L’ insuffisance rénale aiguë est caractérisée par la diminution rapide du DFG suivie d’une rétention des déchets azotés. Une oligurie (débit urinaire < 400 mL/j) est fréquente mais pas obligatoire. Si la diurèse est inférieure à 100 mL/j, on parle d’anurie. L’IRA peut survenir sur une fonction rénale préalablement normale, ou déjà altérée : on parle alors d’IRA sur IRC (insuffisance rénale chronique). À côté de ces lésions tubulaires, tous les autres composants du rein peuvent être atteints (tableau 12.1) : l’IRA peut aussi être d’origine glomérulaire (glomérulonéphrite rapidement progressive), vasculaire (thrombose de l’artère rénale, vascularites) ou interstitielle (néphropathie interstitielle). Tableau 12.1 Principales causes d’IRA organique. C’est l’obstruction aiguë des voies urinaires. L’obstruction basse entre vessie et méat urétral définit la rétention aiguë d’urine qui est à isoler des véritables IRA obstructives. En effet, dans ces cas, le traitement par sondage urinaire permet de résoudre le problème. Trois phases successives caractérisent le tableau classique d’IRA par nécrose tubulaire aiguë. L’échographie rénale distingue : • une insuffisance rénale chronique évoluée (petits reins irréguliers) ; • une IRA par obstacle (dilatation des cavités excrétrices). Si les éléments cliniques évoquent une GN rapidement progressive, c’est la ponction biopsie rénale qui en fera le diagnostic. La réduction du nombre de néphrons peut être plus ou moins intense et rapide selon la nature de la néphropathie initiale. Ses conséquences cliniques apparaissent tardivement (DFG < 30 mL/min) : jusqu’à un stade très avancé, le rein reste capable d’assurer ses fonctions d’excrétion et de maintenir l’équilibre du milieu intérieur grâce à la compensation assurée par les néphrons sains dont le fonctionnement va être modifié : augmentation du DFG individuel (hyperfiltration), adaptation des fonctions tubulaires. Cependant, dès lors que la réduction est importante, il y a progression inéluctable de l’IRC jusqu’à un stade où un traitement de suppléance (dialyse et transplantation) devra être envisagé (moins de 5 % des néphrons restants). La vitesse de progression peut être réduite par l’instauration d’un traitement conservateur adapté (figure 12.1). La maladie rénale chronique (MRC) est un concept qui traduit le caractère progressif et continu de l’évolution des maladies rénales, entre le stade initial (MRC sans diminution du DFG) et le stade d’insuffisance rénale plus ou moins sévère (tableau 12.2). Tableau 12.2 Classification et stades d’évolution de la maladie rénale chronique. 1Avec marqueurs d’atteinte rénale : albuminurie, hématurie, leucocyturie, ou anomalies morphologiques ou histologiques, ou marqueurs de dysfonction tubulaire, persistant plus de 3 mois (et à 2 ou 3 examens consécutifs). L’IRC reste longtemps asymptomatique. À partir d’un DFG < 60 mL/min, les différents éléments du syndrome urémique apparaissent progressivement. Il comporte (figure 12.2) : • une accumulation de déchets azotés : urée, créatinine, acide urique ; • une rétention de sel et une HTA ; • une rétention de potassium ; • une rétention de phosphore ; • un déficit de synthèse de la vitamine D active [1,25-(OH)D3] ; • un déficit de synthèse de l’érythropoïétine responsable de l’anémie ; • une tendance à la dénutrition, favorisée par des troubles digestifs : anorexie, nausées, vomissements ; • un risque accru d’infection chronique par les virus des hépatites B et C ; • des anomalies neurologiques périphériques (polynévrite : crampes nocturnes, paresthésies, jambes sans repos) et centrales (somnolence, troubles de l’attention, de la mémoire, du sommeil). Le traitement conservateur a pour buts : • de ralentir la progression de la MRC vers la dialyse ; • de prévenir et de traiter les complications métaboliques et d’éviter ainsi (ou au moins de limiter) leurs conséquences cliniques ; • de prévenir les complications cardiovasculaires auxquelles ces patients sont particulièrement exposés ; • de maintenir un bon état nutritionnel afin de permettre au patient d’aborder la dialyse et la greffe dans les meilleures conditions possibles ; • Le contrôle de l’HTA est impératif et doit viser à la normalisation tensionnelle (PAS < 140 mmHg, PAD < 90 mmHg, voire 130/80 mmHg lorsque la protéinurie est élevée à plus de 1 g/24 h). En effet la protéinurie aggrave considérablement les conséquences de l’HTA, et est considérée comme une cible thérapeutique à part entière. La cible est d’abaisser la protéinurie à moins de 0,5 g/24 h. • L’acidose métabolique est longtemps bien tolérée. Du bicarbonate de sodium (2 à 4 g en gélules ou eau bicarbonatée) sera donné si la réserve alcaline est < 22 mmol/L, avec surveillance de la pression artérielle du fait de l’apport de sodium. • Les troubles phosphocalciques doivent être corrigés très précocement en portant une attention particulière au contrôle des apports alimentaires en phosphore, dès les premiers stades de la MRC et au plus tard à partir du stade 3 (DFG < 60 mL/min). • Il faut veiller à éviter toute aggravation liée à des médicaments : produits de contraste iodé sans préparation adéquate, néphrotoxiques connus tels que les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens), certains antibiotiques.
Pathologie dégénérative en uronéphrologie
Insuffisance rénale aiguë
Causes et mécanismes
IRA organique (≈ 40 % des cas)
Obstruction des artères rénales
Thrombose
Traumatisme
Emboles de cholestérol
Atteintes rénovasculaires et glomérulaires
Glomérulonéphrite
Vascularite
Microangiopathie thrombotique
Toxémie gravidique
Hypertension maligne
Sclérodermie (crise aiguë)
Lupus érythémateux disséminé
Atteintes tubulaires
Ischémique
Hypovolémie, diurétiques
Anti-inflammatoires non stéroïdiens
Inhibiteurs de l’enzyme de conversion
Toxiques
Produits de contraste
Antibiotiques
Ciclosporine
Chimiothérapie
Solvants organiques (éthylène glycol)
Rhabdomyolyse, hémolyse
Myélome
Néphrites interstitielles
Allergique
Antibiotiques
Anti-inflammatoires non stéroïdiens
Infection bactérienne
Infiltration : lymphome, leucémie, sarcoïdose
IRA obstructive ou post-rénale (≈ 5 % des cas)
Aspects cliniques
Diagnostic
Insuffisance rénale chronique
Aspects cliniques de la maladie rénale chronique
Stade
DFG (mL/min/1,73 m2)
Définition
1
≥ 90
Maladie rénale chronique1 avec DFG normal ou augmenté
2
60–89
Maladie rénale chronique1 avec DFG légèrement diminué
3A
45–59
Insuffisance rénale chronique modérée
3B
30–44
4
15–29
Insuffisance rénale chronique sévère
5
< 15
Insuffisance rénale chronique terminale
Syndrome urémique
Traitement de la maladie chronique rénale
Éléments essentiels de suivi d’un patient insuffisant rénal pour l’IDE en néphrologie (figure 12.3)
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