRM»).





Contre-indications relatives




La décision est donc à prendre au cas par cas. Une source de référence est le site internet du Dr Schellock (www.mrisafety.com) qui fournit des informations de sécurité ainsi qu’une liste d’implants testés dans des champs magnétiques de différentes intensités. Même si le matériel est compatible, il faut être attentif à tout effet indésirable qui serait ressenti par le patient durant l’exploration IRM.


Dans le cas des implants, quelle attitude doit-on adopter en cas d’exploration IRM postopératoire ? Après mise en place d’implants «passifs», non ferromagnétiques, l’IRM peut être effectuée immédiatement; pour des implants légèrement ferromagnétiques, il convient d’attendre 6 à 8 semaines avant d’effectuer un examen IRM.


Concernant les coils, stents et filtres : aucune règle générale ne peut être fixée. Il faut vérifier pour chaque référence au cas par cas. Certaines références nécessitent le respect de conditions techniques particulières (en particulier au niveau des gradients). Comme précisé précédemment, les références légèrement ferromagnétiques nécessitent d’attendre 6 à 8 semaines avant d’effectuer un examen IRM.


Précisons que les valves cardiaques et les anneaux d’annuloplastie ne sont pas contre-indiqués, y compris à 3T. Il en est de même pour les systèmes de contraception intra-utérins.


Pour tous les autres types d’implants ou dispositifs implantés, on peut se référer au site www.mrisafety.com.





Jun 17, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 13: Instrumentation IRM et modalités pratiques des explorations

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